Harvey Weinstein était sinon un génie, au moins un grand stratège du cinéma mondial. Ceux qui ont travaillé avec lui le reconnaissent sans problème et à son bilan on note des films comme « Cinema Paradiso », « Sexe, mensonges et vidéo », de nombreux Tarantino, « Le Patient anglais », « La Reine Margot » … Au fil de ses succès, son pouvoir ne cessait d’amplifier. Son égo démesuré a explosé très vite dans des relations privées, intimes, sentimentales, rarement consenties. Si elles l’étaient, c’était bien souvent sous la contrainte, les menaces, et la peur de ce despote qui recourait aux pires méthodes pour installer la crainte. Le consentement en fait n’existait pas. Ce qu’il nie est contredit par des centaines de plaintes à la police et témoignages dont certains figurent dans ce documentaire qui sans bouleverser le genre ni les révélations de l’affaire Weinstein, l’éclaire suffisamment bien pour en saisir toutes les nuances et les implications. Macfarlane ajoute à son média des enregistrements ad-hoc : spoiler: à sa deuxième rencontre avec l’individu, une jeune comédienne porte un micro de police. L’échange entre les deux ne souffre d’aucune ambiguïté. Et puis cette fameuse altercation avec une jeune journaliste, puis son tuteur lors d’une soirée mondaine. Des paroles mais aussi des images … Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Documentaire très manichéen avec dans le rôle du très méchant le vieux Harvey (on se croirait dans un Walt Disney). Pourquoi toutes ces femmes outragées aujourd’hui à charge contre Harvey ne sont pas parties avant de passer à la casserole ? Au moins Patricia Arquette a eu ce courage. En fait, ce documentaire est tellement à charge contre Harvey que ce dernier en devient sympathique. Le seul point positif : on échappe à Marlène Schiappa avec ses discours anti-mec.
Harvey Weinstein : ce nom vaut désormais à lui seul condamnation. Ils ne sont pas si nombreux ceux qui, dans l’opinion publique, ont atteint une si funeste réputation : Dutroux et la pédophilie, Papon et la collaboration, Lehman Brothers et la crise des subprimes…
Les innombrables viols et tentatives de viol dont ce magnat hollywoodien se serait rendu coupable ont provoqué une prise de conscience planétaire. C’est au lendemain de leur révélation par deux enquêtes quasi-concomitantes du "New York Times" et du "New Yorker" publiées en octobre 2017 que le mouvement #metoo a été lancé sur les réseaux sociaux – bientôt repris en France avec #balancetonporc.
Pas facile de faire le portrait d’un tel « porc ». Le documentaire de Ursula Macfarlane ne prétend pas à l’objectivité. Alors que le procès de Weinstein va se tenir et que le recueil des témoignages s’est probablement heurté au déroulement parallèle de l’enquête judiciaire, il ne donne guère la parole à la défense. Si l’ironie était permise, on dirait qu’il juge à charge plus qu’à décharge.
Aussi ne trouve-t-il guère de circonstances atténuantes au comportement prédateur du patron de Miramax sinon d’avoir été un outsider (« underdog ») avide de revanche sociale et un adolescent obèse et boutonneux dont les filles se moquaient. Si ce businessman de génie a, avec son frère, construit un empire et insufflé un grand courant d’air frais dans le cinéma des années 80 et 90 en produisant Soderbergh ou Tarantino, c’est en usant de méthodes inadmissibles. Rien ne devait lui résister. « C’était un homme qui n’acceptait pas qu’on lui résiste ». Dans les affaires… comme dans la vie privée.
"L’Intouchable" documente avec beaucoup de finesse l’hubris qui s’empare d’un homme ivre de puissance. Une hubris qui se caractérise d’abord par un comportement inadmissible avec ses collaborateurs, harcelés, humiliés, rabaissés. Une hubris qui se manifeste ensuite par un comportement sexuel prédateur : « ma puissance est si grande qu’aucune femme ne peut se refuser à moi ».
"L’Intouchable" documente aussi – c’est l’angle que le choix de son titre indique – l’omerta qui s’est installée autour de Weinstein. Shérif autoproclamé de la ville (Hollywood/New York), le producteur a, pendant vingt ans, fait régner sa loi sans que personne n’ose la dénoncer. Pendant tout ce temps, la rumeur est allée bon train ; mais personne n’a parlé, ni les collaborateurs terrifiés ni les victimes qui, lorsqu’elles faisaient mine de lancer des poursuites, devaient, sous la contrainte, monnayer leur silence en signant des accords de confidentialité.
