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    La Zone d'intérêt
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    Thibaud G
    Thibaud G

    43 abonnés 174 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 février 2024
    On ressort groggy après avoir vu ce film remarquable ! Pourtant, il n'y a aucune scène de violence, tout relève de l'évocation de l'extermination des Juifs et réside dans le hors-champ. Nous sommes tout près des chambres à gaz, des cheminées qui rejettent des flammes qui font rougeoyer les ténèbres, des volutes de fumées s'échappant des trains à vapeur qui transportent les détenus. Oh quelques tirs se font bien entendre çà et là parfois des cris mais la vie se déroule normalement tout autour : la demeure du commandant d'Auschwitz est confortable telle un cocon, le jardin magnifique prospère grâce aux cendres des suppliciés, la nature offre ses richesses, le temps s'écoule nonchalamment, des enfants jouent, leurs rires fusent. Tout n'est que luxe, calme et volupté. Pourtant, l'horreur est à deux pas ! Seule la mère de la maîtresse de maison ne supporte pas la proximité avec cet enfer si proche et s'enfuit. Un enfant s'amuse avec des dents en or, la mère de famille s'admire dans un miroir vêtue d'un long manteau de vison, sur une table on se partage des sous-vêtements féminins en satin. Dérisoires scories de la solution finale récupérés par des êtres abjects, cyniques et avides. La mise en scène est somptueuse et le bruit continu du ronronnement des chaudières des chambres à gaz tout comme la bande-son étrange, dérangeante, oppressante hantera longtemps ma mémoire. Quel chef-d'œuvre ! Il faut le voir à tout prix en ces temps où l'antisémitisme sévit comme lors de cette période sombre de l'histoire de l'humanité...
    LLDS76
    LLDS76

    23 abonnés 21 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 8 septembre 2023
    Vu à Deauville, le film est immense. Un travail extraordinaire réalisé par Glazer et son équipe !
    L'expérience s'approche d'une hypnose sensorielle glaçante et fascinante. L'axe de réflexion autour de l'horreur des camps tout toujours juste. C'est du jamais vu au cinéma et pourtant c'est si commun. Un directeur de camp de concentration qui cherche à être le PDG parfait auprès d'Hitler, la vie de famille à côté de la mort. Impressionnant. Pas les mots pour dire à quel point cette œuvre touche au sublime.
    PLR
    PLR

    473 abonnés 1 574 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 février 2024
    Puisque nous connaissons tous l’Histoire de la Shoah et de ce camp d’Auschwitz qui parmi d’autres lui est inséparable, en tant que spectateurs nous avons nos repères. Derrière le mur de ce jardin d’une maison aménagée en villa, avec sa pelouse, sa piscine, ses fleurs d’ornement, son potager, son espace de jeux pour enfants, nous savons ce qu’il y a. Car, à dessein nous ne verrons rien de l’intérieur de ce camp mitoyen au lieu d’habitation, cadre d’une vie de famille, sauf dans la dernière scène contemporaine quand le camp est devenu un Musée pour entretenir l’indispensable Devoir de Mémoire. Les bruits, les cris, l’épaisse fumée qui s’échappe de la cheminée, tout cela nous parle bien évidemment. Le propos et le fil conducteur sont de présenter en parallèle à l'horreur simplement évoquée le lieu où la vie s’écoule de manière apaisée malgré la guerre (en apparence loin de la guerre). On y fait la cuisine, on y joue avec les enfants, on y reçoit des invités, on y travaille à l’occasion dans le bureau. Le vrai lieu de « travail » du chef de famille maitre des lieux c’est en face, de l’autre côté du mur du jardin. On le quitte le matin, le cartable de parfait fonctionnaire bureaucrate à la main, lorsqu’il franchit le portail du jardin pour pénétrer dans un autre univers par un portail aussi. Ce constant parallèle entre deux mondes qui se côtoient est troublant. Parce que nous savons tous.
    Sylvain P
    Sylvain P

    343 abonnés 1 361 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 1 février 2024
    Glacial. Mais où veut donc nous amener Jonathan Glazer? On suit le quotidien de la petite famille de l'un des plus grands tortionnaires de l'Histoire. Pavillon "de banlieue" modèle, bien entretenu, gestion du personnel à l'ancienne, virée à la rivière... Tout pourrait paraître normal. Mais un deuxième film a lieu hors champ : on ne fait que l'entendre. Auschwitz est bien là, et il faut la banalité ordinaire des monstres pour ne jamais en parler. L'exercice de style est réussi (chaque composition graphique est impeccable), mais finalement, il manque, probablement à dessein, ce qui pourrait rendre cette démonstration moins clinique.
    Henning P
    Henning P

