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    Sous le soleil de Satan
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    2,9
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    103 critiques spectateurs

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    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    124 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 20 novembre 2018
    Ce film ne va pas m'aider à mieux comprendre les décisions des décerneurs de palmes. Il a gagné celle d'or, mais je cherche encore une telle valeur à l'œuvre charbonneuse de Pialat. Qu'y a-t-il d'autres que de lentes récitations appliquées et des éclairages ? Éclairages qui veulent d'ailleurs nous faire croire que l'air se charge d'ocre avec le soleil couchant (à moins que ce ne soit le soleil de Satan, mais cela me surprendrait au regard du ton éminément indéridable du reste du film) et que les nuits « noires » ne le sont pas. À part créer quelques contrastes et faire oublier l'intérêt de la couleur, ce procédé ne présente pas vraiment de différences avec les acteurs dont la seule prestation est celle de la déclamation de leurs lignes.

    Le livre de Bernanos semble pris au mot, se chargeant arbitrairement de monceaux de sa prose de sorte que les dialogues peuplent son entièreté mais que les passages non parlés faillissent même à constituer des didascalies correctes. Il n'y a de cinématographique que les écarts bienvenus - quoique tout aussi erratiques - de Sandrine Bonnaire dans son rôle agité, mais Depardieu lui-même semble s'être mortifié en tant qu'acteur pour paraître dans une douleur permanente si profonde que sa mort n'a même plus de sens. C'est une espèce de Les Communiants de Bergman, mais sous forme coquillaire et sans l'exutoire d'une signification profonde. Pialat joue bien, mais peut-être aurait-il mieux fait de rester derrière la caméra.

    septiemeartetdemi.com
    Misoramengasuki
    Misoramengasuki

    66 abonnés 399 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 7 août 2010
    Pas sûr que cette logorrhée mystico-intellectuelle de Bernanos se prêtait à un traitement cinématographique, même sous la baguette d’un réalisateur aussi compétent que Pialat. De très belles images – celles en surexposition où Depardieu semble terrassé par la lumière, par exemple. Le bon Gérard est remarquable et donne une épaisseur considérable à son personnage. Pialat acteur aussi est très bon. Par contre, Sandrine Bonnaire… actrice surévaluée de mon point de vue, et très mal à l’aise avec les tirades boursouflées sous lesquelles Bernanos l’ensevelit. Pour quelques passages intenses, on ne compte pas les moments où ça part franchement dans la pignolade, et je n’ai jamais été tout à fait convaincu qu’il y a un message assez élevé et original pour justifier tant de salamalecs. Le sentiment d’être resté en dehors… et pas forcément pour de mauvaises raisons.
    Chaîne 42
    Chaîne 42

    147 abonnés 3 100 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 28 mai 2022
    Un mauvais film à beaucoup de point de vue Pialat prend le roman le plus compliqué de Bernanos de 1926 et en fait en 1987 un film incompréhensible, iconoclaste et prétentieux dont l'intelligentsia arrogante et vaniteuse du cinéma français s'empresse de célébrer les côtés fortement pédants et anti-chrétiens. Film abscons on ne peut mieux, bavard et silence alterné, ponctué de scènes violentes irrationnelles et imprévisibles. Un caractère théâtral, littéraire ampoulé et nauséeux dans les doutes d'un prêtre et même de deux prêtres qui disent une chose et son contraire. Tout un savoir faire d'acteurs récitant, subissant et de faiseur d'images au service de la complexité et de la provocation en ayant des airs de tout savoir et de tout démontrer par de la sombritude déclinée sur différents niveaux.
    Patjob
    Patjob

    35 abonnés 601 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 juillet 2022
    Un film ambitieux par son propos, aride et austère par sa forme. Le questionnement et les doutes de l’abbé Donissan sur son ministère, sur ses capacités, sur ses actes et sur le sens de sa vie sont le terreau de cette histoire d’affrontement entre le bien et le mal, où les hommes sont confrontés à la mort. Le film assez inégal : il est très prenant quand il suit l’abbé, culmine lors des échanges entre Donissan et son mentor Menou-Segrais (incarné par Pialat lui-même), mais présente moins d’intérêt lors de la longue digression présentant la vie sentimentale chaotique de Mouchette. Il s’en dégage tout de même, en fin de projection, une impression de puissance et d’importance.
    WalkthisWay
    WalkthisWay

