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    An Elephant Sitting Still
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    26 critiques spectateurs

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    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 389 abonnés 4 208 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 décembre 2018
    Après s’être imposé le documentaire « Les Âmes Mortes » et ses huit heures et quinze minutes il y a quelques mois, commencer l’année 2019 avec un drame chinois de près de quatre heures ne nous faisait pas peur. « An Elephant sitting still » dresse le portrait d’une société moderne mais anéantie par son égoïsme et son manque d’empathie. Une relation infidèle qui mène au suicide, un harcèlement scolaire qui se conclut par un accident, une amitié détruite à cause d’un mensonge, un cuisinier mort par le feu à cause de mauvaises conditions de travail et la fuite de ses clients, un grand-père envoyé dans une morbide maison de retraite car il n’est plus utile à sa famille, une relation illégitime rendue publique sur les réseaux sociaux…Tout ça sur une journée. Hu Bo signe une œuvre de douleurs et d’amertumes. Un cri de colère avant de quitter définitivement cette société sans passion ? Hu Bo adapte à l’écran son propre roman. « An Elephant sitting still » est maîtrisé sur tous les points. La caméra est fluide, les protagonistes respirent la sincérité, la mise en scène est captivante au plus près de l’intimité des personnages et finalement ces quatre heures sont envoutantes. Malheureusement, ce premier long-métrage est le dernier, car Hu Bo s’est suicidé le 12 octobre 2017, juste après le tournage, il n’avait que 29 ans.
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    Dvoraïakowski
    Dvoraïakowski

    24 abonnés 14 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 janvier 2019
    Un chant du cygne éblouissant. Les frissons surgissent déjà et surgiront longtemps après, aux souvenirs des fulgurances si précieuses et lumineuses malgré la noirceur du récit, qui jaillissent de cette fresques de quatre heures - pleinement justifiées - en forme de dernier cri brut et sans concessions du réalisateur Hu Bo avant de se suicider à 29 ans. Un quatuor d’acteurs bouleversants et aussi seuls que dans un tableau de Hopper, sublimés par des plans-séquences d’une fluidité rare, des riffs de guitare électrisants et un mythique éléphant qui trône quelque part au loin dans la brume épaisse, solide et droit comme un moaï, encrage poétique à une forme de résistance ou peut-être de délivrance face à la violence du monde.
    traversay1
    traversay1

    3 647 abonnés 4 878 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 6 janvier 2019
    Pendant la projection d'An Elephant sitting still, il est impossible d'oublier que son réalisateur, Hu Bo, s'est donné la mort à 29 ans, une fois son film terminé, avant même sa présentation au public et notamment sa première à la Berlinale 2018. Il y a dans ce film dostoïevskien tellement peu d'espoir en l'humanité, à travers la grisaille de ces vies misérables exposées à l'écran ! Ce pessimisme est conforté, si l'on peut dire, par une vision terrible d'une Chine post-industrielle où les relations entre les êtres ne semblent plus pouvoir exister autrement que par la violence. Techniquement parlant, An Elephant sitting still est bluffant de maîtrise, d'autant qu'il s'agit d'un premier long-métrage, Hu Bo ayant adapté son propre roman. Longs travellings et sens inné du cadre, dans des endroits confinés ou des décors de terrains vagues, la noirceur de l'atmosphère est rendue avec une constante vision qui participe à un climat général quasi post-apocalyptique. Le cinéaste privilégie les scènes à deux personnages avec des conversations où de lourds silences marquent l'absence de réelle communication. Ou sinon, ce sont des cris; des injures et de la violence. Grand film, alors ? Peut-être sur la forme mais il a l'inconvénient majeur de durer 3 heures 50, ce qui est beaucoup trop, d'autant que les relations entre les 4 personnages principaux et leur environnement sont parfois opaques. Le récit tourne en rond fatalement, emprisonné, lui aussi, dans cette gangue d'obscurité infinie que rien ne vient contrebalancer si ce n'est ce fantasme irréel qui donne son titre au film. Noir c'est noir et il n'y a plus d'espoir.
    Bertrand Barbaud
    Bertrand Barbaud

