Critique en forme de lettre à mon frère (cinéphage plus que cinéphile, mais assez exigeant, et potentiellement ouvert, si ce n'est son goût envahissante et restrictif pour la vraisemblance, qui pourrait le parasiter ici, bien évidemment) : "Voici un film qui m'a bluffé, de façon plus profonde et impactante encore que tout ce que j'ai pu jusqu'ici mentionner en termes d'expériences cinématographiques marquantes, spécifiquement dans la catégorie "mindfuckers" (tu sais, genre "Enemy", "Dans la peau de John Malkovitch", "Mr. Nobody", etc.. C'est "Je veux juste en finir", le nouveau film du plus génial et délirant scénariste : Charlie Kaufman. Imagine-toi "Mother!" (je crois me souvenir que ce film d'Aronofsky a une valeur sentimentale à tes yeux, puisque c'était, il me semble, le premier que tu voyais au ciné avec GG ! Et je me souvienne même la raison de ce choix radical - même si tu ignorais encore à quoi vous alliez vous exposer là ! LOL : c'était le seul à l'affiche qui était en VOSTFR, pour laisser à GG une chance de passer une séance potentiellement intéressante ! Et vous n'aviez pas eu à le regretter, du fait même que cette œuvre était inclassable, inouïe, en nous proposant un vertige, une transe, une descente progressive aux enfers, au fil de son emballement jusqu'aux confis de l'hystérie - quand bien même tu m'avais précisé que "le film se spoile tout seul dès son premier plan", chose que je n'avais pas eu à déplorer, étant généralement trop bon public, à suspendre farouchement mon incrédulité, à en ignorer +/- sciemment tous les indices exploitables livrés en pâture à notre convoitise d'impatient autodivulgâcheur contre-productif), "Mother!", donc, mixé à "The Visit" de Shyamalan, saupoudré du clip "Bachelorette" de Björk (le final, symbolique) et d'autres joyeusetés qui ne manqueront pas de te filer le tournis, positivement (j'en doute) ou négativement (réaction normale à un tel objet cinématographique non-identifié). Bref, je suis à peu près sûr que tu vas détester - comme 80% des téléspectacteurs -, mais je ne résiste pas à t'inviter à y jeter un œil, car ce fut pour moi un régal, une des séances les plus denses et intenses que j'aie connues, je crois. Je n'oublierai jamais ce film - contrairement à 80% des autres que j'aie pu voir ou que je pourrai encore voir...!