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    Burning
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    193 critiques spectateurs

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     Kurosawa
    Kurosawa

    587 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 septembre 2018
    "Burning" comporte une scène fondamentale à une meilleure compréhension de l'oeuvre, elle se situe au début dans un bar, où Haemi (Jeon Song-seo hypnotique) réalise un exercice de pantomime avec une mandarine irréelle devant Jongsoo (fabuleux Yoo Ah-In, dont le regard semble toujours fuyant) : elle lui explique qu'il ne s'agit pas d'imaginer la présence de la mandarine mais d'oublier qu'elle n'existe pas. Alors se pose le problème de la distinction entre visible et invisible, entre réel et imaginaire, explosée progressivement par une écriture qui joue énormément sur les ellipses et crée ainsi du hors-champ. Le tour de force du film est de proposer pendant près de deux heures et demi une suite de scènes souvent banales, dérisoires et donc tout à fait intelligibles tout en en faisant de grands moments abstraits, qui dérèglent notre perception. Ce vertige provient des visions contradictoires des différents personnages autour d'éléments simples et concrets (Haemi a-t-elle vraiment un chat ? Y avait-il un puits près de la maison où elle vivait enfant ? Ben a-t-il brûlé la serre qui se situerait apparemment près de la ferme de Jongsoo ?), dont l'importance n'est pas de connaître les réponses mais de constater le doute et d'interroger la nature du regard du personnage principal.
    Mais revenons à cette fameuse scène du bar dans laquelle Haemi, toujours elle, annonce à Jongsoo qu'elle s'apprête à partir au Kenya, un pays où l'on distingue "little hunger" (une curiosité commune) et "great hunger" (vouloir chercher un véritable sens à sa vie) : à partir de ces deux expressions, on se demande ce que souhaite le trio de "Burning". Disparaître, enquêter ou simplement s'amuser, il y aurait pour une classe prolétaire une envie de s’élever et, de l'autre, pour le jeune riche qu'est Ben, une culture du mystère et surtout une complaisance dans la superficialité. Grâce à la précision de la mise en scène dans la manière d'inscrire les corps dans le cadre, de montrer la gêne de certains et l'arrogante aisance des autres, Lee Chang-Dong raconte le degré d’insupportabilité qu'il peut y avoir entre deux classes sociales, toutefois réunies par le terrible vide existentiel dans lequel c'est toute une jeune génération qui est plongée. Sans jamais que le rythme ne s'accentue, le film restant toujours dans une zone indécise, flottante, la colère se fait ressentir et doit finalement trouver une forme d'expression, dépourvue d’ambiguïté mais ne levant toutefois pas le voile sur les multiples béances entêtantes créées. C'est un cinéma prodigieusement antonionien qui nous est proposé, car capable d'en comprendre les thématiques tout en les inscrivant dans des préoccupations sociales contemporaines et dans une forme singulière. Film froid en apparence mais brûlant en profondeur, "Burning" hante par son opacité, par l'indétermination de ses pistes et par la puissance des sensations procurées : une oeuvre importante que l'on n'est pas prêt d'oublier.
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    169 abonnés 533 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 août 2018
    Le battage médiatique entourant ce film le dessert sans doute. On crie au génie, on en fait la vraie Palme d'or de Cannes : cela crée une attente... et une attente déçue. La salle de mon cinéma d'art et d'essai de province était pleine, pleine de gens finalement désappointés... De fait, Burning est une chronique de l'Asie contemporaine comme il en sort 4 à 5 par an. L'étrangeté des personnages, la qualité de la mise en scène, la musique très réussie et les quelques clins-d'oeil explicites à Antonioni ou à Louis Malle font sortir un peu ce film du lot, mais c'est tout. Le scénario peine à pleinement convaincre : on attend pendant plus d'une heure le départ d'une intrigue qu'on croit imminent tant les protagonistes semblent bizarres, puis un événement a lieu sans que le spectateur en soit témoin et on s'achemine lentement vers un épilogue violent. Le récit tortueux nous permet de découvrir toutes les facettes de la Corée contemporaine (différentes classes sociales, différents quartiers, la ville, la campagne, la zone proche de la Corée du Nord, etc.). Mais le sens profond du film échappe, tant les actes des personnages restent inexpliqués. On conservera pourtant en mémoire l'image d'une femme dansant sur la musique de Miles Davis au soleil couchant. Et on ira revoir Poetry avec plaisir car c'était sans doute davantage réussi, non ?
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 343 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 septembre 2018
