Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Pascale Petitout
1 critique
Suivre son activité
5,0
Publiée le 17 février 2024
Un chef d'oeuvre qui va marquer le cinéma tant sur sa forme que sur son fond. un parti pris qui ne laisse pas indifférent par la puissance et son son absence d'émotion.
En apparence simple, cette réalisation de Jonathan Glazer décrit avec subtilité comment l’horreur côtoie la banalité. Partant de cette maison bourgeoise dans laquelle vit la famille du commandant, il nous est donné de voir l’entrée du camp et quelques prisonniers travaillant aux abords sans jamais rentrer dans le camp de concentration. Sans le voir mais par contre en l’entendant en nous faisant imaginer les injustices et l’irréparable. Là est tout le génie du cinéaste Ce contraste entre la vie familiale si paisible et l’horreur que l’on devine est à la limite du supportable. Le réalisateur Jonathan Glazer qui choisiT de nous parler de cette période traite de son sujet à l’opposé du film « Le Fils de Saul » de László Nemes sorti en 2017 qui décrivait l’horrible depuis l’intérieur. Opposé mais aussi réussi et complémentaire. Ces deux films sont pour moi un rappel de ce que peuvent imaginer des hommes et sont une piqure de rappel pour que tous, à notre niveau, nous soyons vigilent pour que cela ne se reproduise pas.
Rudolph et Hedwig Höss et leur 5 enfants tentent de vivre un bonheur paisible dans leur grande maison de campagne. Or cette demeure jouxte le camp d'Auschwitz dont Höss assure l'administration quotidienne...
L'allégorie du cynisme.
Premier choc en me rendant dans la salle obscure; le prix du ticket: 12,5€ !! Damned , j'avais oublié la cherté d'une place de cinoche dans une grande métropole. Ajoutez à cela 4€ pour un ridicule pot de pop corn sucré à l'aspect déjà prémâché... Dure à passer cette pilule... Finalement cette pilule va se transformer en une grosse boule au ventre qui va se caler bien au fond de mes entrailles plusieurs heures durant tellement ce film remue les entrailles. Le coup de génie de Glazer est de parvenir à susciter un énorme malaise sans jamais montrer d'image de l'horreur qui se déroule derrière les murs de la demeure de la famille Höss mais simplement suggérer l'insoutenable sur quelques séquences en arrière plan et par des sons qui glacent le sang. Mais ce qui est recherché ce n'est pas de monter l'horreur des camps mais surtout dénoncer la froide mécanique de la mise en oeuvre de cette solution finale avec des protagonistes totalement dénués d'humanité qui appliquent avec un zèle plus que soutenu les objectifs qui leur sont fixés tels de parfaits managers de notre époque capitaliste. L'autre prouesse de Glaser est d'avoir réussi à faire passer cette totale absence d'émotions à tous ses acteurs tout au long du film. Il en résulte une œuvre magistrale, nécessaire voire essentielle pour réveiller nos consciences...
Vraiment réussi dans son ambiance, ses musiques, sa réalisation, les acteurs sont impeccables. Mais le propos du film, très important et fort de base car on parle du chef du camp d’Auschwitz pendant la guerre, est pas super bien exprimé dans le film je trouve, ça tourne en rond et on comprend pas tout. On ressent cette pression mais ça s’arrête là, assez dommage de ce côté là, on prend pas une claque devant à mon sens.
Glaçant , troublant … cette « co habitation » entre une vie de famille bucolique et charmante et le pire drame de l’humanité des camps de concentration de l’autre côté de la clôture … déstabilisant et entêtant
Difficile de dire qu'on a "adoré" ce film glaçant et malaisant qui suit le quotidien d'une famille de nazis installée juste à côté d'un camp d'extermination. Il réussit pourtant à marquer durablement avec un minimum d'effets. En effet, l'horreur qui se passe derrière les murs n'est pas montrée mais suggérée : les cris et coups de feu qu'on entend au loin (la bande son est remarquable), la cheminée qu'on voit fumer en arrière-plan, les effets personnels des détenus qui se retrouvent dans la maison ...
