« L’Esprit de famille », un titre à prendre avec ici un sens élargi, puisque l’idée cette fois est de considérer ce qu’un esprit disparu, peut laisser comme trace et comme influence sur ceux qui restent.
Un thème ma foi déjà vu récemment avec le magnifique « Un Vrai Bonhomme » dans lequel Isabelle Carré avait également un beau rôle, mais cette fois traité d’une manière bien plus légère en apparence seulement...
En effet, si le ton donné à cette comédie peut agacer dans un premier temps, on finit malgré tout par comprendre la démarche de Éric Besnard à travers sa vision du deuil, dans ce que la perte d’un proche, en l’occurrence le patriarche peut causer comme remise en question sur le reste de la famille.
Et justement dans cette histoire, surtout le fils aîné Alexandre, qu’interprète tout en délicatesse Guillaume de Tonquedec.
Sa prestation relèvera pour certains d’un jeu excessif ou caricatural, et pourtant dans sa manière d’analyser son propre comportement, sous forme d’une introspection salutaire a de quoi faire vraiment réfléchir la plupart d’entre nous !
Et quand cette introspection devient contagieuse en touchant le reste de la famille, soit évidemment le frère et la mère (Josiane Balasko), on ne peut qu’être touché par ce consensus général créé autour de ce père (François Berléand) finalement toujours présent dans la tête de tous, et plus vrai que nature à fortiori pour ce fameux Alexandre et pour bien sûr le spectateur !
Un tour de force finalement plutôt bien vu et mis en scène par Éric Besnard qui déjà avec le « Goût des Merveilles » avait subtilement abordé un autre sujet très douloureux, avec un tact certain.
Il faudra donc dépasser l’impression de la comédie facile et sans saveur, pour y chercher et y trouver finalement plusieurs niveaux de lecture sur le deuil, l’absence, les regrets, la mémoire sélective, la transmission, et tout ce qui fait au fond l’influence de celui qui n’est plus là avec son importance et sa capacité à encore bouleverser l’existence de ceux qui restent...
Le seul bémol concerne bien sûr cette réserve récurrente a propos du niveau socio-culturel, toujours bourgeois même si sans « le sou », mais toujours possédant l’unique et incroyable maison de rêve au bord de l’eau, comme on adorerait tous posséder !
Ah le cinéma et ce goût immodéré pour l’exceptionnel avec ce cliché inutile et presque provocant, d’autant plus difficile à supporter par les temps qui courent...
Mais on essaiera de rester positif face à une réalisation originale qui cache bien son jeu quant à la pertinence évidente de son message !