    205 abonnés 396 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 janvier 2020
    Un film d'une suprême sensibilité, d'une terrible noirceur et d'un réalisme implacable. Cet unique film de Hu Bo restera, c'est sûr, dans l'histoire du cinéma. C'est un portrait peu glorieux de la Chine actuelle et d'une jeunesse atone, brutale, stupéfaite, meurtrie, pleine de rage contenue que nous montre ce jeune réalisateur. Le film est long, âpre, les plans sont tirés au cordeau, les mots sont lourds de sens mais l'amour des comédiens et la mise en scène d'une tenue impressionnante tirent le film vers le haut, vers une hauteur inespérée.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 097 abonnés 3 969 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 janvier 2020
    An Elephant Sitting Still est un sacré morceau de cinéma, non seulement pour sa lenteur et sa durée, mais surtout parce qu'il met du temps avant de se révéler. Disons qu'au cours du film j'ai tout d'abord été intrigué, puis un brin lassé, avant de finalement ressentir la portée du film.

    Le film m'a semblé être un savant mélange du cinéma de Béla Tarr et d'un film comme Behemoth de Zhao Liang. Je veux dire qu'on retrouve formellement ces long travellings en plan séquence qui suivent des personnages, sauf que ces personnages déambulent dans une Chine qui va mal, dans une Chine où il ne semble y avoir aucun espoir, une Chine où les villes sales, grises, sont aussi fascinantes qu'elles sont absurdes.

    Et franchement avant la fin du film que je trouve très belle, c'était plus les décors, l'architecture de cette ville, qui je ne m'abuse n'est jamais nommée, qui m'ont fasciné. Car si on suit plus ou moins quatre personnages dans ce récit choral, mais il y en a surtout un cinquième : cette ville... brumeuse, sale, inhospitalière... tout y pue la misère, la pauvreté et le désespoir...

    Voir les personnages être enfermés dans cette ville tout en cherchant à tout prix le moyen d'en sortir est profondément désespérant... Même si une ville un peu plus loin, avec son éléphant qui reste assis toute la journée peut faire office de lueur d'espoir pour les personnages.

    Mais ce désespoir a malgré tout sa part de beauté, la musique qui survient lors de ces travellings et qui fait naître un profonde mélancolie chez le spectateur. Franchement, j'aurais pu regarder un film de 4h juste avec ça... c'est absolument parfait et d'une grande puissance émotionnelle.
    Le film est donc lancinant, désespéré, et je me demande comment ce genre de film peut sortir en Chine, pire comment il peut être produit étant donné le portrait très peu flatteur qui est dressé ici de l'Empire du Milieu.

    Néanmoins je suis content d'avoir vu ça, parce qu'il est beau ce film, il arrive à raconter le désespoir d'un peuple (ou du moins d'une partie d'un peuple) à travers une histoire finalement assez universelle, celle de la pauvreté, de la désindustrialisation et c'est là que le film puise aussi sa puissance. Il est certes ancré dans un contexte chinois, mais il arrive surtout à parler à tous...

    D'ailleurs le film est tellement sans espoir que rien ne survit, pas même un petit chien... Et c'est pour ça que je trouve la fin fabuleuse, dans un plan large, hors de la ville, on voit dans le dernier plan séquence du film, comment à partir de rien, le contact humain, qui s'était totalement perdu, peut renaître.

