Divorce Club est le 3e film de Michaël Youn en tant que réalisateur. Il arrive sur les écrans 7 ans après Vive la France : "Ça n’est pas un choix de ma part d’avoir attendu aussi longtemps. C’est dû au hasard Michaël l’acteur en fait : en tant que comédien, on m’a proposé beaucoup de choses intéressantes durant ces années. Et j’ai privilégié cette direction. Mais pour être complètement sincère, j’ai été déçu par le score final de Vive la France qui a, certes, dépassé le million d’entrées mais qui a terminé en deçà de mes espérances. Alors derrière, je me suis un peu cherché artistiquement en tant qu’auteur et réalisateur. Et quand on se cherche, on délivre moins vite. Ce qui a été mon cas. Et puis vous savez, faire un film, c’est énormément de travail, outre trouver l’idée qui fait l’unanimité, il faut se battre pour convaincre les financiers, parvenir au meilleur scénario, fabriquer le film et derrière diriger la post-production, assurer la promo… tout ça mis bout-à-bout, ça fait quand même des projets qui s’étalent sur 2 ou 3 ans. Donc, avant de vous lancer, vous avez intérêt à être sûr que vous avez vraiment envie d’y aller et que le projet le mérite vraiment. Cette gestation aura pris 7 années et je ne pensais évidemment pas que ça prendrait autant de temps."
L'idée du film part d'un concours de circonstances. D’un côté, l’envie du distributeur SND et du producteur Clément Miserez de proposer à Michaël Youn un film autour du divorce et du lâcher prise, et de l’autre côté, au même moment, dans sa vie personnelle, une séparation qui lui a procuré pas mal d’anecdotes sur la question. "Je me suis dit que ça ne pouvait pas « mieux » tomber ! J’ai contacté mes auteurs préférés, les Matt Alexander, et nous avons écrit le scénario d’une traite. Je crois au fond que j’avais envie de sortir par le rire de ma pathétique histoire sentimentale personnelle. C’est par l’humour que j’ai essayé de refermer cet épisode intime."
À travers la farce et la comédie, Michaël Youn aborde des thèmes plus profonds comme le temps qui passe, l’idée du pardon ou de l’amitié… "L’idée était de créer, de façon assez classique d’ailleurs, une sorte de marivaudage amoureux, pour ensuite l’exploser dans tous les sens afin que la comédie prenne le dessus. Mais les thèmes abordés, comme la solitude, l’engagement, l’amitié… parlent à tout le monde. « Tu es célibataire donc maintenant il n’y a plus personne pour t’engueuler quand tu t’amuses », ça ne parle pas qu’aux divorcés, bien au contraire! Comme je le dis le personnage de François-Xavier Demaison dans le film : La principale cause du divorce, c’est le mariage!"
Michaël Youn avait surtout envie de faire une « comédie drôle » et ce n’est pas un pléonasme, selon le metteur en scène. "Y’a plein de comédie qui ne sont pas drôles. Vous savez, c’est très difficile de rester drôle sur toute la durée d’un film. Surtout dans le dernier acte où en général, la comédie retombe pour laisser place à la résolution. Et, en toute humilité, j’ai le sentiment que nous y sommes parvenus cette fois. Je l’ai vu lors des projections de la tournée province ou au Festival International du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez où l’accueil a été formidable. Faire rire le public est un exercice toujours compliqué et risqué même. Combien de films français y parviennent vraiment chaque année ? 5 ou 6, pas plus. C’est un véritable numéro d’équilibriste de faire rire en maniant un humour ni trop vieillot ni trop trash, sans jamais tomber dans la malveillance ou la méchanceté, tout en apportant fraîcheur et modernité, le tout en étant en accord avec soi-même sans jamais vous trahir. Bonne chance!"
Selon Michaël Youn, la réalisation est un métier formidable. À chaque fois, on continue d’apprendre. "Et ce qui est incroyable, c’est que c’est sans fin. Que ce soit grâce à l’apport des talents qui composent votre équipe ou tout simplement par les risques que vous prenez. Sur l’ensemble de mes 3 films, j’ai dû passer une trentaine de semaines derrière une caméra, ça reste assez peu par rapport à la formation d’un pâtissier par exemple ! Alors, à chaque fois, j’essaye de me surprendre, d’aller plus loin, d’être plus ambitieux. J’aime l’idée que les spectateurs sortent du film en ayant l’impression d’en avoir eu pour leur argent, que ça ne soit pas seulement drôle mais que ça ait aussi « de la gueule » … Un producteur nous a fait un beau compliment en nous disant « Waouh, ça a dû coûter cher ! ». Il imaginait que nous avions fait le film pour 12 millions d’euros alors que nous l’avons fait avec la moitié de cette somme… Je peux vous dire que j’ai tiré le maximum de toute mon équipe et de chaque euro qu’on nous avait confié."
