Engagée dès 17 ans dans des compagnies professionnelles pour des tournées internationales, Rocío Molina est une chorégraphe iconoclaste qui a forgé un langage qui lui est propre à partir de la tradition réinventée d’un flamenco qui respecte ses origines tout en embrassant les avant-gardes. Elle ose transgresser les thèmes classiques du flamenco (tels que le regard vers le passé et ses lois immuables, le deuil, la tragédie ou encore la domination masculine) pour s’intéresser à la sexualité féminine, la notion de limites et leur dépassement, l’humour, la mythologie ou la “ poésie du quotidien ”. Son travail allie virtuosité technique, recherche contemporaine et risque conceptuel.
En s'intéressant à Rocío Molina, le réalisateur souhaitait filmer "la fracture fulgurante qui relie le beau et le tragique, la tradition flamenco et son renouveau". Né en Andalousie, le flamenco a été le socle de son éducation artistique pendant son enfance. Une fois installé en France à l'âge de 23 ans, il s'est éloigné de la culture flamenco et avait l'impression "de voir les mêmes danseurs tournés vers le passé, représentant toujours l’Andalousie et ses clichés folkloriques, ses castagnettes... J’avais l’impression que le flamenco devenait une danse enterrée dans mes souvenirs. Israel Galván d’abord, Rocío Molina ensuite, ont bouleversé ces certitudes. Leur courage et leur curiosité ont transcendé l’éternelle opposition entre pureza (tradition) et avant-garde".
Le réalisateur a rencontré Rocío Molina au printemps 2015 et a découvert "une femme qui a soif de collaborations artistiques : danseurs, vidéastes, musiciens, architectes. La soif de l’autre. Nous avons longuement échangé sur nos parcours respectifs, sur sa méthode de création, sur le silence, le risque et le désir comme moteurs de la création. Le projet de consacrer un film à l’émergence de son geste flamenco arrivait à point nommé."