    Et ça c'est beau.
    AZZZO
    AZZZO

    307 abonnés 814 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 10 janvier 2019
    Une ville, une journée et une caméra qui va de personnage en personnage. L'objectif de Hu Bo est de montrer que la violence se transmet par les mots et que rien ne peut l'empêcher sauf le silence et la résignation. Le propos est fort dans un pays à l'histoire tourmentée où de simples dazibao ont humilié et conduit des millions de personnes à la mort. Le film est très lent, très sombre, à la manière d'un Tarkovski. C'est un choix. On adore ou on déteste. La seule question est de savoir si les 4h sont justifiées et, selon moi, la réponse est non. C'est un film à thèse or les personnages se ressemblent trop : par delà leurs différence physiques, de sexe ou d'âge, ils manquent tous de caractère dans la mesure où ils sont incapables d'échapper à leur environnement et transformer l'histoire. On est loin de la réalité. C'est noir et pessimiste comme du Houellebecq mais il manque l'intelligence et le cynisme. Quoi qu'il en soit, c'est une oeuvre originale et atypique qui mérite d'être vue.
    jroux86
    jroux86

    7 abonnés 46 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 5 décembre 2022
    J’ai un ressenti un peu différent de ce que j’ai pu lire ici ou là au sujet du statut de ce film, en particulier vis-à-vis du suicide de son auteur. Je crains que par ce geste funeste, qui semble d’ailleurs lié à la réalisation de ce seul et unique long métrage, celui-ci n’acquière une sorte d’aura un peu usurpée – et donc un peu superficielle –, faisant oublier ce qui représente à mes yeux quelques errements, mais aussi et surtout d’indéniables qualités.

    S’il est vrai qu’il y a quelque chose de particulièrement troublant à regarder une œuvre à ce point hantée par la mort (nombre de répliques y font référence, j’ai par exemple en tête celle d’une passante, parlant vraisemblablement des jeunes en général, et lançant au personnage principal : « On vous fera la peau ! ») alors que son auteur se l’est donnée peu de temps après sa conception, je reste peu convaincu par la pertinence de la métaphore animale, fil conducteur du récit et trait d’union entre les personnages. J’y vois une référence bien trop explicite au cinéma de Bela Tarr, alors qu’il suffit de se laisser emporter par la longueur (la langueur !) et la virtuosité des plans-séquences pour comprendre d’où le cinéaste tire son inspiration. Il me semble que cette métaphore fonctionnait mieux dans Les Harmonies Werckmeister, voire même dans le final de la Dolce Vita, où l’inscription mythique du récit était porteuse de davantage de sens. An Elephant Sitting Still est un film qui, selon moi, trouve de l’intérêt dans son ancrage très contemporain, avec ce décor de cinéma fantastique (et naturel !) : une ville qui se désindustrialise, laissant ses habitants à ses installations rouillées, ses murs décrépis, ses gares sales. Un décor qui figure parfaitement la société délabrée dans laquelle évolue chacun des personnages. Si le récit avait sans aucun doute besoin d’un eldorado pour ne pas sombrer dans un nihilisme total, celui-ci pouvait peut-être prendre une autre forme que la citation probablement voulue par son auteur. Jacques Morice, dans sa critique parue dans Télérama, avance l’hypothèse que cet éléphant assis serait une image de Bouddha. C’est intéressant et plausible mais je n’ai personnellement vu aucun élément touchant de près ou de loin au sacré à l’intérieur du film.

    Après il faut reconnaître au jeune cinéaste des qualités indéniables, et le film est ponctué d’audaces assez remarquables. Le point de vue sonore, par exemple, est ici utilisé avec beaucoup de pertinence. La rumeur de la ville s’entend partout, quel que soit le lieu où se déroule la scène, en intérieur comme en extérieur. On me dira que d’autres l’ont fait. C’est vrai. Mais sur un film de 4h, cela produit son effet. D’autant plus que cette ville, triste et pourrissante comme dit plus haut, à une place importante dans le récit, son lent délitement semblant gagner peu à peu l’ensemble de ses habitants. La scène du combat avec le chien, laissée en hors champ, mais uniquement vécue du point de vue sonore est également assez marquante.

