L’amour nous rend vivants.
Lorsqu’il y a ce fragment de sentiment qui naît en nous pour la première fois, et précisément au moment où l’on sait que l’on tombe amoureux, nous savons que rien ne sera plus jamais pareil. Tout devient compliqué, plus intense mais nous n’avons jamais ressenti quelque chose d’aussi beau auparavant. C’est impossible de le repousser, car c’est un besoin viscéral que nous avons au plus profond de nous que de le montrer à la personne que nous aimons. Ce sentiment est précieux et rare, il ne faut pas le rater et saisir la moindre occasion qui se présente, parce que c’est au-delà de tout, l’amour permet à la fois de créer un lien unique entre deux personnes mais également de se connaître soi-même.
C’est ce que le film Genèse m’a fait ressentir, tout d’abord grâce à sa présentation sous forme d’un tryptique et également par son esthétisme bien pensé. Le film nous montre trois histoires se déroulant parallèlement les unes des autres.
Il est important de noter que la temporalité est assez floue, nous ne savons pas exactement dans quelle ville nous nous trouvons, l’âge des acteurs nous est inconnu et l’époque où se passe le film n’est pas bien définie. Le réalisateur nous donne quelques indices de temps à autre mais tout ce qui lui importe c’est les émotions que les acteurs arrivent à nous transmettre. Dans l’histoire de Guillaume et Charlotte les lieux sont séquencés en trois parties : pour Charlotte cela se passe essentiellement dans des bars, la nuit, dans sa chambre ou chez son copain tandis que pour Guillaume l’histoire se déroule dans le dortoir, dans sa classe et chez son meilleur ami. Le spectateur ne connaît pas leurs parents, leur vie famille, tout est centré sur des lieux qui retracent les événements qui vont bouleverser leur vie. Nous sommes de suite immergés dans chacune des histoire, il est impossible de décrocher le regard et nous ne pouvons nous empêcher de nous souvenir de nos premiers amours, nos premières larmes. Les scènes sont vibrantes et dynamiques pour rappeler le jeune âge des personnages, mais elles sont aussi, pleines de rage et de sentiments soulignant ainsi l’effervescence adolescente que met en avant ce film. L’esthétique est énormément travaillé, comme par exemple les jeux de lumières qui transportent notre regard dans chaque scène. Nous sommes directement plongés dans l’ambiance et dans le temps. Les nombreux plans séquences ininterrompus montrent le côté technique irréprochable du film, notamment avec les fêtes régulièrement mises en avant.
De lourds sujets y sont traités, le thème de l’homosexualité est au cœur de l’une des trois histoires, que nous vivons à travers le regard de Guillaume. Nous suivons ainsi la naissance de sentiments amoureux envers son meilleur ami, et tous les doutes et les peurs qui s’amplifient au long de son histoire. Le réalisateur nous fait comprendre que la vie est cruelle, dure, parfois même sans issue comme le passage où Guillaume se fait rejeter par son meilleur ami et de son école à cause de son orientation sexuelle, ou encore lorsque Charlotte se fait violer dans une ruelle sans aucun moyen de défense. Il nous fait également savoir notamment avec la dernière histoire que la vie est truffée d’actes manqués et de regrets. Les trois histoires se finissent mal et ne montrent pas d’espoir, en effet, Guillaume est anéanti par son exclusion sociale, Charlotte est traumatisée par l’acte qu’elle a subi (je tiens à souligner que pour moi, la scène de viol n’est pas nécessaire dans ce film) , mais si on regarde plus en profondeur les personnages ont tout de même évolués. Guillaume a su faire face à ses doutes et ses peurs, il a réussi à assumer ses sentiments et à les avouer lors d’un discours passionnant devant sa classe. Charlotte, elle, a compris que l’amour peut détruire une personne, et que son besoin de liberté que l’on voit tout au long du film par la danse et la musique peut s’avérer être difficile à obtenir dans la vraie vie. L’envie de tomber amoureuse est devenue une illusion à laquelle elle a dû s’accrocher pour se sentir vivante. Les personnages ont vécu des instants difficiles mais sont assez forts pour se relever, car ils sont courageux et ont cette rage de vivre.
Pour conclure, ce film est bouleversant, et mérite amplement une visibilité plus importante en France car il permet de nous faire réfléchir et de nous remettre en question. Ce film est moderne et à la fois ancien, il parle à tout le monde, et nécessite un grand intérêt.