    23 abonnés 670 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 2 juillet 2017
    Le film est assez difficile d'accès même pour un habitué du cinéma de Pialat. Le jeu des acteurs et les dialogues sont également assez déroutants... Une palme d'or qui a fait parler d'elle à Cannes et qui continue encore aujourd'hui à diviser.
    JR Les Iffs
    JR Les Iffs

    80 abonnés 1 151 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 janvier 2016
    Film de Maurice Pialat
    Drame psychologique et religieux, d'après Georges Bernanos.
    Belle adaptation de Pialat, très beau texte de Bernanos, une réalisation austère digne de Bresson. Pialat est à l'aise dans ce registre. Une mise en scène parfaite, une reconstitution d'époque simple mais très efficace. Le récit se suit sans ennui.
    Sandrine Bonnaire était-elle la Mouchette de Bernanos ?
    Depardieu est un géant !
    Les dialogues sont très littéraires. Les décors sont dans des lieux réels et simples : les presbytères, les églises, les paysages.
    Film métaphysique, d'une grande sensibilité et qui résonne très fort dans des esprits élevés dans un catholicisme pur.
    Yoloyouraz
    Yoloyouraz

    34 abonnés 566 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 juin 2007
    Un film d'une force incroyable et dont les images marquent profondément. G.Depardieu, stupéfiant, est remarquablement mis en valeur par la caméra de M.Pialat, également juste dans son rôle. Un terrible portrait.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 15 janvier 2009
    Fondalement parlant, il nous est nécessaire d'être clair avec le spectateur pour lui clamer explicitement que cette adaptation d'une oeuvre littéraire très difficile, qui n'est autre que celle de Georges Bernanos, reste d'une approche épineuse; et encore plus dans le domaine cinématographique. Tout d'abord, Maurice Pialat fait le choix réfléchi de nous laisser dans l'ombre. En effet, Sous le soleil de Satan est un film ambigu, emprunt d'une symbolique complexe et pessimiste. Le personnage de l'abbé Donissan, incarné par l'éblouissant Gérard Depardieu, en est le prototype. Eperdument équivoque, cet homme comme tous les Hommes devient le sujet d'une quête mystique terrifiante, où les hallucinations et la réalité se mêlent, obscurcissent l'être dans le néant d'une vérité glaciale, repoussante. Sa liaison inattendue avec Mouchette, jouée par la virtuose Sandrine Bonnaire, installe une complicité dérangeante entre ses deux proies du destin. D'ailleurs, leurs ressemblances deviennent la seule raison d'être ce qu'il sont : des être perdus. A propos, le personnage de l'abbé Donissan nous fait indirectement penser par moments au personnage de Blaise Pascal, notamment lorsque celui-ci se flagelle. Bien sûr, cela reste est discutable. Mais le ton du long-métrage est de cette envergure. Comment peut-on en en effet comprendre entièrement ce qui d'emblée est fait pour nous déstabiliser ? C'est l'expérience qui est l'essence de l'adaptation de Maurice Pialat. Sous le soleil de Satan est une peinture abstraite de l'être humain et de sa perte, et dont sa faculté à l'entendre l'engage dans une volonté nébuleuse à trouver le chemin de la compréhension : la quête sur soi et de son Salut. Bien sûr, l'interprétation est de mise; elle n'est d'ailleurs jamais exactes. Mais c'est par ce caractère universel que l'on doit placer le film au-delà l'image religieuse et chrétienne que nous impose l'histoire. Et bien qu'il soit controversé à Cannes en 1987, il n'en demeure pas moins fascinant.
    Barry.L
    Barry.L

    31 abonnés 136 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 3 septembre 2019
    Palme d'or au festival de Cannes 1987, ''Sous le soleil de Satan'' est un film réalisé par Maurice Pialat. Son histoire cannoise est fameuse : alors que ''Les ailes du désir'' de Wim Wenders et ''Les yeux noirs'' de Nikita Mikhalkov étaient largement favoris pour décrocher la récompense suprême, le jury en décida autrement en décernant la précieuse palme au film de Pialat. Recevant son prix sous les huées du public, Pialat lâcha la phrase désormais célèbre : ''vous ne m'aimez pas, je ne vous aime pas non plus''. Mais le mal était fait : plutôt que de récompenser des œuvres à portées universelles et esthétiquement superbes, le jury de Cannes aura préféré couronner une œuvre difficile d'accès, très souvent rébarbative et cinématographiquement faible.