    Plus d’une fois ça m’est arrivé de me demander pourquoi le naturalisme dans le cinéma sud-coréen ne me dérange pas du tout alors qu’il me pose un véritable problème dans le cinéma français. Eh bien pour le coup, voir ce « Burning » de Lee Chang-Dong m’a rappelé un certain nombre de réponses. Alors certes, il y a toujours le plaisir du dépaysement qu’on peut avoir à se retrouver face à un film naturaliste étranger et qu’on a moins spontanément dans un cadre qui nous est plus familier. Malgré tout, au-delà de ça, accordons à la mise en scène de Lee Chang-Dong cette capacité à nous montrer quelque-chose sans pour autant nous l’imposer ainsi que cette qualité qui consiste à nous raconter une histoire sans pour autant l’enfermer dans un cadre rigide. Il y a de la rigueur, mais surtout il y a de l’aération. Ce n’est pas chaotique, c’est juste épuré. Et c’est là pour moi que se trouve l’écart abyssal qui existe entre un « Burning » et n’importe quel autre film Dardenno-Kechicho-Brizéen. Côté « français », le réalisateur ne va jamais cesser de gigoter sa caméra, casser ses lignes et ses cadres dont il nous dira qu’ils sont des prisons pour l’expression du cinéma. Mais à remuer ainsi pour rien, tout en imposant l’émotion par une focalisation outrancière sur la misère du monde, le réalisateur n’émancipe rien si ce n’est son propre ego. Il rappelle juste en permanence qu’il est là, qu’il est le maître des émotions, et que tout ce qui se passera à l’écran et dans nos cœurs lui sera dû. Dans « Burning », c’est tout l’inverse qui se passe. Les cadres sont stables, millimétrés et raffinés. Il cherche à épouser les courbes et les couleurs d’un espace dans lesquels les personnages mais aussi les spectateurs vont pouvoir vivre et évoluer. Même chose pour cette intrigue qui laisse souvent la place à l’interprétation. Rien n’est surligné. Rien n’est d’ailleurs explicitement certifié sur ce qu’il en est réellement des choses. ( spoiler: Haemi a-t-elle été tuée ou bien a-t-elle juste décidé de fuir sans laisser de trace ? Toutes les interprétations sont possibles. La montre laissée chez Ben peut-être la preuve qu’il est un serial-killer tout comme elle peut simplement dire qu’il garde un souvenir de ses conquêtes qu’il sait passagères. Le dernier appel reçu par Jongsoo de la part d’Haemi peut tout aussi bien être une tentative d’appel à l’aide comme une erreur de manipulation. Le chat récupéré par Ben est peut-être Chauffo… ou bien peut-être que Jungsoo a vu ce qu’il a voulu voir, interprétant tout ce qui allait dans le sens de sa perception biaisée.)
    Mais tout ça ne veut pas dire pour autant que Lee Chang-Dong ne nous dit rien par son film. Au contraire, « Burning » dit beaucoup de choses. Il se contente juste de le dire en allant, en posant les choses, en nous faisant cheminer à travers l’expérience que Jongsoo a eu de toute cette histoire. Cette histoire d’ailleurs est au fond assez simple (du moins sur ses deux premiers tiers) mais elle a fini par me prendre, et tout cela parce qu’elle m’a laissé une place pour m’y installer et y évoluer. Ainsi, oui, j’ai fini par comprendre le cœur du propos : ce fameux « burning ». Il ne s’agit pas de nous parler de ces flammes qui embrasent les serres en plastique ou les Porsche. Il s’agit plutôt de nous parler de la flamme qui ravage Jongsoo. Comment lutter contre cette situation qu’on ne maîtrise pas ? Contre l’envie de l’autre que la passion rend impossible à interpréter ? Contre ce rival qu’on hait forcément plus que de raison ? Contre la culpabilité d’avoir été nonchalant quand la cause paraissait acquise puis colérique et insultant quand la cause paraissait perdue. Ainsi les sens se troublent. Les interprétations finissent par aller dans l'orientation qui permettra aux flammes de sortir et d’aller ravager autre chose que soi. spoiler: Ainsi on est prêt à se convaincre qu’il devait bien y avoir un puits, même si la seule personne à le confirmer est la plus fantasque de toutes. On est prêt à se convaincre que l’ami Ben est un sadique, quitte à devoir s’appuyer sur des récits de serres brûlées qu’aucune preuve concrète n’est venue confirmer. On est prêt à se convaincre d’un meurtre même si tout cela ne repose que sur un appel, une montre et un chat. On est prêt à tout car on ne contrôle plus rien. Les brasier n’est plus circonscrit. Il brûle quiconque se retrouve à proximité. Et à la fin il ne reste plus rien. On est nu. On a froid. Et on s’en va vers le néant sans savoir de quoi sera fait demain.
    En cela, « Burning » ne raconte rien d’extraordinaire. Il ne prend pas fait et cause pour la lutte trendy du moment. Il ne cherche pas à prendre en otage nos sentiments ou nos émotions. Non. « Burning » est un film humble. Il s’intéresse à une chose simple et qui nous touche tous. Son histoire est banale, mais elle nous est ouverte. On ne nous impose rien. On nous laisse y respirer et y ressentir. Pas de leçon. Pas de message. Juste un partage. Ce film est tellement… coréen. Et je crois qu’au fond c’est ça qui différencie tant le cinéma coréen naturaliste du cinéma français naturaliste. A mon sens le problème ne vient pas du cinéma ou du naturalisme en lui-même. J’ai donc envie de dire : cinéastes français, prenez-en de la graine… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)
    Christoblog
    Christoblog

