Je ne m'attarderai pas ici sur l'aspect purement cinématographique du film de Menzies, puisque sur ce point, "Things to come" ne présente pas le moindre intérêt. Mise en scène bâclée,
jeu d'acteurs ridicule, musique étouffante et envahissante, et pour couronner le tout, des effets spéciaux qui ont bien du mal à cacher leur grand âge... On est très loin, à des années lumières, du Metropolis de Lang, sur le plan cinématographique. Cette comparaison n'est pas fortuite, puisque "Things to come" est considéré
comme la réponse britannique au chef d'oeuvre Langien. Bref, passons, Menzies n'était pas un grand cinéaste, point.
Le film peut donc mériter le coup d'oeil pour son scénario, signé H.G. Wells,
et le rapport qu'il révèle entre la Science et la Société dans les années 30. Sentant la guerre approcher, Wells voit la Science, et le progrès techniciste qu'elle engendre, comme une solution pour sortir de la guerre et instaurer un état de paix. Les nombreux plans (bien trop nombreux d'ailleurs vu leur inintérêt esthétique) sur les machines sont d'ailleurs une anticipation assez perspicace des 30 Glorieuses (qui apparaissent de plus en plus aujourd'hui comme étant en réalité les "30 Désastreuses"). Il n'y a qu'à la toute fin du film que Wells s'inquiète de ce progrès exponentiel et de la faible place qu'il laisse à l'humain, considéré dans toutes ses dimensions. On regrette que cette réflexion ne soit pas plus présente dans le film, et que Menzies ne nous ai pas proposé une critique plus intelligente et dense du progrès. Cette critique manque terriblement au débat aujourd'hui.
Je ne peux donc que vous conseiller de lire, ou relire, les travaux de Jacques Ellul. Ce n'est pas avec ce film que vous aurez matière à réflexion, et le reste ne présente aucun intérêt.