Le road movie, c’est par « essence » le goût du goudron, un air d’aire de repos mais de repos, point. C’est pourtant la saveur d’une faveur qui rend Fatih Akın si passionné. Une romance aux apparences de demi-tour, jamais une impasse. Un trajet où tout va se mélanger, par exemple l’insécurité du personnage confronté à des démons ancrés dans un extrait d’Hambourg un peu court mais incroyablement vivant, mais aussi les directions multiples généralement évités par le cinéma, parce qu’elles donnent des choix.
Par l’Italie ou l’Europe de l’Est, on ira de Turquie en Allemagne. Sur les ailes d’une insouciance allant de pair avec la chatoyance de ses tons estivaux, Im Juli porte bien son titre original : en juillet. Mais le jeu de mots aidant, c’est aussi « I’m Juli », du nom de la décoinceuse de mœurs que le personnage de Christiane Paul va représenter pour celui de Moritz Bleibtreu – sans le débarrasser d’un ahurissement mignon mais par moments bébête qui m’a rappelé Patrick Mille.
Les vacances sont moins qu’un thème, juste un cadre, pourtant elles remplissent le film avec une présence énorme qui gicle même sur la rudesse normalement anxiogène d’une nuit sur l’autoroute. Et l’insouciance est récompensée : semblable en ça à Little Miss Sunshine (Jonathan Dayton, Valerie Faris, 2006), elle va démonter le drame et le laisser en plan, juste de quoi rendre l’histoire jubilatoire, un peu absurde et très poétique – quoiqu’Akın dépasse un peu les « bornes » quand il ridiculise la police pour diverses raisons.
Il semble aussi que le mal, qui n’a pas été mis seulement parce qu’il était censé être là, est en « roue libre » et comble trop nonchalamment une dichotomie qu’il faudrait nourrir ou ignorer. Instable, peut-être par inexpérience ou peut-être par expérimentation, Im Juli reste un absolu du road movie feel good. J’écris le brouillon de ma critique sur tablette et le correcteur me propose de compléter « good » en « Goodyear ». La conclusion parfaite, car oui, Im Juli roule tout seul et mérite qu’on s’en rappelle au moins toute une année.
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