Prix spécial du jury à Cannes en 1958, Mon oncle est, avec Playtime, le meilleur film de Jacques Tati. Oeuvre de modernité et de changement, le film incarne une France irréelle et nouvelle. Avec humour et poésie, les aventures de Gérard et de monsieur Hulot sont un grand moment de cinéma. Et si l'on doit pour commencer tirer un hommage à ce classique du septième art, c'est indubitablement pour sa vision enchanteuse de la vie moderne. En effet, alors que la fin de la Seconde Guerre Mondiale symbolise le changement d'une Europe ruinée et d'une société mouvante, la maison de Tati représente celle de la nouvelle bourgeoisie dominante. Dans un milieu aseptisé et impersonnel, où la technologie emporte l'homme dans la société de consommation, le réalisateur dresse avec ironie deux faces d'une population. D'un côté, il y a les nouveaux riches, la famille de monsieur Arpel, et de l'autre celle de monsieur Hulot, habitant d'un quartier populaire dans la même ville que son neveu. Gérard, perdu entre ces deux mondes, nous montre clairement l'attachement qu'il éprouve à l'univers de son oncle. Bien moins populaire et humaine, la maison de Tati est une critique ouvertement ironique contre les nouvelles théories architecturales de l'époque, notamment celles de Le Corbusier, où la maison n'est plus au service de l'homme, mais où celui-ci doit désormais de plier à elle-seule. Mais le plus beau, c'est que le cinéaste illustre son anticipation avec poésie, humour et magie. En outre, la bande-sonore joue un rôle essentiel. Etant à la limite de l'inaudible, elle est l'essence même du cinéma de de son créateur, pour devenir une langue à part entière. Ce langage, celui de Gérard, représente son incapacité à comprendre le monde ses parents, détruits par leurs vies artificielles. Mais la compréhension entre le père et l'enfant naîtra lors du départ de monsieur Hulot, tel un éducateur humaniste éyant terminé sa tache, pour cloturer le film dans la majesté. Inoubliable.