    Le film est adapté du livre éponyme de Bernanos, publié en 1926. L'abbé Donissan (Gérard Depardieu) est en proie au doute concernant la toute puissance de Dieu. Malgré les conseils avisés de son supérieur Menou-Segrais (Maurice Pialat), Donissan est visité par le Malin. Il rencontre alors Mouchette (Sandrine Bonnaire) qui a quelques temps auparavant tuée son amant.

    Soyons honnête : il est difficile de critiquer ''Sous le soleil de Satan''. Le film offre une expérience philosophique très (trop?) poussé sur la question de Dieu et du doute. Le film de Pialat est riche, certes. Le film de Pialat est profond d'accord. D'évidentes qualités sont à porter au crédit du film : sur le papier, l'histoire est belle. L'idée d'un prêtre qui, au désespoir face à l'étendu de l'influence de Satan est bonne. L'élément qui viendrait conforter Donissan dans ses doutes (à savoir, les tourments autour du personnage de mouchette) est bien trouvé. Mais la meilleure idée, exploité seulement le temps d'une scène, c'est la représentation du Satan du titre (Jean-Christophe Bouvet qui offre la meilleure performance du film). Dans une scène très déstabilisante, Satan s'invite dans la peau d'un vagabond. Ni horrifique incarnation, ni séduisante incarnation (car le Diable est souvent représenté comme terrifiant ou au contraire séduisant), ici Satan est au plus près des hommes que ce soit physiquement ou mentalement. Comme si Jésus et Dieu s'étaient éloignés des hommes pour lui laisser la place : celle qui consiste à s'occuper de leurs ouailles. Nous avons affaire à un Satan auquel il est plus facile de s'identifier, par conséquent plus tentateur et dangereux.

