« Le film « Signer » nous offre un interessant et large regard sur des langues humaines. La réalisatrice Nurith Aviv explore un univers linguistique peu connu, celui de la langue des signes. Les langues sont diverses selon leur grammaire et leur syntaxe gestuelle. Nurith Aviv découvre combien la langue des signes est complexe parce qu’elle est visuelle, sans voix, riche d’innombrables informations et capables de tout décrire grâce aux différentes configurations de la main, aux émotions, aux expressions du visage, aux mouvements et au corps. Ces différents éléments d’expression font partie à la syntaxe de la langue des signes. Elle part à la rencontre de trois générations, sourds et entendants et aussi, des chercheuses du Laboratoire de Recherche de Langue des Signes de l’université de Haïfa pour parler des langues des signes qui ont émergé en Israël au début du dernier siècle. Plusieurs thèmes sont évoqués dans le film « Signer » : la langue maternelle, la transmission, la traduction, les langues des signes locales, la langue des signes israélienne sous le regard artistique, le théâtre physique.
Eh bien oui, il y a beaucoup d’éléments intéressants à découvrir et à connaître pour une durée d’une heure de film que j’ai même du le voir deux fois pour développer davantage mon regard critique après celui du spectateur fasciné et curieux des signes israéliens, sachant que la langue des signes française, LSF n’est pas internationale, et du regard des sourds sur leur langue des signes.
La première séquence du film « Signer » qui aborde le thème de la langue maternelle et la transmission, est tellement belle et touchante. On voit une grand-mère sourde, ses fille et petite fille entendantes, communiquer en langue des signes, une autre grand mère et son petit fils devenu interprète professionnel parler de leur parcours par rapport à la langue des signes. C’est magnifique de voir le caractère naturel et la force de la dimension désirante dans cette langue chez ces familles ! Le film « Signer montre aussi l’apport bénéfique de la langue des signes pour les bébés entendants qui sauront nommer les images déjà avant de parler. D’ailleurs, il est aussi intéressant de comparer les signes à travers des générations, c’est à dire que j’ai remarqué les signes des grand-mères sont plus saccadés, plus hésitants que leurs enfants. Leur vocabulaire est moins large, leur expression du visage plus figé. On a compris qu’elles ont subi la violence de l’oralisme durant leur enfance, vu que la langue des signes était interdite à cette époque. Il y a un témoignage révoltant sur l’apprentissage à l’oral : Si les enfants sourds parvenaient à oraliser, ils seront récompensés d’un bonbon comme .... des animaux !
Ensuite, l’analyse d’un interprète sur les langues des signes, je dis cette fois au pluriel, est étonnante et très pertinente. On découvre qu’en Israël, il y a plusieurs langues des signes : l’ISL, langue des signes israélienne « qui est écorchée, corrompue, expressive et dynamique », comme la LSF. C’est aussi une langue mixte d’immigrés allemands, marocains et algériens. Il y a aussi le hébreu signé qui suit les règles grammaticales et syntaxiques de la langue hebreu (comme le français signé). C’est étonnant car cette dernière langue est tolérée en Israël alors qu’en France, non pas du tout ! Et, on n’oublie pas les langues des signes locales, langue bédouin de Al-Sayid et celui de Kafr Qasem. Ces langues de signes locales sont émergées par le besoin de communiquer en famille, composée de plusieurs membres sourds.
Ces langues sont diverses selon la structure et la grammaire mais aussi les configurations des mains et les mouvements acquis par les différents aspects sociaux et culturels.
Enfin, la dernière partie du film « Signer » consacré au thème du théâtre physique pour apporter un regard artistique sur la langue des signes, est pour moi, un gros coup de cœur ! Le théâtre physique en lien avec la langue des signes, est une belle façon visuelle de voir et de regarder le Monde. Passionnant ! Wouah !
Pour terminer, le film « Signer » est un excellent film documentaire qui a bien réussi de concentrer beaucoup d’éléments sur les langues des signes, intéressants à découvrir et à savoir. J’ai également apprécié que la réalisatrice Nurith Aviv nous ait rappelé que « depuis, les langues des signes, sont peu à peu reconnues mais pas partout, et pas par tous » à la fin de son film. J’ai beaucoup aimé ce film documentaire ! Un seul regret : sa courte durée 1h) À voir ! »