    65 abonnés 250 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 février 2024
    Responsable du camp d'Auschwitz, Rudolf Höss, habite avec son épouse Hedwig et ses enfants, une maison mitoyenne du camp.
    L'action se passe essentiellement dans cette maison et son jardin paradisiaque. Une existence banale et somme toute normale, à côté de l'enfer vécu par les milliers de juifs.
    Le film est véritablement glaçant. Dès le début on peur s'y attendre. spoiler: L'écran noir pendant plus de deux minutes avec une musique sinistre, puis les chants d'oiseaux et cette famille "normale" qui apparaît au bord d'une rivière.

    Le son incessant du camp à proximité, la banalité de cette vie bourgeoise, nous amènent à réfléchir sur l'horreur qui a lieu à quelques mètres de ce jardin d'Eden.
    La performance incroyable de Sandra Hüller, qui joue une épouse cynique et intransigeante avec ses employées, ajoute à l'indicible. Son mari qui semble gérer le camp comme une entreprise banale, ne semble pas avoir de sentiment. La fin du film spoiler: oû il a des envies de vomir,
    pourrait nous indiquer qu'il a des remords mais rien ne transparaît. L'idéologie nazie est nauséabonde et il y aurait beaucoup à dire sur différentes scènes du film mais chaque spectateur devrait faire sa propre analyse en fonction de ses connaissances. L'horreur a eu lieu et le pire c'est qu'elle a été faite par des gens normaux, aveuglés par une propagande qui les a privés d'empathie et d'humanité. Heureusement que le film ne dure pas plus longtemps. On en ressort avec l'estomac retourné. Un film à voir absolument bien entendu. Tout comme le fils de Saul, que j'avais préféré toutefois, tant il m'avait bouleversé. 17/20
    Christoblog
    Christoblog

    838 abonnés 1 687 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 6 février 2024
    La zone d'intérêt (c'est le nom que les nazis donnaient à la région d'Auschwitz) est d'abord un roman de Martin Amis, qui est aussi salace que le film de Glazer est froid.

    Dans les deux cas, et bien que les personnages et les péripéties soient totalement différentes, il s'agit d'exposer la vie quotidienne de quidams nazis à proximité immédiate du camp d'extermination : dans le roman, ce sont surtout des coucheries de subalternes, dans le film il s'agit de la vie familiale et bourgeoise du chef du camp.

    La zone d'intérêt ne manque pas ... d'intérêt. On est pétrifié, il faut l'avouer, par l'effroyable bande-son qui plaque un voile d'horreur auditive sur les images édéniques qui nous sont montrées. On est au début intrigué par le dispositif imaginé, les inserts curieux (la caméra infrarouge par exemple), les détails macabres parsemés ici et là (les os dans la rivière, les vêtements) et globalement l'ensemble des partis-pris de mise en scène (des plans très larges, un peu comme si le film était un assemblage de caméras de surveillance placées dans et autour de la maison).

    L'effet de sidération m'a toutefois lassé : il ne se passe finalement pas grand-chose durant cette 1h45. A la façon d'une oeuvre d'art contemporain dans un musée, vous ne perdrez pratiquement rien si vous ne voyez que la première heure, ou la dernière. Quant à l'escapade berlinoise, je trouve qu'elle fait chuter la tension que la proximité du camp parvient à installer dans la première partie. A force de filmer le creux pour tenter de faire deviner le plein, et de filmer banalement la banalité du mal, on peut légitimement se demander si le réalisateur ne rate pas sa cible. La comparaison naturelle avec Le fils de Saul, qui se coltinait le défi frontal d'introduire une caméra dans un camp n'est pas à mon sens à l'avantage de Glazer.