    830 abonnés 1 680 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 31 août 2018
    Le nouveau film de Lee Chang-Dong, cinéaste brillant et peu prolifique (son dernier film, le très beau Poetry, date de 2010), est à la fois délectable et insaisissable.

    Il commence comme une bleuette girl power : une rencontre fortuite, la jeune fille plutôt dégourdie drague un jeune homme timide. Elle couche tout de suite, a des préservatifs sous son lit et un chat qu'on ne verra jamais (mais qui existe probablement car il semble manger ses croquettes). Elle part ensuite au Kenya avec un autre garçon très riche, et à son retour les trois jeunes gens sortent ensemble.

    Lui dit brûler des serres en plastique, elle être tombé dans un puits quand elle était petite. On sent dès le début du film un vertige s'insinuer dans chaque plan : qui ment ? qui est qui ? est-ce que ce qu'on voit est bien la réalité ? Sans effet spécifique (et on reconnait bien là la patte de Murakami, auteur du texte dont le film est tiré), l'étrangeté s'installe dans chaque plan, en même temps qu'une sourde banalité.

    Vers le mitan du film, un non-évènement chamboule l'équilibre précaire du trio, et Lee Chang-Dong se complait alors à nous égarer encore plus dans une sorte de vapeur confuse en multipliant les embryons de révélations et les fausses pistes. Le film atteint alors un niveau de perfection qu'on voit rarement au cinéma et qui culmine dans deux scènes d'une beauté stupéfiante : la scène de danse au coucher du soleil sur Miles Davies et la scène finale (dont je ne dirai rien) incroyable de précision glacée.

    Les trois acteurs sont magnifiques, et la mise en scène est exceptionnelle de fluidité. Le film a longtemps fait figure de favori à Cannes 2018... avant de repartir bredouille, comme cela arrive parfois. La Critique Internationale l'a cependant récompensé, concrétisant la considération dont Burning avait bénéficié de la part d'une grande majorité de festivaliers.
    Ali R
    Ali R