    Ce qui impressionne aussi, c’est comment le cinéaste passe d’un point de vue à l’autre dans une même séquence, passant avec beaucoup de fluidité de l’objectif au subjectif, comme dans cette scène où le personnage principal doit retrouver son ami dans un centre commercial ; la caméra épouse son regard avant de prendre du recul puis revient pour être les yeux du jeune garçon. C’est aussi le cas dans la maison de retraite, avec ce plan-séquence au ralenti, passant d’une chambre à l’autre et laissant apparaître des ombres qu’on devine être des vieux, perdus dans le surcadrage de la porte. Avant de passer à la chambre suivante, la caméra reste dans le noir du couloir, longtemps. Une scène digne d’une installation artistique qui trouve ton son sens à l’intérieur du récit puisque spoiler: c’est l’autre perspective pour le personnage du grand-père. On comprend dès lors qu’il préfère se projeter dans cette contrée bizarre de « l’éléphant qui reste assis toute la journée ».


    Finalement, si l’on ne peut que regretter la mort prématurée de ce jeune cinéaste, c’est que ce film était la promesse d’une œuvre singulière et artistiquement engagée (en atteste la longueur exceptionnelle de ce long métrage). Une œuvre d’autant plus passionnante que Hu Bo aurait eu le temps de se libérer de ses influences pour composer sa propre petite musique - un adagio triste, sans aucun doute.
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    174 abonnés 534 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 janvier 2020
    Un immense film ! An Elephant sitting still est pour moi l'un des quatre ou cinq plus grands films de ces quinze dernières années. Évidemment, c'est un film particulièrement exigeant : 3h54 passées dans une Chine désespérée où des quasi-quidam s'interrogent sur la culpabilité, le mal, le suicide en de longues scènes tournées en temps réel. Mais oui, quel film ! Le récit s'organise en une seule journée (puissance de l'unité de temps) comme un entrecroisement de destins de personnages liés par des événements plus ou moins tragiques : un mafieux connu pour sa violence mais brisé par ses échecs amoureux et le suicide d'un ami, un vieillard chassé de chez lui par ses enfants qui manquent de place, un adolescent qui cause un accident dans son lycée, et une de ses camarades prise entre sa mère à bout de nerf et son aventure avec le proviseur adjoint. De ces histoires croisées émerge une vision particulièrement sombre du monde, où tous se rejettent la faute de tout, avant qu'un personnage clé ne vienne révéler que même ces transferts de culpabilité n'ont aucun sens puisque le monde est absolument et éternellement mauvais. Toutes les cellules familiales éclatent, les jeunes que l'on croise finissent par ne plus croire en rien tant on leur répète qu'ils courent à la catastrophe, les seconds rôles passent leur temps à annoncer des drames aux héros. Et pourtant, le film est lumineux, car chacun des personnages principaux porte en lui une humanité hors du commun. Mais aussi parce que le récit s'apparente à un conte, parfois irréel et onirique, où revient sans cesse l'idée du jeu (le billard, jongler avec ses pieds, le volant de badminton, etc.) et surtout un récit où tout converge vers ce mystérieux éléphant assis que tous, pour des raisons différentes, veulent aller voir. Cet éléphant, symbole d'un monde fantastique où l'inexplicable et le futile viennent remplacer la violence et le matérialisme du monde réel. Pour servir ce récit, Hu Bo a trouvé des comédiens exceptionnels qui parviennent à être justes pendant des plans de 10 à 15 minutes, trouvant le tempo d'un dialogue des plus philosophiques et dont les visages sont aussi puissants que ceux qu'on voit chez Antonioni ou Bergman. La mise en scène est elle aussi à se damner. La photographie, d'abord, dans cette ville chinoise brumeuse aux tons bleus, gris et roses qui rappellent le film islandais Winter Brothers. La mise en espace surtout dont je n'ai jamais vu aucun équivalent. Hu Bo établit un rapport entre le réel et le filmé très singulier. Il parcourt la réalité d'un décor et de ses personnages dans les quatre dimensions, en de longs plans séquences particulièrement fluides (10-15 min, parfois plus) où il retrouve sans cesse les cadrages qu'il veut. Là il marque un temps de pause, de sorte qu'on a l'impression que c'est une suite de plans montés alors que tout est dans la continuité. Incroyable. L'usage de la musique enfin renforce la mise en scène, et le choix presque optimiste de la chanson de générique de fin est superbe. Bien qu'il dure 4h, le film vaut d'être vu deux fois (sans doute trois). La première séquence en devient encore infiniment plus belle, cela permet de bien mieux saisir la réflexion existentialiste du cinéaste, et on saisit à l'avance la trajectoire de chaque personnage. Un film immense, pour les amateurs de Michelangelo Antonioni, de Bela Tarr, de Nuri Bilge Ceylan ou de Jia Zhangke. Un monument à voir sur grand écran.
    Yves G.
    Yves G.

