Lune de miel est le premier long métrage d'Elise Otzenberger. Celle-ci a débuté comme actrice ausi bien au théâtre qu'au cinéma et à la télévision. Sa participation à la série Off Prime lui permet de rencontrer Simon Astier, co-auteur du programme, qui lui propose d'écrire pour la deuxième saison. Cette expérience l'encourage alors à se lancer dans des projets plus personnels.
La réalisatrice s'est inspirée de sa propre expérience en 2009 lorsqu'elle et son mari se sont rendus dans la même petite ville près de Lodz, dans le même cimetière, avec le même rabbin pour diriger la cérémonie : "Sur internet, il y a beaucoup de sites de recherche qui tentent de mettre en relation des descendants de certains shtetls [petite ville ou quartier juif en Europe de l'Est avant la Seconde Guerre mondiale, ndlr]. Avec mon mari, on avait posté un message et on a été retrouvés par une dame polonaise, non juive, de Zgierz. Elle s'était passionnée pour l'histoire de la communauté juive de son village, et s'était mise en tête d'organiser cette commémoration".
Lune de miel s'interroge sur la transmission familiale et les racines, comme l'explique la réalisatrice : "Je parle d’un couple aux origines juives, mais on pourrait tout autant le transposer à toutes les familles qui ont connu l’exil, aux enfants d’immigrés. Après, pour revenir au film, il est vrai que dans l’histoire de la Shoah, la position de la troisième génération, à laquelle j’appartiens, est particulière. On a souffert des silences de nos parents, qui cherchaient sans doute à protéger leurs propres parents, revenus des camps, à se protéger eux-mêmes et à s'intégrer à la société française".
La rescapée des camps qui raconte la Shoah à des classes entières de jeunes enfants est interprétée par une vraie rescapée, Evelyn Askolovich, déportée alors qu'elle était enfant. "Je ne pouvais pas imaginer que ce soit une comédienne qui joue une rescapée de la Shoah. C’est la partie documentaire de mon film dans laquelle la fiction ne peut entrer. J'avais besoin d'éléments réels en plus de la fiction" explique la réalisatrice.