    Donc, de la matière, il y en a. D'autant plus que Pialat est un génie et qu'il le sait. Il décide de faire un film à son image : génial. Sauf qu'il oublie une chose, c'est que tout le monde n'a pas son génie. Il est tout à fait naturel pour nous, pauvres mortels de trouver son film abscons, prétentieux et filmer n'importe comment. Difficile de dire ce qui endort le plus : la réalisation, le scénario ou la direction d'acteurs. En fait, ces trois éléments sont liés par un dénominateur commun qui s'avère être le défaut principal : l'horrible impression d'être devant du théâtre filmé. On est bien d'avantage devant une œuvre théâtral que cinématographique. C'est la raison qui empêche une réelle critique du film : comment porter un jugement cinématographique sur une œuvre qui emprunte beaucoup au théâtre. Premier problème évident : le scénario. Une seule chose quasiment le constitue : les dialogues. Ça parle, ça parle... ça donne des leçons... ça s'éternise (on en vient à regretter le cinéma muet). Non pas que les films doivent toujours être dans l'action, mais au cinéma, il est délicat de faire comme en littérature. Là où en littérature, les personnages peuvent s'engager dans de longues tirades ou monologues sans que l'attention du lecteur n'en soit affectée, le cinéma, art visuel avant toute chose, se doit de faire passer l'image avant le texte. Car les longues, longues phrases et aphorismes littéraires ne siéent guère aux personnages en chair et en os du cinéma. Bien avant le cinéma, les metteurs-en-scène de théâtre l'avaient compris : leur rôle est de rendre vivant le texte en se focalisant par exemple sur la gestuelle et la diction des comédiens. Ainsi, Pialat avant même de réaliser un mauvais film réalise une mauvaise mise en scène théâtrale. L 'intonation des acteurs ? Elle est plate, sur une seule note du début à la fin (même Bresson est plus vivant, réalisateur pourtant très austère). Les acteurs pourraient réciter l'annuaire que notre intérêt pour le film ne changerait pas d'un iota. La gestuelle des acteurs ? Excepté les rares scènes silencieuses, elle est inintéressante voire inexistante. On a l'impression qu'un fossé existe entre Depardieu, Bonnaire et Pialat comme si les trois n'arrivaient pas à s'entendre ni se comprendre. La profusion de dialogues rigidifie l'ensemble du film. On l'a bien vu, entre un ton monocorde et même donneur de leçon ainsi qu'un jeu d'acteurs bien peu physique et attrayant, ''Sous le soleil de Satan'' ne part pas gagnant. Encore moins quand cette surabondance de dialogues prend le pas sur le Cinéma. En se focalisant principalement sur le texte, Pialat en oublie tout simplement de filmer. Ce qu'il veut, c'est un minimum d'effets (de cinéma) pour se concentrer uniquement sur le texte. Dès lors, le film n'offre que des décors minimalistes et ternes (ce qui renforce forcément l'impression de théâtre), une photographie glacée (saisissons ensemble toute l'ironie du titre : le film baigne dans une lumière déprimante et grisâtre alors qu'il y est question de soleil) et surtout une absence de plan esthétique. Juste des champs contre champs, parfois des plans un peu longs et quelques gros plans. Et le pire, c'est que la logique de Pialat est cohérente : pas besoin d'esbroufe et d'effets de manche si le texte prévaut. Mais le texte doit-il prévaloir au point de totalement abandonner les partis-pris de réalisation. Non, dans les grandes adaptations théâtrales (au pif, les adaptations de Shakespeare par Laurence Olivier et Orson Welles), l'action et les intentions de réalisation sont là pour nous faire oublier l'impression de théâtre filmé. Ici, Pialat (et pas à partir d'une pièce de théâtre mais d'un roman) ne fait aucun compromis et appauvrie considérablement le potentiel de son ''film'' (si tenté qu'on puisse le qulifier de film). Pas sûr que l'austérité extrémiste procuré par l'absence de mise en scène soit une bonne solution pour faire accepter le texte au spectateur.

    Les bémols du film (scénario, direction d'acteurs et réalisation) ne sont donc pas isolés mais au contraire bien liés entre eux. Le scénario bien trop riche en dialogues complexes entraîne une direction d'acteurs bien trop rigide (les acteurs récitent, on a la sensation qu'ils n'ont rien compris au scénario). Et cette direction d'acteurs entraîne à son tour une congélation statique de la mise en scène. Le problème de ''Sous le soleil de Satan'' est présent dans une certaine tendance du cinéma français à privilégier les dialogues à l'image. Ces films poseurs et prétentieux, qui croient aborder des thématiques universels ont émergé avec plusieurs réalisateurs de la Nouvell Vague (comme Rohmer, dont certains films sont de redoutables somnifères). Il est à la limite possible d'être touché par les dialogues. Mais qu'on ne vienne surtout pas parler de monument de cinéma pour parler de ce film sans aucun invention visuelle (et qu'on invoque surtout le manque de moyen, les films de Bergman par exemple, eux aussi bavards et froids, sont milles fois plus riches esthétiquement que ce ''Sous le soleil de Satan''). Après le visionnage de ce film de Pialat, on comprend sa pique adressée au public cannois. Oui, pour faire un film pareil, il faut en effet détester son public et ne faire des films que pour soi-même et pour une poignée de cinéphiles bobos.
    Jonathan M
    Jonathan M

    135 abonnés 1 528 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 10 avril 2015
    Peut-on se faner, devant un texte réciter par coeur, dans la plus plate couture, comme une pièce de Molière? Le film mérité débat. Palme d'or, oui. Mais pourquoi? Yves Montand évoque un film qui, je cite : "élève le cinéma". Ce que j'en vois surtout, c'est un virage exotique de Pialat. Car après nous avoir installé dans sa zone de confort qu'est le réalisme, il nous laisse gager ici d'une expérience pour le moins...curieuse. Trop scolaire à mon goût, Satan n'a pas eu faim de mes yeux.
    loulou451
    loulou451

