Après avoir été assistant pour des réalisateurs comme Henri Verneuil, Jacques Demy ou René Clément, Costa-Gavras écrit puis, notamment grâce à l'aide du couple Yves Montand-Signoret, réalise Compartiment tueurs, où il met en scène une série de meurtres démarrant dans un compartiment de train.
En voilà une oeuvre bien particulière signée par le futur et génial metteur en scène de L'aveu ou Z, où il se livre surtout à un exercice de style lui permettant de mélanger enquête policière, un peu d'humour noir et quelques numéros d'acteurs. Il donne le ton dès l'excellente scène d'introduction avant de nous intéresser dès le début aux personnages, puis l'affaire de meurtre, mettant en place un récit haletant et efficace, où les personnages auront au moins autant d'importance que l'intrigue en elle-même.
Il fait preuve de bon nombre de bonnes idées, tandis qu'il nous emmène dans les pensées puis l'intimité des personnages et met en parallèle l'enquête avec les morts qui tombent. Il trouve toujours le bon équilibre entre les différents tons, bénéficiant notamment d'excellents et savoureux dialogues tandis qu'il laisse toujours planer un soupçon de mystère sur les enjeux, les protagonistes et la finalité de ce récit bien construit. D'ailleurs, de nombreuses scènes sont mémorables, à l'image des diverses rencontres ou des plongées dans un Paris nocturne de l'époque, qu'il capte merveilleusement.
Compartiment tueurs brille avant tout par ses personnages et acteurs, des personnages qui vont être, dès les premières secondes, intéressants, parfois ambigus et d'autres fois cyniques ou drôles. Costa-Gavras alterne bien entre chacun, sachant donner de l'importance à tous que ce soit les deux jeunes Jacques Perrin et la mignonne Catherine Allégret, Simone Signoret en danseuse diva, Yves Montand et son accent du sud, le toujours génial Charles Denner, Michel Piccoli en plein doute et timidité ou encore un irrésistible Pierre Mondy. Bref, des acteurs qui, tout en jouant chacun leur numéro, rentrent à merveille dans leur personnage, sachant toujours trouver le ton juste pour ne pas nuire au récit mais au contraire le sublimer.
Première oeuvre de Costa-Gavras qui trouve toujours le bon équilibre et dirige déjà Yves Montand pour un exercice de style, efficace, qui tient en haleine de bout en bout et bénéficie d'acteurs inspirés.