Le titre du film est emprunté à une expression de Jacques Lacarrière issue de son livre sur l’ordre cistercien, La plus belle aventure du monde. Ces quelques mots ont suivi sans cesse le réalisateur lors de l'écriture et du tournage mais ce n'est qu'au montage qu'il décide d'en faire le titre de son long-métrage : "Je suis conscient que je l’ai ainsi tiré vers un certain lyrisme poétique et politique - on n’est pas loin du slogan - mais c’était aussi une façon d’assumer une nécessaire ouverture, un nécessaire élargissement du film vers le monde contemporain, sans lesquels il aurait perdu sa force, si ce n’est sa raison d’être. Je crois profondément que le bonheur est tout sauf une notion périmée, en dépit de toute les déprédations de sens dont le mot a souffert et souffre encore".
Clément Schneider se réclame de cinéastes tels que Pier Paolo Pasolini, Manoel de Oliveira et Eric Rohmer pour leur théâtralité "qui n’est jamais distanciation ironique mais manière d’aborder le réel autrement que par le naturalisme ; inventer une forme, se déprendre des impératifs réalistes de la reconstitution, assumer la part de littérature dans le cinéma, articuler parole et sensualité des corps. Et contredire ainsi les clichés du film d’époque en mettant, comme je l’ai dit, la reconstitution à distance respectueuse de la mise en scène".
Si Un violent désir de bonheur se déroule durant la Révolution française, le réalisateur ne souhaitait pas la reconstituer de manière factuelle, historique et scientifique mais utilisé l'imaginaire qu'elle suscite et favoriser la fiction : "[...] il était temps de s’emparer de nouveau de cette histoire et de la raconter tel que j’en avais le désir, depuis l’endroit où je me trouvais : et ainsi de lui faire dire un autre récit, un récit apocryphe. Ainsi Un violent désir de bonheur se déroule aux confins du royaume, loin dans l’arrière-pays niçois, géographiquement et linguistiquement isolé de l’épicentre parisien qui est le lieu iconique de la Révolution... Raconter la Révolution par ses marges, par sa périphérie, loin du spectaculaire. À une échelle terriblement individuelle. Là où les révolutions opèrent véritablement, c’est-à-dire au coeur des êtres, des individus".
On peut entendre au cours du film des morceaux de The Last Poets, Patti Smith et Marianne Faithfull. Il s'agissait pour le réalisateur de créer des ponts entre le récit historique et le spectateur : "Choisir des titres rock des années 70 procède de ce genre d’écarts qui me paraît fécond et qui met une bonne fois pour toutes à distance toute tentation de croire à une représentation réaliste du passé. En outre, ces chansons – qui avant tout m’émeuvent et m’habitent pour certaines depuis longtemps - inscrivent le film dans une autre histoire des luttes et de leurs représentations. Sans aller jusqu’à dire qu’elles universalisent le film, il me semble néanmoins qu’elles contribuent à en élargir la portée".