    Pour synthétiser, je dirais que La zone d'intérêt est un film important, mais que son concept écrasant le rend peu aimable, et disons-le, relativement ennuyeux. On a d'ailleurs l'impression que Glazer, au milieu de son film, a besoin de recentrer lui-même son projet en lui donnant un peu de sens à travers un poème, comme si la simple juxtaposition quasi-surréaliste qu'il proposait jusqu'à présent ne lui semblait plus satisfaisante, ou trop ambigüe. De la même façon, le coup d'oeil final de Höss aux employés contemporains résonne un peu comme un aveu d'impuissance : ce que le cinéaste a échoué à faire par la grâce de son art (honorer les victimes, faire ressentir viscéralement l'horreur), il le confie à un ultime effet maladroit qui sonne comme un repentir.
    ConFucAmuS
    ConFucAmuS

    539 abonnés 955 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 février 2024
    On était sans nouvelle de Jonathan Glazer depuis presque dix ans quand son nouveau film a enfin été annoncé. Après avoir été acclimaté (croyait-on) au climat angoissant de Birth et à l'expérience autre de Under the Skin, la question était de savoir si Glazer allait garder la maîtrise d'un récit bien plus sensible puisque basé sur un fait historique abominable (la vie familiale du commandant SS Rudolf Höss alors que le foyer jouxte le camp d’Auschwitz). Dans un style clinique encore plus poussé que par le passé, le metteur en scène dépeint l'innommable d'une manière assez provocatrice.

    Plans fixes, travellings latéraux et panotages, tout est réglé au millimètre. La relative fixité des objectifs renvoient à celle d'une caméra de surveillance, la netteté du numérique (et quelques séquences en images thermiques) confère aux images une sorte d'hyperréalité qui nous arrache à la pensée rassurante d'un temps révolu. Cela donne paradoxalement une grande force picturale, car l'arrière-plan horrifique ne se contente pas de rester justement au lointain. La vision de bâtiments en briques surplombant la pittoresque maison Hoss, la fumée d'un train sillonnant le mur du jardin ou celle d'une cheminée dans la nuit. Il y aussi les sons : les cris, les tirs. Ils font partie intégrante du quotidien et participent à cette tension sous-jacente et continue. L'opposition avec la maison proprette, le jardin paradisiaque et l'opulence de cette famille rend l'ignominie encore plus insupportable. Avec ce procédé filmique, Glazer se met (et nous avec) à distance de l'effroyable mais révèle celle de ses protagonistes en plein jour. Par dessus tout, c'est l'indifférence de cette famille qui choque. Uniquement tournée vers son confort de vie ou l' "opportunité" financière et politique de cette machine de mort lancée à plein régime à côté de leur maison, cette inhumanité révolte par sa banalité. Je trouve malgré tout une limite à La Zone d'intérêt dans un effet de redondance (peut-être désiré) qui interroge parfois sur les intentions ou la nécessité d'étirer le film quand l'idée et l'application ont donné leurs fruits avant cet épilogue.
    Gentilbordelais
    Gentilbordelais

    327 abonnés 3 013 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 10 mai 2024
    L'essentiel de l'hypocrisie est matérialisé par ce mur de 3m50, surélevé de barbelés et, de part et d'autre, deux mondes qui ne se rencontrent pas. L'effroi absolu se déroule toujours au second plan, qu'il soit visuel ou sonore et de front, ceux qui profitent avec une perfidie glaçante du malheur ambiant ou dans le déroulement des opérations stratégiques. Un traitement singulier provoquant un sentiment de malaise permanent, appuyé par une mise en scène extrêmement étudiée. Ce drame manque toutefois d'un final pleinement abouti.
    garnierix
    garnierix

    238 abonnés 462 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 février 2024
    Chaque fois qu'on retourne dans cette période, qui n'a pas son pareil en matière de noirceur et d'inconscience dans l'histoire humaine, on n'a qu'un ressenti, l'envie de vomir. D'ailleurs le commandant d'Auschwitz est lui-même étonné de vomir après une réunion somme toute classique et ordinaire. Comme si un neurone de conscience veillait encore (un flash forward semble ensuite nous dire ce qu'il a vu sans comprendre).

    C'est ainsi que le sujet est traité : jamais directement, toujours indirectement. Le vrai fou ne se sait pas fou. C'est l'art du réalisateur qui, du début à la fin, montre l'ordinaire à l'œuvre, l'ordinaire vu du fou, qu'il s'agisse du commandant ou de sa femme. Sa femme qui essaye un magnifique manteau de fourrure récupéré, ou lui qui emmène son fils écouter les hérons cendrés (ce sont d'autres cris qu'on entendra). Aucune image de ce qui se passe dans le camp. On le voit, lui, plutôt s'occuper de la santé des lilas, plantés pour embellir.