    31 abonnés 43 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 10 avril 2019
    Film métaphorique au casting surprenant avec notamment Yoo Ah In (''Véteran'' de Ryoo Seung Wan gros succès historique au box office coréen et son prochain film avec Vincent Cassel) et Steven Yeun (série ''The Walking Dead'' et ''Okja'' de Bong Joon Ho).
    Dans sa nouvelle réalisation Lee Chang Dong parcourt une grande partie des thématiques sociales et économiques de la Corée du Sud. Les petits cailloux qu'il distille en chemin peuvent paraître anodins mais ces détails sont là pour mieux exprimer sa pensée et donner une force au FILM. L'esthétisme de l'image cadrée avec plénitude, la musique accrocheuse qui accompagne ainsi que l'atmosphère calme et pesante à la fois nous amènent dans un entre deux mastiquant notre cerveau jusqu'au clap final qui nous lâche en pleine volupté enivrante que l'on n'aurait eu envie de quitter. Car si le film dure 2h30, le temps défile tel l'écoulement d'une rivière. Et au final l'esprit est lâché en pleine nature en se remémorant l'ensemble de ces fameux détails que l'on aurait pu croire insignifiants mais je vous le répète ceux-ci forme un tout comme l'expression commune le dirait ''les pièces d'un puzzle".
    traversay1
    traversay1

    3 600 abonnés 4 870 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 août 2018
    A l'opposé de beaucoup de ses compatriotes cinéastes, Lee Chang-dong, d'Oasis à Poetry, en passant par Secret Sunshine, est un conteur à combustion lente, peu porté sur la pyrotechnie, qui oeuvre en subtilité et en délicatesse. La première heure de Burning est presque anodine, proche d'un marivaudage à la Jules et Jim, volontairement sans éclat, mais qui met déjà en scène les motifs d'un futur embrasement. Le film se tient loin de toute dramatisation et monte progressivement vers son acmé. Allumer le feu, Lee sait aussi faire mais ce ne sera pas avant d'avoir vicié peu à peu l'atmosphère et surtout d'avoir laissé l'imaginaire contaminer la réalité à moins que ce ne soit le contraire. Ce n'est pas un hasard si le principal personnage de Burning est un écrivain en devenir, ce qui permet de brouiller in fine quelques pistes et en même temps de rendre hommage à Haruki Murakami, auteur de la nouvelle dont est inspiré le film. La dernière heure est d'ailleurs très proche des ambiances favorites du romancier japonais, ce goût de l'étrange mélangé à un quotidien qui autrement serait d'une grande banalité. C'est assez rare au cinéma de voir un récit aussi maîtrisé à partir d'aussi peu d'éléments narratifs saillants, si ce n'est en son dénouement. Burning ne suscite sans doute pas autant d'émoi que Poetry, il reste un peu froid en définitive, mais il constitue une nouvelle preuve de la valeur d'un cinéaste qui compte parmi les plus brillants de l'époque.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 373 abonnés 4 180 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 juillet 2018
    « Burning » est un drame sur fond de thriller qui raconte le destin ambigu de trois personnages. Jongsu est un jeune livreur qui se fait interpeller dans la rue par Haemi une amie d’enfance dont il tombe amoureux. Celle-ci lui demande de garder son chat, que l’on ne verra jamais, le temps d’un voyage. A son retour Haemi lui présente Ben, un homme énigmatique et au passe-temps assez atypique. Une tension presque érotique et parfois intrusive rôde dans la mise en scène. Le cinéaste n’hésite pas à nous déconcerter lors d’une scène de sexe maladroite par exemple. Peu à peu, l’histoire s’impose comme une confrontation entre deux hommes pour une femme. Lee Chang-Dong prend son temps à décrire ses actions lors de longs plans séquences qui pourraient en rebuter quelques-uns. Pourtant ce style inspire une atmosphère presque hypnotique et « Burning » devient une œuvre psychologique moralisante sur la passivité des gens.
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    Freakin  Geek
    Freakin Geek

    249 abonnés 884 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 septembre 2018
    C’est un film presque inclassable que nous propose de découvrir le réalisateur Lee Chang-Dong avec Burning. Loin du thriller conventionnel, le film commence comme une tranche de vie qui résonnera probablement chez beaucoup de spectateurs qui auront vécu un peu la même situation. Alors qu’on aimerait pousser le héros à agir dans le bon sens, on sera surpris par la tournure que prend le film dans sa dernière partie qui nous tiendra en haleine jusqu’à son dénouement. Formidablement réalisé, le long métrage mériterait d’être décortiqué dans les écoles de cinéma tant il semble être truffé d’images remplies de symboliques. Et que dire de ce formidable trio d’acteurs que l’on a hâte de retrouver dans leur prochains films respectifs. [lire la critique complète sur FreakinGeek.com]
    Naughty Doc
    Naughty Doc

    914 abonnés 432 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 31 août 2018
    Presque 8 ans après "Poetry", Lee Chang-Dong revient à Cannes avec "Burning", grand favori pour la Palme d'Or et qui repart bredouille, malgré un accueil plus que favorable.

