Le bulgare Milko Lazarov, on ne le connaissait (et encore !) qu'au travers de second rôle dans "Glory", le beau film de Kristina Grozeva et Petar Valchanov. En effet, "Otchuzhdenie", son premier long métrage en tant que réalisateur, n'est jamais sorti, ni en France ni ailleurs, n'ayant été projeté que dans des festivals. C'est en Iakoutie que Milko Lazarov est allé tourner "Aga" : la Iakoutie, un sujet de la Fédération de Russie, 1 million d'habitants sur 3 millions de km2, -40 °C en hiver. Tourné en 35 mm, uniquement en plans fixes, ce film s'apparente pendant 90 % du temps à un documentaire sur la vie d'un couple de vieux iakoutes vivant seuls avec leur chien dans une yourte au milieu du grand désert froid et blanc. Un pseudo documentaire loin d'être passionnant, au point que, pour tenir le coup on se pose des questions : par exemple, que donnent-ils à manger au chien alors que, manifestement, ils n'ont pas souvent de la viande à leur disposition et que le vendeur de croquettes le plus proche est loin, très loin. Sinon, il y a une vague histoire fonctionnelle avec un extraordinaire suspens : pourquoi le père en veut-il à Aga, sa fille ? Voulant montrer la coexistence d'un mode de vie ancestral avec le monde moderne, le réalisateur le fait avec de gros sabots, comme ces avions qui passent au dessus de la yourte, très haut dans le ciel. Beaucoup de gens s'extasient sur la beauté des images : franchement, la photographie n'a vraiment rien d'exceptionnel. Finalement, ce qui donne le plus d'émotion dans ce film, c'est l'adagietto de le 5ème symphonie de Malher, qu'on entend à deux reprises.