L'utilisation du hors champ n'a ici rien d'un artifice mais sert admirablement le propos : il épouse le point de vue de cette famille, et particulièrement de la mère, qui arrive à faire une totale abstraction des atrocités qui se jouent â quelques dizaines de mètres alors qu'elle se prélasse dans le jardin ou discute bout de gras avec ses invités. Elle n'associe pas les cris à des vies humaines ; ce ne sont rien de plus qu'un vague bruit de fond. Et la zone derrière le mur n'est rien de plus que le lieu de travail du père, qui se donne beaucoup de mal pour sa famille et sa patrie. C'est cet aveuglement, cette absence totale d'empathie au sein d'une famille tout ce qu' il y a de plus banal qui fait froid dans le dos. Et le malaise est encore plus grand quand on sait que le film a été tourné dans la vraie maison des Hoss. Empêché de pouvoir s'apitoyer sur le sort des juifs qu'il ne voit pas, le spectateur est forcé de s'identifier à cette famille et à s'interroger sur sa propre empathie face aux horreurs du monde.
On pourra reprocher à Jonathan Glazer de se reposer un peu trop sur son concept, au risque de finir par tourner à vide une fois le choc passé. On pourra lui reprocher d'agrémenter son œuvre de scènes à l'intérêt douteux, comme ces séquences en négatif. Mais La zone d'intérêt reste au final un film puissant et inoubliable, qui devrait rapidement s'imposer comme une référence.
Je pensais avoir tout vu sur la shoah et les camps d'extermination c'était sans compter ce film qui nous fait toucher et sentir l'horreur sans jamais nous la montrer.Mention spéciale à l'actrice allemande Sandra Huller glaçante de vérité
Vendu par les critiques comme le film de l’année, La Zone d’intérêt s’ouvre sur un long écran noir qui vous fera repenser tous vos choix de vie, en particulier celui de vous rendre dans un cinéma au lieu de rester confortablement chez vous pour 6 à 30 euros de moins (selon votre enclavement générationnel et géographique). S’ensuit une scène de pique-nique bucolique dont la balance des blancs scandaleuse vous heurtera d’autant plus qu’elle survient après ce sombre moment méditatif. Tout au long du film, un gong vous rappellera à vos regrets (toutes les cinq séquences environ), manquant de très loin son rôle anxiogène. La talentueuse Sandra Hüller et son mari du moment, Christian Friedel, offrent des touches de cynisme justes et fortes, qui sont noyées immédiatement dans la mollesse du rythme. L’idée de ne rien montrer des horreurs du camp, à l’image de l’aveuglement de la « famille formidable » (tout droit sortie de la Tour de contrôle infernale) aurait témoigné du génie du réalisateur si le travail du son avait su l’équilibrer : des cris ! Pourquoi pas des cris plutôt que ce gong intempestif ? Le camp lui-même ne se démarque que par la mauvaise qualité de son intégration à l’arrière-plan (qui rappelle les effets spéciaux des années 2000). Les extraits des nuits agitées de spoiler: leur fille , en quasi dessin animé, représentent la seule zone d’intérêt cinématographique du film à mon goût (mais elle semble ne revêtir aucune dimension historique et restera sous-exploitée jusqu’au bout, évidemment).
Quelle maîtrise dans le cadrage, le sound design, la lumière. Ce film est incroyablement bien foutu. Bourré de moments forts et sous-entendus qui nous font comprendre ce qu'il se passe. La froideur d'un homme qui passe pour un "simple" administrateur qui veut rendre son "entreprise" plus efficace et plus rentable. Des chifrres, des bilans, des entrevues de type conseil d'administration, c'est glaçant. Les passages de la pluie, du héron, du fertilisant pour les fleurs, de la fête à la piscine, des fenêtres qu'ils ferment pour éviter les odeurs, des lumères noctures accommpagnées de bruits sourds et profonds... C'est tout simplement hallucinant. Un chef d'oeuvre à voir absolument qui offre un regard jamais vu sur les camps de concentration que le cinéma a déjà pourtant fait et refait.