    Dans ce film de 2h38, on y suit Jongsu (Yoo Ah-in) , un livreur campagnard un peu gauche et quasi mutique qui retrouve par hasard sur Haemi, son ancienne voisine, qui va tomber amoureuse de lui (et réciproquement).

    Mais tout va changer lorsqu'à un retour de voyage humanitaire, Heami revient avec Ben, un jeune homme fortuné et mystérieux...

    Je n'en dirai pas plus, car Burning fait parti de ces films à infusion lente, où pendant une bonne heure on cherche vers quelle trajectoire le long-métrage très Hitchcockien va aller, mais où chaque détail compte à une compréhension globale de l'oeuvre.

    Cequi marque dans un premier temps, est la mise en scène ciselée et minutieuse de Lee Chang-dong, "filmant le vide" selon les propres mots du réalisateur. Chaque plan (alliée à la musique fugace de Mowg) instille une ambiance vénéneuse et captivante, extrêmement mystérieuse tout en n'allant jamais dans la complaisance.

    Le trio d'acteurs principal est excellent (mention spéciale à Steven Yeun, laissant son époque The Walking Dead derrière lui, renoue avec sa langue maternelle pour offrir une performance tout en subtilité qui montre toute l'étendue de son jeu), nous montrant trois personnages qui intériorisent souvent leurs pensées, et qui se mettent à tisser des rapports de force,qui vont changer la perception du monde autour d'eux (ainsi que celle du spectateur évidemment!

    En moins de 3h, Lee Chang-dong parvient à raconter énormément de choses par la seule force des plans, avec une gestion du rythme vraiment étonnante, qui montre toute son étendue dans la 2e partie du film, installant un climat de paranoïa, avec cerise sur le gâteau, un vrai discours sur un pays en ébullition, où lutte des classes, opposition entre passé et modernisme, liberté et dictature, "petite faim et Grande Faim"...

    Visuellement à tomber (n'allons plus jamais dire que le numérique c'est "moche"), utilisant également la lumière naturelle pour nous abreuver de séquences crépusculaires absolument somptueuses, Burning joue constamment avec le spectateur et utilise notre imaginaire pour conter son récit, entre thriller mental et critique sociale.

    Entre ruptures de ton et passages lyriques puissants, Burning est un excellent film sinueux, unique en son genre, qui distille son ambiance au compte-gouttes, jusqu'à sa fin qui hante durablement même après la séance.

    Puissant, abstrait, mystérieux et surprenant
    cinono1
    cinono1

    305 abonnés 2 058 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 août 2018
    Le film brasse les genres, joue sur les ruptures de tons, passant du film d'amour au drame existentiel en passant par le thriller. Il suit le parcours d'un jeune coréen et son incapacité à agir sur les évènements et sur ses proches. A la faveur d'un évènement, le film va basculer dans l'interrogation et montrer du doigt la fragilité de de que l'on construit. Le mystère est la sensation que semble rechercher le réalisateur en construisant son film en réverbération et en poussant le spectateur à s'interroger sur ce qu'il a vu. C'est un film étrange, fascinant, très sombre sur le devenir de la jeunesse coréenne.
    Carlos Stins
    Carlos Stins

    76 abonnés 657 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 30 août 2018
    Tout le monde semble acclamer « Burning » si bien que je me suis retrouvé décontenancé à la fin de la séance tant le film a provoqué chez moi un ennui profond. L’écriture est surement le point qui m’a le plus dérangé, le film passant d’une romance tiède et insipide dans sa première moitié à un thriller mou et prévisible dans sa seconde moitié. Les personnages sont assez clichés et difficilement supportables, on devine rapidement ce qui arrive au personnage féminin sans pour autant ressentir la moindre implication émotionnelle. Le récit se permet en plus de ça de nombreuses digressions dont je ne comprends pas l’intérêt tels que le procès du père de Jongsoo ou la rencontre de ce dernier avec sa mère. Je pensais alors trouver un intérêt pour ce film dans son esthétique et son atmosphère mais, là encore, j’ai été déçu. Même si le travail de la photographie et du design sonore est impressionnant, cette volonté poussée d’esthétiser chaque plan m’a paru assez gratuite et vaine, le film s’apparentant par moment presque à un clip publicitaire. Il est vrai qu’être sensible ou non à l’ambiance d’un film relève de la pure subjectivité mais je n’ai pas non plus trouvé de symboliques particulières ou de clef de compréhension donnant au métrage une dimension supérieure. Je suis peut-être passé à côté d’une grande métaphore ou d'une allégorie me permettant de saisir le sens de l’œuvre mais, en l’état, « Burning » m’a simplement laissé indifférent si bien que je comprends très bien pourquoi il est reparti bredouille de Cannes.
    dominique P.
    dominique P.

