Désolé. Le film le moins utile que j'ai vu de l'année…
La dystopie (récit qui se déroule dans un lieu et un moment imaginaire, pour donner de l'universalité au propos) ne s'improvise pas, surtout quand décrit une situation aussi caractéristique que celle de l'Algérie au plus fort de la décennie noire, quand les forces de l'ordre étaient soupçonnées d'autant de crimes que les terroristes. Rabah Ameur Zaïmeche nous montre des gens habillés comme des musulmans, qui parlent parfois sans accent, parfois en arabe, parfois avec un accent de notre midi franchouillard, et qui chantent des berceuses suédoises... sous des ciels méditerranéens, dans des décors urbains français... Quelques plaques numérologiques sont modifiées pour "oublier" que l'on est en France, d'autres non… On ne sait pas où on est, on n'y croit pas...
Ramzy Bedia joue un toubib contraint de soigner aussi bien des terroristes que des policiers dangereux. Il serait excellent si le rôle qu'on lui a écrit était crédible. Par exemple, on lui fait recommander à un patient de faire une radiographie du foie au lieu d'une échographie du foie… Deux fois de suite, il doit "finir" un patient avec un massage cardiaque à la fin d'une opération de chirurgie… Un peu trop !
Autre chose [quand le récit ne nous emporte pas, l'esprit critique reste vigilent], la caméra manque parfois de fluidité : pour nous montrer que Ramzy, après avoir été blessé, revient à la vie, Rabah Ameur Zaïmeche nous montre des flamands roses puis des chevaux sauvages (je me disais bien qu'on était en Camargue), le plan suivant nous montre une nuée d'oiseaux en l'air, on ne voit ni le sol, ni un acteur… Ne serait-ce pas la nuée d'oiseaux que l'on voit chaque fois que l'on passe près de cette décharge du coté de Gardanne ?
Les dialogues, eux, sont crédibles ; ils ressemblent à ce que se disent les gens normaux, ni très intelligent, ni très clair. C'est bien d'être parfois réaliste, mais que voulait bien dire Ramzy quand il dit à sa compagne "tu sais bien pourquoi je ne peux pas partir". Pourquoi ne peut-il pas partir ? On aurait aimé savoir…
Désolé, encore une fois.