C'est le Français Pierre Perifel qui a été choisi par DreamWorks pour réaliser Les Bad Guys. Il est surtout connu pour avoir mis en scène les courts métrages primés Bilby (2018) et Le Buiding (2005). Par ailleurs, il a oeuvré comme animateur sur les trois Kung Fu Panda, Monstres contre Aliens ou encore Shrek 4 : Il était une fin. Il raconte :
"Je viens de l’école des Gobelins en France et il y avait plusieurs animateurs français partis aux USA qui me faisaient rêver. Et j’avais envie d’apprendre d’eux toute la magie de l’animation. A la fin de mes études aux Gobelins, j’ai fait un court qui a attiré l’attention de DreamWorks et ils m’ont contacté."
"En fait, j’ai quasiment fait toute ma carrière dans l’animation chez DreamWorks. J’y suis depuis 2008 et j’ai commencé en tant qu’animateur, ce que j’avais fait un peu en France auparavant. Les choses se sont faites petit à petit. D’animateur je suis passé superviseur puis directeur d’animation. J’ai été aussi storyboarder et designer."
Bad Guys tiré d’une série de livres australiens pour enfants née de la plume de Aaron Blabey. Le cinéaste Pierre Perifel précise : "En fait, le but n’était pas de faire totalement de “la sauce DreamWorks”. Aaron Blabey, l’écrivain, n’était pas un dessinateur à la base et donc ses illustrations sont très simples. On ne pouvait pas les adapter telles quelles. Et je me suis donc mis au travail pour trouver un style d’illustration animé non classique et pas dans la lignée de ce que l’on voit chez Disney ou Pixar ou même chez nous à DreamWorks."
En 2018, Pierre Perifel a réalisé un court métrage Bilby pour DreamWorks et a, dans la foulée, demandé au célèbre studio de pouvoir s'attaquer à un long métrage. Il confie : "Je suis alors tombé sur le projet de Bad Guys tiré d’une série de livres. Quand j’ai vu la couverture du premier livre avec les 5 animaux crapuleux cela m’a fait penser à Reservoir Dogs. Du Tarantino pour les enfants !"
Pierre Perifel explique : "C’est un concept ultra fort avec cinq animaux iconiques et j’ai tout de suite eu une vision de ce que cela pouvait être en long métrage. Donc le pitch c’était de faire un film de Tarantino mais pour les enfants. Ou un Ocean's Eleven pour les enfants. J’ai tout de suite fait une bande-annonce sous forme de story-board pour mieux montrer ma vision de la chose. J’ai également fait une présentation détaillée et le studio m’a alors donné le feu vert pour lancer la production du long métrage."
Les dessins épinglés au mur de la jeune fille lors de l’invasion des cochons d’Inde ont été dessinés par les enfants de plusieurs des membres de l’équipe.
Au niveau du design, Pierre Perifel revendique pour influences Albert Uderzo et André Franquin, mais aussi Akira Toriyama pour Dragon Ball ! Il précise : "Pour moi c’était de ramener une imagerie beaucoup plus illustrative. Il n’y a pas de lignes droites dans notre film, c’est comme une peinture : c’est totalement déstructuré. On a mélangé de la 2D avec de la 3D en rendant les choses visuellement simples et claires. Ceci s’adapte très bien au style de l’histoire. Pour moi, la 3D est trop ultra réaliste et ce n’est plus ce qui m’intéresse en animation."
Côté bande-originale, Pierre Perifel a choisi le compositeur Daniel Pemberton, à qui l’on doit Spider-Man : New Generation, Venom, Ocean’s 8 et Birds of Prey. "C’est un Anglais ultra cool. J’ai d’ailleurs assemblé, pour ce film, un mélange d’artistes américains et européens pour que cela donne une autre sorte de film plutôt hybride, avec un look différent inspiré aussi bien par les mangas que par les réalisateurs que j’ai mentionnés", note le réalisateur.
Le visage sur les billets de 100 dollars dans le film est celui de Marie Cohn, la présidente de DreamWorks.
La musique du film a été enregistrée en une unique session, avec un orchestre comportant plus de 70 musiciens. On peut y entendre des instruments très inhabituels, comme une flûte Bansuri, un Mellotron ou un synthétiseur Moog. Il a fallu plus de 4 000 prises pour finaliser l’enregistre ment de la musique du film.
Côté influences cinématographiques, Pierre Perifel revendique Steven Soderbergh, Guy Ritchie, Quentin Tarantino et Luc Besson.
Il a fallu 6 ans en tout pour boucler Les Bad Guys (3 ans de développement et 3 ans de tournage) et 268 987 panneaux de storyboards individuels pour une équipe de 423 personnes.
Le film a permis la collaboration d’artistes de 4 pays différents : les ÉtatsUnis, La GrandeBretagne, la France, et le Canada.
Il a fallu plus de 80 sessions d’enregistrement pour les voix, dont 69 ont été menées en distanciel en raison de la pandémie de COVID-19.
Le film s’est visuellement inspiré de 10 quartiers de Los Angeles et d’un de ses monuments : la L.A. River, le centre ville de Los Angeles, Mid City, Miracle Mile, Echo Park/Silver Lake, Pasadena/Highland Park, Elysian Park, Malibu, Santa Monica, Chatsworth et Century City.
Le dîner de première du gala, est inspiré par Pulp Fiction de Quentin Tarantino, d’une durée de 2 minutes 25 et avec 7 cadres, c’est le plan séquence le plus long de l’histoire de l’animation chez DreamWorks.
Il a fallu 25 versions différentes avant de finaliser la garderobe de M. Loup et son costume blanc immaculé.
"L’humanisation" des animaux est souvent présente dans le cinéma d’animation. Pierre Perifel explique pour quelle raison : "Cela permet de mettre une légère distance quand on parle en fait de nos problèmes d’êtres humains. Au niveau animation, de les humaniser, cela nous permet de les animer d’une manière plus poussée et plus caricaturale, cela libère vraiment notre animation."
"Cela permet de mettre en avant des émotions encore plus fortes. Ce que l’on a fait avec Les Bad Guys c’est vraiment un mélange entre le monde des humains et le monde de ces animaux. Ces animaux sont une métaphore du méchant qui n’est pas vraiment méchant."