Une chose est certaine et incontestable, Raining in the Mountain (空山靈雨) est un délice pour les yeux ! J'avais déjà pu m'apercevoir du talent en terme d'esthétique de King Hu il y'a de cela quelques semaines - encore grâce à Arte - avec un autre de ses longs-métrages, le tout là encore, avec une once d'absurde et de gravité tel un entrelac mis à nu pour nos soins !
L'arrivée dans le temple qui fera office de lieu d'intrigue est d'ores et déjà d'un sublime majestueux ! Comment ne pas etre hypnotisé par un tel décors ? De telles couleurs, dans un mouvement qui magnifie ses actes, qui dessine et chorégraphie la moindre de ses pensées, de sa gestuelle et de la réunion de ses deux composantes. Un regard sur les petites choses, aucune peur des pauses, et une vive accélération dans ses emballements. La course des deux compagnons, dans ses vingt premières minutes, une fois de plus, avec une musique parfaite, colle à ma définition de cette perception.
La dérobe de l'objet, premier tourbillon laisse à mesure place à d'autres évènements intrinsèque à la collision de ces derniers. La lutte de pouvoir, des intérêts des uns et des autres devient une analyse à charge sur les intentions, manipulations et trahissons au profit d'une cupidité avide, belliqueuse, au détriment du commun ... Les notables en prennent un coup, les aspirants surtout ! C'est là, que Qiu Ming issu de la misère, ex-détenu, sans griefs, arrive dans cet instant de transition. Par son geste désintéressé, honnête, authentique et frappant d'humilité redynamite le cadre. C'est là, que King Hu choisit d'introduire une question, puisqu'il s'agit bien de çà, oui, La Justice !
Le film entame sa mue, se bâtit autour de l'ascension, du changements par des choix, d'un rapport de force juste et concis de l'histoire qui avance, avec droits et devoirs. Forcément les manigances politiques pour endigué ces décisions deviennent plus radicales, violentes, désespéré ... Les batailles qui interviennent son aussi belles plastiquement que dans ce qu'elles traduisent de cette perte de repère, de corps, d'habitudes qui s'extraient et qui de surcroit terrifie. King Hu en sacré coquin arrive à faire rire de ce qui est tragique, il capture le moment et en chasse les ondes de culpabilité, de réprobation pour une espèce de compromis ou la ligne n'est ni blanche ni noire, mais un mix de ses deux teintes.
Un film beau, intelligeant, drôle mais dans le fond assez terrible ...