    839 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 31 août 2018
    C'est un thriller dramatique coréen qui est particulièrement réussi et excellent.
    Il est long et lent.
    Tout est dans la lenteur et la psychologie des personnages et des situations.
    Il y a clairement deux parties : celle où notre personnage principal rencontre une fille (une ancienne connaissance), passe du temps avec elle et un autre homme avec qui elle s'est liée d'amitié en Afrique lors d'un voyage puis la partie où la fille a disparu et que notre héros se pose beaucoup de questions sur cette disparition et va espionner l'autre homme.
    C'est un thriller tendu qui parsème petit à petit des indices.
    Cependant, j'ai trouvé qu'au milieu du film, cela devient un peu ennuyeux (notamment l'histoire des serres brûlées) mais rapidement ensuite cela se retend efficacement.
    L'intérêt principal du film c'est l'atmosphère et l'intrigue captivante.
    Aussi j'ai trouvé l'actrice très belle et lumineuse.
    Quand on a vu toute l'histoire, le titre du film "Burning" prend tout son sens.
    Sébastien D
    Sébastien D

    108 abonnés 545 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 5 septembre 2018
    C’est d’une beauté parfaite, c’est bien joué, bien réalisé, certains moments du film sont très intéressants, intrigants. Mais c’est affreusement long. Beaucoup de scènes auraient pu être coupées, des propos raccourcis. On en sort intrigué et interrogé sur plusieurs choses, et c’est super, mais les 2h30 ne servent à rien.
    orlandolove
    orlandolove

    135 abonnés 1 722 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 septembre 2018
    Dans son premier tiers, le film comporte quelques longueurs que viennent atténuer une mise en scène parfaite et des personnages intriguants. Néanmoins, "Burning" prend réellement son envol à l'arrivée du troisième protagoniste, joué avec grand talent par Steven Yeun. Le scénario tisse peu à peu sa toile pour ne plus nous lâcher. Au final, un thriller certainement un peu surestimé par la presse, mais qui reste très intéressant par sa méthode minimaliste.
    velocio
    velocio

    1 311 abonnés 3 140 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 28 août 2018
    6 films en 21 ans : contrairement à son compatriote Hong Sang-Soo, Lee Chang-Dong n'est pas un réalisateur particulièrement prolifique. Il faut dire qu'il s'accorde des pauses en dehors du cinéma, comme celle consistant à occuper durant un an, à cheval sur 2003 et 2004, le poste de ministre de la culture de la Corée du Sud. Peu de films, donc, mais des films qui marquent : "Peppermint Candy", "Oasis", "Secret sunshine" et, surtout, "Poetry", un film de 2010, tout en finesse, jamais ennuyeux, très riche d'informations sur la société coréenne, Prix du scénario du Festival de Cannes 2010. 8 ans après "Poetry", Lee Chang-Dong était de retour à Cannes, en compétition officielle, un film très attendu et, pour moi, très décevant. La première demi-heure, pourtant, donnait l'espoir d'un film du niveau de "Poetry", avec, en particulier, une pantomime riche de sens sur l'épluchage d'une mandarine qui n'existe pas : dans la vie, ce qui importe, c'est de ne pas croire que la mandarine n'existe pas ! Le problème pour moi, c'est que, par la suite, Lee Chang-Dong montre qu'il souffre du syndrome Abdellatif Kechiche : des plans étirés de façon déraisonnable ! D'où une histoire de jalousie qui pourrait se raconter en 30 secondes et qui s'étale sur 148 longues minutes. D'où ennui.
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