La maison du Divorce Club est une propriété qui se trouve au Pradet à côté de Toulon. Il s’agit d’une maison Belle Epoque qui a été vendue 19 millions d’euros ! "On a tordu le propriétaire et on a tourné chez lui pendant 2 mois pour le prix d’un AirBnB à Vezoul. La maison est un des personnages de l’histoire : à la fois grandiose et rococo avec des recoins hallucinants comme une petite plage privée ou des jardins suspendus… Tourner là-bas nous a apporté une « production value » qu’on aurait pas pu avoir ailleurs. Plus globalement, je n’aime pas tourner à Paris, je m’y sens moins créatif et j’ai du mal à trouver des endroits où poser ma caméra. Je suis trop « parisien » en fait, donc je n’arrive pas à voir ma ville comme un décor de cinéma. Je n’ai pas ce talent-là. Je suis trop imprégné par 40 ans de scooter, d’embouteillages, de feux rouges et de voisins chiants pour réussir à filmer Paris… Et puis, sur le fond, quand on veut faire rêver les spectateurs avec une belle histoire, il n’y aura jamais rien de mieux que le soleil et l’horizon à perte de vue", confie Michaël Youn.
Au départ, Michaël Youn a rencontré Arnaud Ducret pour qu’il joue le rôle de Patrick parce qu’il a, de manière évidente, l’énergie de ce personnage et pas du tout celle de Ben, selon le réalisateur. "Je l’avais déjà croisé à l’époque où il jouait « Spamalot » sur scène et j’avais tout de suite flashé sur sa capacité à savoir tout faire. J’adore les acteurs qui peuvent utiliser leur corps, leur voix, imiter, chanter, émouvoir, tomber et bien sûr, faire rire. Arnaud est un acteur complet. Il sait tout faire. Et il sait tout bien faire. Très vite, quand on s’est revu pour parler de Divorce Club, j’ai réalisé qu’il avait l’épaisseur pour interpréter Ben. François-Xavier Demaison est mon ami depuis longtemps. On s’était juré un jour de faire un film ensemble. Et de lui faire interpréter un fantasque milliardaire participe à la même démarche que faire jouer à Arnaud Ducret une victime éplorée."
Michaël Youn est plutôt attaché à la précision du texte et de sa musique quand il met en scène. Mais il adore être surpris ou se rendre compte qu’une proposition fonctionne mieux que son idée originelle. "Je n’ai pas du tout d’égo à ce niveau-là. Puisqu’à la fin, de toute façon, c’est moi qui signe le film ! Donc, toutes les améliorations sont les bienvenues ! On a fait pas mal de travail, à la table, sur les personnages et sur les textes pour pouvoir être tranquille pendant le tournage. Une fois sur le plateau, j’aime aller vite. J’ai besoin de comédiens qui délivrent tout de suite. Car je crois que c’est dans l’émulation voire dans l’urgence que la comédie s’exprime le mieux. Je suis un réalisateur qui fonctionne essentiellement à l’enthousiasme et à l’énergie communicative. Et c’est valable aussi pour mes techniciens : j’ai besoin d’une équipe qui prend plaisir à être toujours sur le qui-vive. Bien sûr, je prépare toujours le découpage avec mon chef opérateur (Stéphane Le Parc), mais je ne m’empêche jamais au tournage de modifier la scène en fonction des évènements, du décor, ou de la forme des comédiens."
Il y a aussi de vrais personnages féminins dans Divorce Club : Albane jouée par Audrey Fleurot, Marion interprétée par Caroline Anglade ou Charlotte Gabris dans le rôle de Gisèle. Michaël Youn précise : "Notre idée de départ était de faire une comédie sur le lâcher prise et de montrer le quotidien de quadra vivant comme des ados en colocation. C’est un point de départ qui peut vite devenir assez misogyne ou excluant pour les femmes. Donc d’emblée, nous avons décidé que ce « Divorce Club » serait mixte. Avec un personnage féminin central qui vit sa sexualité aussi librement qu’un homme ! Une femme moderne en somme. C’est le personnage d’Albane incarné par Audrey Fleurot. J’ai l’impression d’avoir fait des progrès dans la manière dont j’écris de la comédie pour les filles. Je sais maintenant aussi leur donner le beau rôle et les rendre drôles. Dans Divorce Club, la comédie passe beaucoup par les femmes et c’est un vrai progrès dans mon travail. J’en suis particulièrement fier."