    1 500 abonnés 3 517 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 19 janvier 2019
    Un adolescent blesse gravement le caïd du lycée qui rackettait son camarade. Sa meilleure amie, qui vit seule avec une mère revêche, entretient une liaison adultère avec le directeur adjoint du même lycée. Son voisin, un militaire veuf et retraité, est expulsé de chez lui par ses enfants qui ne supportent plus la cohabitation.

    Noir c'est noir. Le cinéma chinois se plait à nous décrire un pays déprimant.

    "Le Rire de Madame Lin" (2017) : des enfants ingrats se renvoient la responsabilité de veiller sur leur mère vieillissante. "Have a Nice Day" (2017) : dans des paysages urbains sans âme noyés sous la pluie et sur fond de corruption galopante, des personnages sans foi ni loi se disputent un magot. "Les anges portent du blanc" (2017) : l'enfance malheureuse des deux gamines victimes inconscientes de la pédophilie d'un apparatchik sans scrupule. "Fantasia" (2014) : une famille est confrontée à la maladie du père leucémique.

    "An Elephant Sitting Still" s'inscrit dans cette longue généalogie. Deux éléments l'en distinguent. Le premier est le sort de son réalisateur qui, à vingt-neuf ans seulement, s'est suicidé durant la post-production donnant à son film une écrasante solennité posthume. Le second est sa durée : près de quatre heures à l'aune desquelles les documentaires les plus longs de Wang Bing ("À la folie" sur la déréliction du système de santé ou "Argent amer" sur la déshumanisation des usines textiles) font figure de court métrage.

    "An Elephant Sitting Still" a la main lourde qui ne laisse guère de lueurs d'espoirs dans la vie si triste de ses protagonistes. Durant l'unique journée où se déroule son action polyphonique, ils sont victimes de toutes les avanies qu'un esprit suicidaire peut concevoir. Si le film avait duré quatre-vingt dix minutes, on l'aurait adoré. Mais, passées les deux-cent trente minutes, abruti par l'ennui que des plans séquences étirés jusqu'à plus soif distillent, écrasé par les drames successifs qui s'abattent sans discontinuer sur les personnages, la meilleure volonté du monde et le respect dû aux jeunes génies suicidés capitulent.
    fornasetti
    fornasetti

    2 abonnés 42 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 janvier 2019
    Un chef d'oeuvre dès les premières images jusqu'à la fin du film sublime! Les presque quatre heures que durent "An Elephant sitig still" en état d'apnée... Un éblouissement.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 24 août 2022
    Dans une ville brumeuse du nord de la Chine, quatre personnages abîmés par la vie déambulent dans les rues, fuyant leur quotidien et les drames qui les poursuivent. Leur seule échappatoire, l'espoir d'un voyage sur une plage située à une centaine de kilomètres de chez eux, sur laquelle, dit-on, un éléphant attend assis, immobile, impassible face à son désarroi.

    Premier et dernier film du réalisateur Hu Bo, adaptant son propre roman, An Elephant Sitting Still est un testament dramatique. Dramatique car il dépeint des personnages incapables d'affronter la rudesse de ce monde, véritable métaphore du réalisateur lui-même, qui mettra fin à ses jours à l'âge de 29 ans, avant la sortie en salle.