    Mais des sons parviennent et des lueurs rougeâtres éclairent les chambres la nuit. Le son est l'acteur principal de ce film. D'ailleurs de longs moments sonores, sans image, démarrent et clôturent le film. Il y a un tout petit scénario, juste pour permettre, sans s'y attendre, aux bruits et aux images de jouer leurs rôles. Sans plus. C'est vraiment un film très angoissant.

    A.G.
    Charlotte28
    Charlotte28

    130 abonnés 2 045 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 juin 2024
    Scindée en deux parties pertinentes par leur complémentarité cette plongée dans le quotidien des Hesse montre avec une fausse neutralité la vie bourgeoise de ces tortionnaires. S'appuyant sur une symbolique mise en scène, renforcée par un arrière-fond sonore explicitement cynique, la narration interroge notre capacité à fermer les yeux sur la barbarie par lâcheté, habitude ou inhumanité - stylisant comme un conte la résistance de la jeune fille à vélo. Dérangeant par la distanciation que forgent les nazis à coups d'euphémismes ou d'objectivation, illustrée tant lors de la vie bucolique que de la présentation de la solution finale en termes purement techniques, ce témoignage indirect force à se confronter à une infâme réalité. Glaçant.
    HamsterPsycho
    HamsterPsycho

    118 abonnés 1 182 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 19 février 2024
    La Zone d'Intérêt est un film intelligent à deux points de vue : intellectuellement et visuellement. Le film est le premier à aborder l'holocauste sous l'angle de la banalité (banalité des hommes et des femmes, banalité et futilité des gestes du quotidien) et interpelle le spectateur. Oui, les responsables des atrocités sont des êtres humains et oui il est psychologiquement normal de s'identifier pour ensuite être soi-même dérangé d'éprouver un semblant de proximité. Le film est donc tout à fait dans le sens de l'expérience décrite par les différents lecteurs de l'autobiographie de Rudolf Höss.
    Le propos est servie et amplifié par le choix stylistique de ne rien nous montrer directement du camp, uniquement suggéré par des ombres, des bruits, des voix. La caméra est la plupart du temps fixe, attirant ainsi l'attention sur les personnes traversant le champ, seuls éléments mobiles et donc par extension vivants. Les expressions, les gestes, tout ici décrit un simple quotidien familial quand on enlève de l'équation le contexte. L'ensemble se trouve encore rehaussé par l'absence totale de musique, recentrant l'écoute exclusivement sur la vie qui se déroule sous nos yeux, les portes qui claquent, les talons sur le sol, les tissus qui froissent...
    Une expérience cinématographique et historique à voir au moins une fois et à inscrire au programme éductif.
    ATON2512
    ATON2512

    60 abonnés 1 140 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 8 février 2024
    De Jonathan Glazer (2024).
    Passe t'on à côté de l'essentiel ? Telle est la question de ce film que est censé suggérer l'horreur sans la montrer.
    Premier intérêt du film réside en son titre. En effet, cela m'a forcé à un peu de documentation pour apprendre que tous les camps d'extermination étaient 'protégés' des regards par une zone géographique de plusieurs dizaines de km2 autour des camps. Soit ! Avec en plus attenant au camp (dans le film il s'agit du camps d'’Auschwitz), un quartier propret avec des maison aux jardins bien entretenus pour héberger les responsables et commandants du camp. Vous avez le décor complet si en plus en toile de fond on devine (plus qu'on ne voit) la cheminées des crématoires, les fumées ...
    Les bruits ensuite sont omniprésents pour sans rien montrer les horreurs qui se déroulent de l'autre côté du mur !
    Sur ce point de vue, le film est une réussite car il met en opposition l'horreur de l'enfer et une certaine idée d'un paradis stylisé et idéalisé destiné aux grands pontes de la solution finale.
    Pour le reste , le film ne fait que survoler son objectif . Il décrit qu'en surface une famille allemande sans disséquer sa responsabilité et son implication dans ce qui sera l'une des pires tragédies humaines du vingtième siècle.
    Il n'ya peut être que la mère du commandant qui semble à un moment du film se rendre compte que l'ascension sociale de son fils chéri repose sur un assassinat de masse. C'est peut être l'une des scènes la plus importante du film avec en toile de fond le bruit assourdissant d'une cheminée qui dans la nuit crache sa fumée !
    Si ce n'est une vision idyllique d'une famille allemande des plus coupables , rien n'est détaillé, disséqué et analysé. A en croire le film , on a presque l'impression que la famille vit dans un paradis sans jamais se rendre compte de ce qui se passe de l'autre côté du mur ? Enfin, le film ne pose aucune question sur cette lente dérive qui a pû permettre à une partie de la société , certes alléchée par un espoir de rapide ascension sociale sinon d'accepter , du moins coupable ment d'accompagner cette horreur concentrationnaire !
    Avec Christian Friedel, Sandra Hüller, Johann Karthaus
    Marie Breton
    Marie Breton

