Ce film fascine et répulse. D'emblée tout de même, on voit la qualité et l'originalité du metteur en scène, du jeu d'acteur. Tout parait improbable, cauchemardesque. Un monde situé entre Jeunet et David Lynch. On cherche les références comme pour se rassurer, pour tenter d'identifier cet ovni. J'ai tout de même failli éteindre, tant les thèmes me dérangeaient. Liés à l'incommunicable entre les êtres, le vieillissement, la culpabilité, l'absurdité, le hasard qui régit une bonne partie de notre vie, quoi qu'on dise. Où va t'on, que fait on là, est ce que je perds mon temps?...Les interrogations des acteurs sont les notres. Nous sommes les passagers de ce film qui joue sur l'ineffable, dont on pense pendant longtemps que c'est un film gore de plus, une sorte de "nuit des morts vivants", avec ses scènes classiques sur la cave, les cadavres dans la grange. . Mais il cherche à représenter ce qui est normalement impossible à représenter au cinéma, et qui finalement y parvient. Les héros passent d'un âge à l'autre, et on ne sait jamais quel époque va descendre l'escalier. Le passé n'est jamais mort, et nous avons notre avenir sous les yeux. Notre psyché est la partie émergée de l'iceberg dont les autres ne voient que la partie extérieure. S'attaquer à cette partie cachée , fait de fantasmes et d'images sorties du néant de notre imaginaire et de nos fantasmes, met en position de danger le spectateur, qui ne veut se reconnaitre, et le rejet est compréhensible. Comme on a rejeté " les demoiselles d'Avignon". Au total, au fil des jours, on se dit qu'on a vraiment vu un chef d'œuvre. Et on garde comme une perle cette scène de danse, si belle, la seule esthétisant la jeunesse, dans le couloir du lycée. C'est cela que l'on recherche, toute notre vie. Pour cet absolu de bonheur, nous sommes prêts à supporter le reste, et hésitons à tourner le bouton du poste pou juste en finir.