    Durant 4 très longues heures, nous suivons les déambulations désabusées de ses personnages, que rien ne rattache plus ni au bonheur, ni à la vie. Caméra au poing, proche de ses acteurs, le film est un enchaînement de plans séquences parfois interminables, entrecoupés de dialogues ponctués de longs silences. Il faut savoir à quoi s'attendre avant de commencer cette aventure.

    Hu Bo capture la détresse du quotidien. L'impossibilité de vivre heureux dans une société détruite par l'égocentrisme et la solitude. C'est un hurlement de chagrin. Un ultime cri du cœur, désespéré et optimiste à la fois, une ultime tentative pour retrouver un peu de beau dans ce monde. Entreprise vaine. Le jeune homme succombe à sa dépression dès le montage du film achevé.

    Oeuvre éminemment politique et engagée, son auteur reste alors comme une étoile filante, un génie hyper sensible hanté par ses démons, dont il savait probablement à l'avance qu'il ne pourrait jamais les vaincre. An Elephant Sitting Still, c'est le vœu final d'un écorché vif, hurlant qu'on le comprenne enfin, conscient que les mots pour cela ne suffisent pas, et qui, seul et sans un sou, a choisi la caméra pour nous parler à cœur ouvert.

    Un film marquant, d'une noirceur insondable, n'oubliant jamais notre humanité commune, malheureusement insuffisante pour garder près de nous les désespérés dont Hu Bo faisait partie. Nous sommes orphelins d'un révolutionnaire du sens, du beau, du lien, alors faisons vivre ce chef d'oeuvre, et prenons soin les uns des autres.
     Kurosawa
    Kurosawa

