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Un visiteur
5,0
Publiée le 20 juin 2012
Très intéressant film d'Alexander Abela, ancien océanographe, qui se rend dans un petit village de pêcheurs isolé à Madagascar pour y tourner une adaptation du Macbeth de Shakespear.
Les personnages, villageois n'ayant jamais vu de film, restent la plupart du temps cloîtrés dans un silence qu'ils ne brisent qu'en cas de nécessite. Marque d'une vie simple et d'un sens des priorités. Ce mutisme, couplé à l'absence de musique extradéigétique, donne lieu à une ambiance particulière, rythmée par le son du vent, des vagues et des éléments environnants. Pour autant, les quelques scènes de chant renforcent parfaitement la particularité de cette ambiance, notamment le "chant de la mort" impressionnant de réalisme de part son utilisation du souffle et des intonations. La monotonie est cela dit évité grâce à une habile mise en abîme qui permet une semi-narration. La photographie, d'un noir et blanc très lumineux, n'est pas sans rappeler celle du Chant des oiseaux, en particulier lors des scènes dans les dunes de sable. L'impressionnant scène de la mise à mort du zébu est quant à elle un parfait mélange entre la scène du cheval d'Andrei Roublev et du taureau de Bled number one. Les visages des personnages sont à la fois durs et humains. Leur jeu est parfaitement juste, d'un naturel amateur et innocent qui illustre parfaitement la thèse de l'acteur en tant que modèle de Robert Bresson. Leur malgache côtier possède un accent si prononcé que l'on pourrait presque parler de dialecte. Seuls quelques mots restent reconnaissables.
Une très belle découverte où l'on ressent, au-delà du film, une volonté de découverte, de partage, de témoignage d'un mode de vie, qui a probablement été permise par l'ancien métier du réalisateur et qui me donne très envie de me plonger un peu plus encore dans le cinéma ethnographique.