Charlotte a du fun est devenu Charlotte a 17 ans, par la grâce de sa "traduction" en français. Dommage. Le titre anglophone, Slut in a good way, (salope, dans le bon sens du terme), n'est pas mal non plus, répété comme un mantra par le trio d'héroïnes du film de la québécoise Sophie Lorain. Oui, il s'agit bien d'un nouveau long-métrage sur l'âge ingrat de l'adolescence, avec ses questions existentielles, mais vu entièrement du côté féminin, les garçons ne servant que de faire valoir (et d'objets du désir) alors que les adultes, parents ou professeurs, sont totalement absents du tableau. Ah, cette insoutenable légèreté de l'adolescence où l'interrogation essentielle semble être : faut-il aimer pour coucher et vice-versa ? Ne nous moquons pas, malgré son sujet balisé, Charlotte a 17 ans possède de jolies qualités dans sa mise en scène, son interprétation et même son scénario où l'on retrouve une énergie, un enthousiasme, une fraicheur et un humour à soulever des montagnes. C'est une belle ode à l'amitié et à la solidarité féminine, malgré les différences de morale de chacune des protagonistes. Le film tire également parti de l'univers qu'il décrit, celui d'un supermarché de jouets, lieu labyrinthique propice aux échanges et aux confidences (ce qui nous rappelle le magnifique film allemand Une valse dans les allées, sorti en catimini en août dernier), Sans être un chef d'oeuvre, Charlotte a 17 ans possède donc sa petite musique d'ambiance, sympathique (l'accent québécois fait toujours des ravages) et limitée malgré tout dans ses ambitions. Le choix du noir en blanc, en tous cas, n'ajoute rien à l'affaire et semble juste un parti pris stylistique un peu prétentieux à l'opposé du ton général, au même titre d'ailleurs que le choix de la Callas comme "guide spirituelle" de cette chère Charlotte.