    123 abonnés 1 503 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 juillet 2009
    Un grand film de Pialat porté par le génie de Depardieu. Du grand art.
    GéDéon
    GéDéon

    89 abonnés 525 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 1 décembre 2022
    Palme d’or très controversée du festival de Cannes en 1987, ce long-métrage de Maurice Pialat est complétement insondable. Il bénéficie pourtant d’une réalisation correcte exploitant parfaitement les jeux de lumière. Les acteurs sont également parfaits, en particulier Gérard Depardieu qui semble totalement habité par une âme divine. Néanmoins, les codes mystiques du scénario demeurent très abstraits et nous éloignent du film alors même que l’histoire reste par moment hypnotisante. Ajoutons à cela plusieurs passages où les personnages semblent déclamer des textes appris par cœur sans dégager d’émotion et l’ensemble devient vite imperméable. Bref, il conviendrait certainement de visionner cette œuvre plusieurs fois, mais l’ennui prévisible rebute à un tel effort.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    704 abonnés 3 055 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 8 mai 2020
    Pourquoi Sous le Soleil de Satan, au-delà d’être une excellente adaptation du roman de même nom signé Georges Bernanos, est-il un excellent film ? Parce qu’il réussit à non seulement faire sentir le mal qui se diffuse lentement, mais surtout à rendre palpable et concrète sa présence par l’absence qui organise l’espace, par le silence qui définit les échanges, par l’incertitude qui gouverne les cœurs, constamment sur le point de vaciller. Le long métrage de Maurice Pialat saisit les trébuchements de ses personnages par une forme froide et figée dans un académisme recherché, traduction par l’image de l’ascétisme et le rigorisme alors en règle. Les pièces sont dépouillées, les intérieurs sont vides, les champs sont labourés, s’étendant à perte de vue mais écrasés sous des nappes de brouillard inquiétantes. Le mal couve là-dessous, là-dedans. Un homme surgit, propose son aide, corrompt. Il a pourtant le visage de monsieur tout le monde. Ne pas s’y fier. L’habit ne fait pas le moine. Et le religieux, en luttant contre Satan, en s’efforçant de croire en un Dieu qui n’est pas là, erre dans les lieux privés de vie et de lumière tel ce moine à la mer peint par Caspar David Friedrich. Nous marchons constamment vers l’inconnu, l’indéterminé, sans savoir si Donissan agit sous le joug d’une illumination transcendante ou, au contraire, de ses pulsions les plus obscures. Le film cultive la noirceur et les zones d’ombre : pourquoi Mouchette, une adolescente nous dit-on, a-t-elle l’apparence d’une femme adulte ? pourquoi le coup de feu ? comment expliquer la guérison de l’enfant ? la mort enfin ? Les questions sont soulevées, mais aucune réponse ne vient les clore. Sous le Soleil de Satan est une œuvre fascinante justement parce qu’elle refuse d’expliquer, de se justifier. Son mystère est puissant, son opacité envoûtante. Et ses acteurs, immenses, Gérard Depardieu en tête.
    Kubrick's Club
    Kubrick's Club

    41 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 27 novembre 2008
    Film mi-figue mi-raisin entre un propos intéressant sur les doutes d'un prêtre sur la foi et une réalisation beaucoup plus décevante. Gérard Depardieu et Maurice Pialat sont très justes dans leur rôle de prêtre mais le personnage de Sandrine Bonnaire est plus répulsif. De plus, la plutôt mauvaise mise en scène dessert l'histoire. Reste que la réflexion du prêtre sur sa vocation, ses doutes sur la présence du Bien en ce monde alors que nous sommes dans las années folles qui suivent la Première guerre mondiale, au grès des confessions, il perd ses illusions et voit "Satan prince de ce monde" marquant un "Dieu vaincu". Ainsi, le prêtre sceptique est quasiment l'unique intéret du film.
    hpjvswzm5
    hpjvswzm5

