Décidément, les productions Blumhouse se succèdent mais ne se ressemblent pas. En effet, chez tonton Jason, on a plutôt l’habitude d’appliquer à la lettre la même recette (on prend un concept avec du potentiel, on attribut un budget serré de quelques millions de dollars et on donne carte blanche au réalisateur) sans forcément chercher à innover au niveau du fond. Mais pour une fois, l’une de leur production a fait sévèrement parler d’elle à partir de son pitch plutôt accrocheur : et si un groupe de riches Démocrates libéraux organisait une partie de chasse contre des pauvres Républicains conservateurs ? On ne s’étonne donc pas que "The Hunt" fut repoussé, notamment après les massacres de Dayton et El Paso : dans un tel contexte, pas question de montrer un film où des gens se massacrent ! Mais alors, ce film mérite-t-il sa sulfureuse réputation ?....la réponse est sans conteste OUI !!! Nouveau film de Craig Zobel ("Les Survivants" et l’excellent "Compliance "), "The Hunt" commence de manière simple mais vraiment prenante avec nos inconnus se réveillant dans une clairière avec au milieu une caisse contenant des armes juste avant qu’un déluge de balles ne s’abatte sur eux…et dès cette mise en place, le film joue la carte de l’originalité : pendant près de 20 bonnes minutes, on ne ni le pourquoi du comment, ni qui est/sont réellement le(s) personnage(s) principal(aux). Une bonne petite dose de mystère qui vient titiller le spectateur assez pour lui donner envie de ne pas décrocher, d’autant plus qu’à chaque fois que la caméra s’attarde sur quelqu’un, il suffit de quelques poignées de secondes pour qu’il périsse…je ne me rappelle pas un tel concept depuis le réjouissant "Feast" ! Petit à petit le métrage se transforme alors en sorte de « rape & revenge » tout ce qu’il y a de plus classique, avant une confrontation finale apportant en conclusion une révélation incroyablement dingue et une morale qui sent bon le nihilisme. Si le fond est intéressant (avec notamment des allusions à la fable du Lièvre et de la Tortue bien trouvées, et un parallèle avec "La Ferme des Animaux" plutôt cocasse), The Hunt n’hésite pas à être impartial et ne prend jamais position pour un camp plus qu’un autre, se permettant de dégommer autant l’extrême gauche que l’extrême droite : il est tellement plus facile pour le scénariste de jouer la carte du doigt d’honneur pour tous que de chercher à proposer un dialogue de sourds…concept absolument GENIAL !!! Quelque soit le camp, on y trouve notre compte d'hautains, homophobes, avares, racistes ou misogynes afin de nous prouver qu’il y a des cons partout : une belle métaphore où la vision et les dires de chacun se mélange dans la stupidité la plus totale ! Et pour représenter ce « vain » combat, Zobel opte pour le style très gore en abordant les gunfights et les morts de manière totalement décomplexée : les corps sont mutilés, la chair transpercée et les têtes volent en éclats comme si on était dans un "Destination Finale". Un vrai régal pour tous les amateurs du genre ! Côté casting pas mal d’inconnus à mes yeux mais je fus très heureux de revoir la belle et charismatique Emma même si ce fut de courte durée (alors là, petit coup de gueule perso :
que vous preniez Emma Roberts OK, mais par pitié ne la faites pas crever dès le début : attendez le dernier acte mince alors, bouuuuh !!!!
). Les fans de "This Is Us" et "Mistresses" auront la joie de retrouver Justin Hartley et Hilary Swank nous propose une prestation aussi inattendue que joussive. Mais LA vraie révélation du fil, c’est sans conteste Betty Gilpin : tout en charisme et en humour, elle incarne une femme froide à l’aspect monolithique qui se révèle être une sorte de GI Jane ultra badass : une réelle « strong independant woman » qui ne semble jamais être une seule seconde en danger, qui adore balancer ses phalanges dans les dents mais sait tout aussi bien réfléchir, sans oublier de sortir de temps en temps de terribles punchlines ! Elle est carrément le rayon de soleil du métrage ! "The Hunt" ose donc taper là où ça fait mal tout en faisant réfléchir en même temps. Une jolie petite bombe comme j’en n’avais pas vu depuis un moment et qui se révèle très plaisante malgré sa durée relativement courte : un vrai survival comme on les aime avec un humour noir des plus jouissifs dont le seul véritable défaut est justement qu’il ne soit pas plus long. Un bon petit défouloir satirique parfait pour un bon moment de divertissement : faites-vous plaisir !