« Inspiré d’une histoire vraie, le film « Hair » raconte le combat acharné de trois jeunes iraniennes sourdes contre l’opposition des autorités à leur départ en Allemagne pour participer aux championnats du monde de karaté à cause du code vestimentaire imposé : Le bonnet couvrant leurs cheveux, est autorisé, mais pas la voile pour cacher leur cou.
Poignant car tout au long de ce film, on voit leurs joies, leurs rêves, leurs espoirs s’écrouler à cause des barrières imposées par leur religion alors qu’elles sont croyantes et qu’elles tiennent à leur religion. Les actrices débordent d’énergie, à la fois de légèreté et d’intensité !
Leurs échanges en langue des signes iranienne ne sont pas traduits en sous titres français. Il faut avouer que j’ai ressenti le sentiment de frustration de ne pas pouvoir les comprendre, ni savoir de quels thèmes elles parlent, ni comparer aux signes français. C’est déroutant car on se sent démuni de toute information et exclu de leurs vies. Le réalisateur Mahmoud Ghaffari a-t-il choisi de ne pas sous titrer les dialogues en langue des signes iranienne pour nous mettre dans les mêmes situations d’incompréhension et d’impuissance qu’elles face aux personnes entendantes qui décident tout pour elles, qui prennent leur place ?
D’ailleurs, le film « Hair » n’est pas pour but de nous parler de la surdité et de leurs effets, ni de la vie quotidienne de ces trois jeunes iraniennes sourdes. Justement, c’est ce qui m’a fasciné le plus dans le film, c’est le thème de la communication, élément social qui nous permet de nous exprimer, de donner des avis, de poser des questions et même de contester. On voit avec désolation les personnes sourdes s’acharner pour se faire comprendre, en vain alors qu’elles ont plein de choses à dire, pleins d’idées à proposer mais les autres ne comprennent pas leur langue... , d’où la communication entravée entre eux !
Enfin, il me semble que le réalisateur Mahmoud Ghaffari ait repéré le lien de la surdité avec la place des femmes en Iran et aussi leur difficulté à imposer leurs voix, leurs avis, leurs idées. En effet, il dénonce implicitement les conditions de vie des femmes, en Iran, qui ne peuvent pas se défendre et qui doivent « ne rien entendre » ce que les hommes disent d’elles, et se taire comme ... des sourdes-muettes ! Face à l’oppression culturelle des hommes, les femmes ne peuvent pas se défendre ... comme les trois jeunes femmes championnes de karaté, sourdes ne peuvent pas dire pleins de choses, ni défendre leurs idées à cause de la barrière au niveau de la langue. Être femme en Iran, est alors aussi handicapant qu’être sourd au niveau de l’expression, l’opinion et la communication.