Près de 10 ans après sa sortie, il était bon de revenir sur Thomas est amoureux, un film d’anticipation qui tentait, à sa son époque, d’imaginer ce que nous réserverait le futur via Internet. Véritable succès auprès de la critique et dans les festivals, et qui plus est un film culte, il est une véritable réussite du genre. De plus il est quand même ironique qu’une petite production Belge réussisse dans la science-fiction alors que rien que d’imaginer la sci-fi à la française fait loler (hormis, bien-évidemment, celle surréaliste Made in Godard ou Laloux).
Thomas (Benoît Verhaert) est un agoraphobe qui n’est pas sorti de chez lui depuis 8 ans, et n’y a pas non plus laissé entrer qui que ce soit. Ancien ingénieur ayant fait fortune, et vivant de ses rentes, il passe son temps à discuter par webcam, et n’a recours qu’au cybersex. Ayant cédé tout son argent à une société qui prend en charge les tâches qu’il ne peut accomplir, de même qu’une assistance — encore par visio — d’un psychiatre (Frédéric Topart), il se retrouvera piégé par une clause de son contrat qui l’oblige à progresser pour se débarrasser de ses troubles psychologiques. Forcé de s’inscrire à un club de rencontre, il tombera amoureux de deux femmes en même temps, une du club (Magali Pinglaut) ainsi que d’une autre, une prostituée pour handicapés (Aylin Yay). Voulant vivre son amour, étant las du cybersex, il se retrouvera face à ses démons et devra choisir entre sortir, ou pas.
Particulièrement bien imaginé, le film nous place dans la tête de Thomas, tout n’étant vu qu’à travers ses yeux, nous rendant témoins impuissants, incapables d’influer sur son comportement, tout comme lui.
L’écriture, particulièrement prenante, nous passionne et nous fait suivre les conversations de Thomas avec un réel intérêt, très souvent cynique par rapport à sa maladie, et envoyant chier tous ceux qui l’emmerdent, tranquillement protégé devant son moniteur. Jouant sur plusieurs plans, le film marie habillement drame, romance et anticipation, sans oublier une touche d’humour sagement dosée. Le film ne se veut pas non plus alarmiste, ne condamnant pas Internet, la seule personne en étant esclave étant Thomas, et personne d’autre. D’ailleurs, même s’il fait mouche en dénonçant une pratique un peu abusive des rencontres par Internet, il se projette beaucoup trop loin dans le futur pour que l’on puisse en juger certains aspects, comme le cybersex que l’on peut y voir, nécessitant le port d’une combinaison permettant l’interaction des corps à distance.
Bref, au-delà de la critique à laquelle on aurait pu s’attendre, le film s’avère plutôt être une romance surréaliste d’un homme pris dans un piège en porte-feuille.
Pour conclure, Thomas est amoureux est indubitablement un des films les plus visionnaires des années 2000, et malgré ses quelques fantaisies, s’avère être une approche inédite de la love-story, et a fortiori un film de chevet pour tous les agoraphobes (en plus de Les Associés de Ridley Scott).
A noter également que le film est quasi introuvable en DVD Z2 et qu’il vous faudra le commander en Z1 (import US).
Mention spéciale pour Benoît Verhaert, qui incarne Thomas, et qui malgré son absence totale à l’écran, sait se rendre crédible, et nous porter grâce à sa superbe voix, grave et apaisante.