Bien que son réalisateur affirme que Land est un film de fiction, le long métrage emprunte beaucoup au documentaire car il s'appuie sur de nombreuses recherches. Babak Jalali a en effet passé du temps dans des réserves indiennes aux États-Unis : "J’ai visité trente-et-une réserves, réparties sur une quinzaine d’États. Celle de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, a inspiré le film. Les acteurs qui jouent les Indiens d’origine sont de vrais Indiens. Il y a ainsi, dans le film, des comédiens professionnels mêlés à des non-professionnels, et je pense que ces non-acteurs apportent une essence documentaire au film. Pour autant, les scènes et les dialogues du film sont très écrits."
Iranien élevé à Londres, le réalisateur a toujours été intéressé par la culture et l’histoire des Indiens d’Amérique : "J’ai lu un article dans The Guardian : il s’agissait d’un reportage photo réalisé dans le Dakota du Sud, qui intégrait des statistiques. Ces images faisaient écho à ma ville natale en Iran (je viens d’une ville située à la frontière entre l’Iran et le Turkménistan), et les statistiques m’ont interpellé et choqué : sur les 40 000 personnes qui vivaient dans cette réserve, 90 % étaient au chômage, 88 % étaient alcooliques, l’espérance de vie des hommes était de 47 ans et de 49 ans pour les femmes, beaucoup étaient diabétiques, etc. Comment cela est-il possible au beau milieu d’un pays aussi riche que les États-Unis ?"
Par ailleurs, les Indiens ont souvent été représentés au cinéma mais rarement dans le monde contemporain et dans des films qui ne sont pas des westerns.
Babak Jalali a fait appel à la directrice de la photographie Agnès Godard, fidèle collaboratrice de Claire Denis avec laquelle elle a notamment travaillé sur Un beau soleil intérieur, Beau Travail ou encore Trouble Every Day : "J’avais très envie de travailler avec Agnès Godard depuis longtemps. C’est elle qui m’a suggéré de tourner au format 1.66. Moi, je souhaitais tourner en Scope, mais elle m’a convaincu. Sa suggestion reposait sur le fait qu’il y aurait peu de mouvements de caméra dans le film, qu’on allait montrer le caractère statique de ces vies."
Le tournage de Land a débuté un jour après l’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis. Un événement qui renforce le propos du film selon le réalisateur : "La question des Indiens d’Amérique est une question centrale depuis longtemps, mais celle des ostracisés, des gens qui ne sont pas raccord avec la perception générale que représente une culture dominante, ça, c’est une question très importante aujourd’hui, je trouve, à l’heure où l’on construit des murs entre les peuples. Ces gens doivent pouvoir prétendre aux mêmes droits, aux mêmes rêves que tout un chacun. Là, il y a urgence, pour moi."