Ce film est une claque. Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig Vivent tranquillement dans une maison cossue avec jardin collée au camp de concentration. Au milieu des cris d’horreur et de l’épaisse fumée qui s'échappe jour et nuit des fours crematoire. Le contraste est glaçant. Monsieur est obsédé par sa carrière, madame par son confort. Seuls les enfants expriment une forme de malaise par de l’insomnie. les parents n’ont aucune empathie. Ils récupèrent sans vergogne tout ce qui peut avoir de la valeur des prisonniers assasinés, argent, bijoux, fourrure, parfum, dents en or avec lesquelles jouent les enfants. Ils exploitent sans vergogne également les employés(e)s polonais réquisitionnées a leur service, y compris sexuellement. Ne pas manquer la musique du générique final symbole de l’horreur qui se déroule dans l’indifférence
Ce n'est pas parce que l'idée est intéressante que l'oeuvre est bonne. Le film n'offre rien de plus que son scénario de base : la vie d'une famille dont la maison jouxte le camp d'Auschwitz. On vous parlera d'un film au effets sonores extraordinaires, mais ce sont seulement quelques bruits de coup de feu en fond. Le reste de la bande-son n'est pas plus intéressant, car la musique ne crée pas d'émotion. Par ailleurs, les personnages n'ont aucune profondeur, ils sont tout ce qu'on attend d'eux : la femme nazie est aimante avec ses enfants, colérique avec ses domestiques. Le père est travailleur assidu, mais gentillet. La scène finale de ses remords n'est que le coup de grâce d'un film mal construit, où l'on se demande vraiment vers où on veut nous emmener.
Ce film est un essai cinématographique : beaucoup de plans fixes (y compris un écran noir au début pendant trois longues minutes) pour mieux « tester » notre émotion avec différentes musiques : chants d’oiseaux, cris, bruits d’usine, chansons allemandes, etc. Le propos est d’évoquer (sans montrer) la monstruosité du système organisé de la solution finale, avec des nazis-ingénieurs épris de « progrès technique » pour améliorer le « rendement » des fours crématoires. Le rôle des polonais, soumis aux tâches de domestiques dans la grande villa du commandant-ingénieur du camp d’Auschwitz, est lui aussi évoqué. 1h45 de très belles images, dans une reconstitution très soignée de la vie faste des cadres nazis, mais peu de scénario et les deux héros (le commandant et sa femme) sont trop caricaturés pour qu’on puisse comprendre leur itinéraire dans cette horreur organisée.
Un très bon film, qui explore sans discours moralisants mais avec une grande efficacité les monstres engendrés par le nazisme : froide efficacité "industrielle" des concepteus de la solution finale, grands intérêts des grands industriels pour une main-d'ouvre servile, petits intérêts égoïstes privés, ambition carriériste. De temps à autre l'horreur fait irruption dans le paradis que se sont construit les "seigneurs", tels les cendres et ossements venus des fours et charriés par la rivière où on s'ébat : alors on prend soin de vite s'en protéger. Il faut ne pas voir et se "laver les yeux". Mais le paradis protégé par les murs qui entourent le camp révèle aussi des failles... Derrière la famille aryenne modèle, "telle que l'a voulue le Führer", se jouent des affrontements, des égoîsmes et des cruautés. La nature est indifférente au malheur humain : pendant qu'on extermine, les abeilles butinent, les fleurs déploient leur somptueux pétales. Il est étonnant que des humains en semblent tout aussi capables, au moins un temps. C'est ce mystère que le film explore.