Il a fallu un immense courage à ces victimes pour parler. Le point fort du documentaire est de les avoir retrouvées et de les avoir convaincues de témoigner. Sur une liste initiale de 600 noms, 400 personnes ont été contactées et 128 ont consenti à parler à l’équipe du film. Au final, 29 personnes ont été interviewées, nous indique le dossier de presse. Leurs témoignages sont étonnamment similaires. Pendant quarante ans, le modus operandi de Weinstein n’a guère varié. Il propose à une starlette, croisée dans une soirée, de le raccompagner dans son hôtel. Y voyant une opportunité extraordinaire pour sa carrière, elle accepte. Mais sitôt la porte de la suite refermée, Weinstein devient plus violent, usant de menace verbale et physique pour parvenir à ses fins. Certaines y concèdent, paralysées par la peur ; d’autres s’y refusent et réussissent à s’échapper.
Leur témoignage est glaçant : « J’imaginais qu’une femme violée se débattait et hurlait. C’est l’image qu’on s’en fait. Mais c’est faux. Je suis restée immobile. J’étais paralysée. J’avais peur de recevoir des coups. Je me suis dit que moins je bougerais, mieux ça se passerait. J’espérais que ça dure cinq minutes et que ce serait oublié. Mais je n’arrive pas à oublier »
Bien sûr, le documentaire de Ursula Macfarlane n’est pas sans défauts. On peut pointer le classicisme de sa forme, plus télévisuelle que cinématographique. On peut aussi lui reprocher son manque d’objectivité et considérer qu’il eût mieux fallu attendre la conclusion du procès de Weinstein pour dresser son portrait. Mais la stratégie de ses avocats étant de le faire durer au maximum – car espérer innocenter leur client est illusoire – il y a fort à craindre que la procédure ne s’éternise. Il y avait urgence à raconter Weinstein ; il y avait, plus encore, urgence à donner la parole à ses victimes. C’est chose faite. Et c’est tant mieux.
Le mérite de ce documentaire, c'est de permettre aux "victimes" de dire. Je devrais plutôt utiliser le terme de "proies", qui explicite avec netteté le mécanisme opérant, auquel recourt cet individu. Mais, il serait dommageable de réduire l'affaire Weinstein à la démonstration de ce qu'est un pervers narcissique. Ce qui importe ici, c'est de comprendre comment le système sociétal permet qu'un tel pouvoir s'exerce, se déploie et prospère à long terme. On est d'ailleurs surpris lorsque cela s'arrête, car alors celui qui brillait par sa puissance n'est plus qu'un vulgaire pauvre homme gras, repoussant, vulgaire, arrogant. Sa violence inhumaine, sa toute-puissance révélées au grand jour le font immédiatement déchoir de sa position. Comme si une autorité supérieure avait décidé que ça suffisait maintenant, qu'il devait être éliminé. La question est que c'est ce système, qui doit être dénoncé et empêché de se reproduire. Qu'un individu se fasse coincé n'empêchera pas les prétendants à la succession de se bousculer. La pudeur et l'humilité des femmes, qui ont subi les assauts de Weinstein, contrastent avec la grossièreté du personnage. On serait tenté d'y voir juste une déclinaison d'un "DSK". Des femmes sont réduites à n'être que des objets de consommation sexuelle d'un individu affirmant son pouvoir de faire être professionnellement ou à l'inverse de détruire une prétendante à la carrière d'actrice. Quel est donc ce rêve de "reconnaissance" auquel aspirent tant de femmes belles, intelligentes pour les conduire à se faire piéger dans les griffes d'une telle emprise. "Metoo" et "Balance ton porc" doivent devenir des remparts contre ce pouvoir patriarcal.
Le film se concentre sur l'affaire et ses victimes. Les témoignages sont poignants, variés et on échappe au "show américain" très démagogique et larmoyant. Bien sûr, le film est volontairement à charge. Mais j'aurais aimé avoir une petite partie dédié à la biographie d'Harvey Weinstein: son enfance, sa relation avec son frère et approfondir comment ce dernier a réagi face à cette affaire, comment leur relation a évoluée depuis, etc. Petit sentiment d'inachevé me concernant.