    46 abonnés 459 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 octobre 2013
    Ça fait déjà un moment que j'ai ce film dans ma besace, l'air de rien, et si j'avais bien évidemment envie de le voir, je ne me pressais pas vraiment (comme toujours quoi). Mais Samedi dernier, je me suis dis "allez, hop on se le met et on verra bien". Avant toute chose, il faut préciser que si j'adore le cinéma de Pialat, ce film me paraissais tout de même particulier. Pas seulement pour sa réputation et son parcours cocasse à Cannes en 87, mais pour son sujet. En effet, là où A nos amours ou Nous ne vieillirons pas ensemble s'intéressent au quotidien le plus banal, à sa cruauté mais aussi à sa beauté propre, ce qui en fait des films absolument magnifiques, là c'est tout autre chose. C'est un film sur la religion, un sujet qui me plaît mais qui semble s'éloigner totalement des autres Pialat que j'ai vu. Du coup je m'interroge : qu'est-ce qui a intéressé Pialat dans cette histoire? Ce côté presque métaphysique, la psychologie de ce personnage cherchant la vérité ultime sur la religion et le monde? Ouais, un peu, mais on s'en fout Pialat reste Pialat! Concrètement le film s'attarde sur le personnage du curé, qui perd pied dans ce monde qu'il pense corrompu par Satan. Du coup, comprenez son geste lorsqu'il rencontre Mouchette! (je ne dis rien) Honnêtement j'ai trouvé cette histoire intéressante, déjà parce que le film ne cède jamais au pathos, non il reste plutôt austère et simple. Ensuite parce que ce genre de personnages a une psychologie follement intéressante, c'est ni plus ni moins que le classique du personnage qui tombe va tellement loin dans sa croyance qu'il finit par devenir le contraire de ce qu'il était. Seulement je dirais que c'est presque ce qui m'a le moins passionné dans le film, au contraire de scènes absolument démentes. Oui l'histoire est très sympa (pas si compliquée d'ailleurs), mais ce qui reste monumental ce sont ces scènes de discussions entre les personnages qui durent et durent. Celle qui m'a le plus marquée est celle où Mouchette ("jouée" par une Sandrine Bonnaire assez hallucinante, je l'ai retrouvé avec un grand plaisir après A nos amours) vient parler à un type spoiler: après avoir tué son amant
    (je ne me souviens plus du nom du type). Cette scène dure et dure, on a pas de coupe, comme chez Kechiche on laisse la conversation intégrale, elle dure aussi longtemps qu'une vraie dans la vie, et là on peut voir le génie de Pialat, son sens de la mise en scène on ne peut plus simple qui va coller parfaitement à la situation sans en faire trop. Les acteurs ne semblent pas jouer, ils sont justes tout le temps, et là intervient le vrai si cher à Pialat. D'ailleurs la scène se termine enfin d'une manière plutôt intéressante, je ne dirais pas comment mais disons que c'était peut-être la meilleure façon de le faire. Aussi il faut parler de la beauté plastique du film. Alors oui c'est le degré d'appréciation le plus "basique", mais il n'empêche que la photo est super belle. Et Pialat a eu aussi l'intelligence de s'intéresser à ces personnages, de donner une ambiance austère que j'aime bien, il ne va pas en faire trop dans la reconstitution de l'époque, ça n'aurait aucun intérêt. A plusieurs moments j'ai eu l'impression de voir des époques différentes, surtout dans le bureau du type où se ramène Mouchette, j'avais l'impression que c'était plus "moderne". Mais encore une fois on s'en fout, c'est clairement le truc auquel Pialalt s'intéresse le moins. Et une certaine beauté ressort du coup par simple esthétique, par l'absence de musique ou par la longueur des scènes. Par exemple, vers la fin, quand le curé prend dans ses bras un garçon et le fait revivre miraculeusement, une sorte d'exorcisation (un peu comme dans Hors Satan que j'adore aussi) ba je trouve ça beau. Enfin je voudrais dire que ceux qui comme moi aiment Pialat et qui seraient rebutés par ce film, son sujet ne s'inquiètent pas on retrouve ici tout ce qu'on aime chez lui, et si je dois avouer préférer ses autres films pour le moment, ça n'en reste pas moins un grand film qu'il faut voir.
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