    591 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 novembre 2019
    Impossible de ne pas penser à la mort de Hu Bo à la vision de "An elephant sitting still", film hanté par le suicide que commettra le cinéaste peu après la fin de la post-production. Tout le désespoir de Hu Bo est injecté dans ce film où le rejet du monde et l'impossibilité de s'appuyer sur les autres sont ressassés. Pourtant, le miracle qui s'accomplit est de ne pas atténuer la misanthropie ambiante et de ne pas pour autant tomber dans le misérabilisme. Hu Bo prend acte de la condition sociale de ses personnages, c'est-à-dire qu'il la décrit précisément sans s’apitoyer mais sans non plus faire preuve d'un excès d'empathie, il tient un regard objectif et attentif : les longs plans fixes deviennent ainsi un moyen de scruter les mots et la poursuite d'un plan-séquence qui devient mouvement une manière d'accompagner les fuites des personnages, leur reste d'espoir. C'est donc par la grande cohérence d'une mise en scène impressionnante – on a d'ailleurs de la peine à croire que c'est un première film tant la maîtrise formelle est évidente – et d'une écriture axée sur la force des situations que l'ensemble convainc. Moins intéressant quand l'errance est privilégiée dans une partie centrale quelque peu redondante, "An elephant sitting still" demeure conscient de ses forces et renoue dans le mouvement final avec des scènes de confrontations incongrues et captivantes qui débouchent sur un voyage étrange dont la finalité flirte avec l'absurde. On retiendra malheureusement ce film pour le destin tragique de son cinéaste mais aussi pour sa capacité à sublimer le malheur, à en saisir la force vive et à l'incarner dans une forme cinématographique juste, idéale.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    705 abonnés 3 059 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 septembre 2019
    An Elephant Sitting Still pose la question de la relation entre le geste artistique et le temps qu’il nécessite pour achever sa course, aussi langoureuse soit-elle. Combien d’heures, combien de minutes, combien de secondes seraient adéquates pour incarner le mal-être dans ce qu’il a de plus sombre et tortueux ? La réponse varie, évidemment, selon l’œuvre concernée ; mais une vérité paraît néanmoins surgir : il n’y a pas d’équivalence évidente entre le temps de l’art et le temps de la vie humaine. Forcément plus concise, l’œuvre oscille entre deux postures radicalement opposées : cristalliser l’instant par une focalisation limitée à de petites unités d’existence, ou alors embrasser une époque, un âge, un siècle, voire l’univers tout entier. Ces deux postures trouvent parfois l’équilibre idéal : Au-delà des Montagnes, par exemple, choisit un découpage générationnel et brosse un sublime portrait de femme déchirée sur les trois âges de sa vie. Hu Bo opte pour une immersion dans le quotidien et construit une intrigue qui, en quatre heures, se déroule sur un laps de temps court, comme reflet d’un présent qui échappe toujours aux protagonistes qui s’y agitent. Ce faisant, il se raccorde à une tradition cinématographique instaurée notamment par la Nouvelle-Vague et qui consiste à partager l’intimité d’hommes et de femmes captés dans leur routine. Et l’originalité de la routine, avec An Elephant Sitting Still, c’est de s’enraciner dans un monde défini comme terrain vague où agressivité et violence ont remplacé les rapports humains, où une philosophie pessimiste refuse à l’adolescent le droit à l’ambition et à l’espoir. Même le cadre scolaire renonce à son rôle pédagogique, n’ayant de cesse de répéter que les bâtiments ne vont pas tarder à être démolis. Dans ce champ de ruines s’activent des corps filmés de dos, rappelant au passage la démarche d’un Gus van Sant sur Elephant. Tiens, encore un pachyderme en guise de titre ! Hu Bo transforme cet enchaînement de personnages vus de dos en somme d’une seule et même personne, incarnation de l’adolescent chinois contraint d’errer sur cette terre qui l’a vu naître, pareil à un apatride. Pas un regard, d’ailleurs, ne rencontre de soutien fraternel : le cinéaste fait des dialogues des échanges manqués qui enferment davantage les locuteurs dans leur solitude fondamentale. Très instable, le long-métrage se joue des rôles-clichés qu’il met en place et désamorce l’attente du spectateur qui s’impatiente à l’idée de retrouver la scène que promet l’affiche du film, scène qui ne viendra pas. Œuvre hors normes dans son geste et pourtant assez normée dans sa conception du désespoir, An Elephant Sitting Still se traîne comme un vieil animal à l’agonie et qui n’attendrait que la mort. Une mort attendue comme le Messie et qui pourtant n’arrive pas. « En renonçant, tu finis par apprendre à vivre ici » : telle pourrait être la morne conclusion de ces presque quatre heures, il faut le dire, éprouvantes, pénibles et répétitives, mais dont le temps si long a su briser la distance traditionnellement tenue entre la fiction et le spectateur pour donner le crépuscule de l’humanité à vivre à ce dernier. Les dernières minutes s’affirment alors comme un sauvetage in extremis : c’est vers l’éléphant que marchent les personnages. Nous l’entendons d’ailleurs barrir avant le générique de fin. Faible, très faible lueur d’espérance. Ultime sursaut de vie – allégorisé par le jeu de balle – capable de rassembler les hommes au sein d’une famille de substitution, et qui resplendit dans la lumière avant de disparaître dans la nuit. Hu Bo mobilise le temps court pour créer une impression d’éternité, raccorde le vertige éprouvé par une poignée d’individus à ce fond commun de mal-vivre, de mal-être, de mal du siècle qui préoccupaient déjà, deux siècles auparavant, un poète comme Charles Baudelaire. Dans cette confusion des échelles jaillit une vision d’un pessimisme rare et d’une justesse crue, terrible reflet de nos sociétés contemporaines. Avancer, dos au mur.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 29 janvier 2019
    C'est un opus beaucoup trop long et, de fait, qui perd en intensité. Un scénario plausible mais l'ennui guette. Le jeu des acteurs avoisine l'impassibilité des marionnettes...L'ensemble est brouillon. Pour cinéphiles éclairés !
    Hotinhere
    Hotinhere

    571 abonnés 4 997 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 23 avril 2023
    Un drame existentiel mélancolique et hyper-déprimant, souffrant malheureusement d’un gros manque de rythme, qui suit les destins croisés de quatre personnages qui traînent leur spleen dans une ville sinistre chinoise post-industrielle.
    Une noirceur accentuée par le suicide du réalisateur pour son premier et dernier film.
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