    71 abonnés 261 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 février 2024
    On entre dans ce grand film de la même façon que dans un cauchemar : un long moment d’écran noir, accompagné d’une musique tétanisante à laquelle viennent se mêler des gazouillements d’oiseaux qui ne trompent pas la très mauvaise intuition qui nous gagne lorsque le premier plan apparaît.
    Rien dans la première scène ne trompe nos sens en alerte. C’est le jour, mais cette lumière diaphane est trop aveuglante pour être familière, sa façon de briller n’a rien de chaleureux. Il y a bien de la végétation, des êtres humains en famille, une belle rivière, mais rien de tout cela n’a l’air accueillant : on croirait les couleurs empruntées à une morgue. Il manque de la vie. Des fantômes seraient plus rassurants que ces personnages qu’on nous force à observer.
    Et la suite confirme le malaise qui ne nous quittera plus avant le réveil.

    Sans jamais rien montrer, Jonathan Glazer parvient à glacer. Par sa maîtrise incontestable de la mise en scène (mais quel travail sur l’éclairage, sur le développement de la photographie, et sur le son !).
    C’est un film effrayant parce que le monstre est partout sans n’être pourtant jamais défini par le regard.
    Epikouros
    Epikouros

    46 abonnés 44 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 février 2024
    J’ai longtemps hésité à voir « La zone d’intérêt ». Par appréhension de souffrir devant l’écran et de raviver mon incompréhension devant la monstruosité de la solution finale. Pour finir, ce qui m’a convaincu, c’est (a contrario) l’avis d’un éminent critique du Masque et la Plume. Grosso modo, pour lui, l’œuvre de Glazer est indigne car son dispositif, en ne (dé)montrant pas visuellement l’horreur, fait le jeu des Rassigner, Faurisson, Rivarol et Cie. Il devenait donc urgent pour moi d’en avoir le cœur net. Eh bien, cloué dans mon fauteuil, j’ai vu et écouté ce film sidérant. Qui met dans un état de sidération quasi panique. Car, loin d’être occulté, le réel de l’horreur en devient SURRÉEL. Tout dans ce film est suggestion, décalage, contraste, humour macabre, antisémitisme ordinaire et omniprésence d’un crime de masse monstrueusement prégnant, présent, acoustiquement évident. Dans cette oasis bourgeoise, le gazon vert est trop vert, les enfants blonds trop blonds, l’eau de la rivière trop pure … Car rien ni personne ni la belle nature ne peuvent totalement occulter la Barbarie. Bref, La zone d’intérêt est un film immense. (Et je me suis dit, en suivant de près l’actualité du Proche-Orient, que les victimes d’hier ont parfois la mémoire courte…) Telle est la misère de la condition humaine et l’incompréhensible scandale du “Mal ordinaire”. Tel est le génie d’un réalisateur qui montre et fait mal, très mal, mais uniquement par la litote, l’évitement, le hors cadre. C’est donc tout sauf du négationnisme ! Du très subtil 7e Art.
    Pierre L.
    Pierre L.

    36 abonnés 111 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 4 février 2024
    Pas mal mais rien de plus. Pour les ignares, il apprend qu il y avait,bien sûr, côtoyant les camps, des décérébrés qui agissaient mécaniquement dans l indifférence et l abjection.Mais Shoah l avait déjà montré . D autres conflits ont confirmé ces situations ( Ex. yougoslavie, les Tutsis). Ce film n apporte rien. Il ne décrit pas ou très peu les conflits intérieurs. On n y voit pas non plus la montée dans l engagement abject.Pour moi, il ne véhicule aucun message nouveau.Pas enthousiasmé. Pourquoi toutes ces récompenses ?..
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