Comment ose-t-on s'emparer d'un sujet aussi sensible et en faire un tel torchon? On n'y apprend rien de nouveau, preuve s'il en est que la réalisatrice a surfé sur le sujet à la mode et cherché à faire du sensationnel bas de gamme. De plus, la musique sur les entretiens est insupportable, mais bon, il fallait bien meubler le temps tant il y a peu de matériel, et par exemple, on verra de nombreuses images de NYC ou autre qui n'apportent strictement rien. Une honte, même pas digne d'un téléfilm de série Z.
Le pouvoir et l'argent, les deux ingrédients qui font que certaines personnes, en général, des hommes, se permettent d'user, voire d'abuser, de cette situation pour dominer et obtenir, à n'importe quel prix, tout ce qu'ils désirent, sans se soucier de la situation qu'ils génèrent. Sans doute, le silence a fait que Harvey Weinstein a pu en toute impunité profiter de sa notoriété. Je ne sais pas si à Hollywood, les comédiennes sont encore assujetties à ce style là, mais heureusement les femmes de nos jours n'hésitent pas à parler, voire attaquer, et font appel à la justice. Ce documentaire n'est pas trop mal...et surtout a mis fin à la carrière de ce producteur.
Un documentaire passionnant sur le roi d'Hollywood, son ascension et sa chute, et comment une vraie révolution sur la place des femmes dans le monde à eu lieu suite aux révélations des harcèlements, viols et persécutions qu'il exerçait. Sexe, pouvoir, argent, viol, ça aurait pu être un polar incroyable mais c'est malheureusement la triste réalité d'un système qui a permis l'émergence d'un monstre.
Le Shérif, c'est le surnom que se donnait lui même Harvey Weinstein qui pendant des décennies a terrorisé sexuellement une multitude de femmes et notamment de jeunes actrices. Le documentaire peut s'appuyer sur le témoignage de certaines de ces femmes, mais ce qui est réellement édifiant, c'est le silence du milieu du cinéma pour qui les abus sexuels du producteurs n'étaient pas un secret. Dommage que ce documentaire reste dans une ligne classique, sans analyser plus profondément la personnalité et surtout l'enfance de ce prédateur presque intouchable.
Tout le monde aujourd'hui, dans la planète entière, connait le nom de Harvey Weinstein. Mais sa notoriété actuelle n'a rien à voir avec son métier de producteur de cinéma, bien que sans exercer cette fonction, elle n'aurait pas atteint ce niveau. Si ce nom est si connu aujourd'hui, c'est parce qu'il a été un prédateur méthodique de femmes pendant de trop nombreuses années, dans un silence assourdissant. Mais sa célébrité actuelle est inversement proportionnelle avec celle de ses victimes qui pour la plupart rêvaient justement de célébrité et de gloire dans une carrière artistique. Ce documentaire leur donne la parole.
Cet exercice de libération de la parole des victimes est un contraste saisissant avec le silence assourdissant qui a jalonné le parcours de Weinstein pendant de nombreuses années. Silence qui s'explique par le pouvoir accumulé par cet individu mais également par une société qui était encore dans une certaine naïveté par rapport à la problématique des agressions sexuelles.
Époque dans laquelle on pouvait tolérer le règlement amiable de faits qui avaient pourtant largement une qualification juridique d'ordre pénal. Époque où l'influence et l'argent pouvaient acheter bien des choses. Mais époque révolue ? On se pose la question.
Dans ce documentaire, les victimes viennent de tous horizons, de toutes les périodes de la vie de Weinstein. Bien avant le succès de Miramax, et pendant sa splendeur. On pourra toutefois regretter le côté un peu trop mis en scène et racoleur de ces entretiens en gros plans, où la caméra guette les larmes et le montage laisse planer des silences. Oui, l'émotion de ces femmes est authentique mais la mise en scène aurait gagné en davantage de sobriété.
Portrait 100% à charge du monstre des temps modernes, il offre également une réflexion sur les relations entre les hommes et les femmes, non seulement aux Etats-Unis mais dans le monde entier. Un film nécessaire pour la libération de la parole. Mais un film parcellaire pour qui veut avoir de l'exhaustivité sur cette affaire qui ne fait que commencer.