Patrick Cassir commence sa carrière en tant que directeur artistique. Très vite, il passe à la réalisation en commençant par le clip (Les Plasticines, Arielle Dombasle, Philippe Katerine, Camelia Jordana, Rose…), domaine qui lui vaut d’être nommé aux Victoires de la musique. Il prolonge sa carrière de réalisateur dans la publicité et réalise une vingtaine de spots pour des marques internationales (Fiat, Nike, Renault, Orange) et remporte en 2010 un Lion d’or, l’une des plus hautes récompenses dans l’univers de la publicité. Premières vacances est son premier long métrage : il l'a écrit avec sa compagne, Camille Chamoux, qui joue également l'un des deux personnages principaux.
Avec Premières vacances, Patrick Cassir voulait évoquer les valeurs au sein du couple : peut-on faire sa vie avec quelqu’un de très différent de soi, quelqu’un dont on ne partage pas les opinions politiques, ou la façon de vivre le quotidien justement ? Le metteur en scène précise : "Toutes ces choses qui constituent l’intimité : le rapport à la vie intestinale, l’obsession ou pas de la bonne santé, du confort, les façons de se coucher ou de ne jamais vouloir se coucher, les rituels ou l’absence de rituel... J’ai coécrit le scénario avec Camille, et il nous a semblé que les vacances seraient le contexte parfait pour évoquer ces questions : c’est le moment où toutes ces petites manières de vivre sont exacerbées, incontournables !"
Patrick Cassir et Camille Chamoux sont aussi partis de leur vécu pour écrire le scénario de Premières vacances. Le premier explique : "Je suis libano-grec, et lorsque nous avons eu un enfant, la famille de ma mère nous a invités à passer cinq jours dans un palace en Grèce. C’était censé être le top de notre année, la récompense après la naissance, mais très vite, nous nous sommes rendu compte que nous étions malheureux dans ce lieu normé, où nous observions beaucoup d’hostilité souterraine. Camille s’est entretuée avec plusieurs clients, a jeté dans la mer le sac à main d’une femme qui lui parlait mal, nous avons connu la « guerre des transats »… Nous avons commencé à écrire sur le monde du luxe en vacances, puis nous avons dérivé sur les vacances et sur le couple."
Patrick Cassir et Camille Chamoux ont choisi la Bulgarie comme cadre spatial de Premières vacances parce qu'ils voulaient un endroit qui ne soit pas encore tout à fait prêt pour le tourisme. Selon les deux co-scénaristes, la Bulgarie offre en effet des plages où la mer n’est pas tout à fait bleue, où le béton est plus présent que le sable, où la nourriture est un peu indéfinissable pour des Français. Le premier confie :
"En outre, la Bulgarie s’est ouverte au tourisme récemment et a construit des complexes touristiques un peu vite et n’importe comment. Elle offrait aussi la montagne, ce qui me permettait d’explorer les sports extrêmes. La Bulgarie fait partie des « nouvelles destinations ». Il y a une obsession de toujours « sortir des sentiers battus » ; après la Croatie, les gens partent en Albanie, au Montenegro, à Sarajevo… À vouloir être originaux, les gens finissent par partir dans des endroits parfois franchement hostiles au tourisme, ça me fait beaucoup rire !"
Patrick Cassir, Camille Chamoux et la chef décoratrice Samantha Gordowski ont passé deux mois en Bulgarie à se promener en voiture à la recherche des décors. Ils tenaient à trouver les décors les plus réalistes possible. Le metteur en scène se rappelle : "On a visité un tas de maisons et de gîtes en Bulgarie. La maison de Koukou est vraiment un logement Airbnb qu’on peut louer sur Internet. On l’a bien sûr customisé un peu pour muscler le malaise de Ben. J’avais aussi envie de jouer avec des comédiens bulgares : Koukou est une excellente comédienne, qui joue beaucoup dans des pièces à Sofia, mais l’acteur qui joue le groom de l’hôtel, lui, sort tout juste du Conservatoire d’art dramatique de Sofia."
Avec Premières vacances, Patrick Cassir voulait aussi explorer avec modernité les vacances d’aujourd’hui. Il confie : "Il y a le camp des « authentiques », qui aiment voyager chez l’habitant et qui refusent le statut de touristes, celui des backpackers qui font le tour des auberges de jeunesse et des guest houses du monde entier sac au dos, le camp de ceux qui cherchent juste la détente, le confort ou le luxe… Confronter Ben et Marion à ces différents types de voyage, c’était un peu le baromètre de leurs concessions : qu’auraient-ils choisi sans l’autre ?"
Comme Patrick Cassir voulait que sa comédie soit réaliste, il a laissé ses comédiens improviser. Il se souvient : "Nous avons beaucoup travaillé en amont avec Camille et Jonathan, puis sur le tournage, nous réécrivions les scènes quotidiennement. Je souhaitais, par exemple, que mes acteurs découvrent les décors au dernier moment pour capter leur réaction. J’ai même limité mes découpages parfois pour leur laisser le plus de champ possible. Au fur et à mesure du film, ils gagnaient en connivence et parvenaient à un niveau de jeu que je n’aurais pas pu imaginer à l’écriture. Il faut dire aussi que Jonathan Cohen est un maître en la matière. Il sortait d’une année de Serge le mytho, il était surentraîné !"
Côté bande-originale, Patrick Cassir n'a pas cherché à muscler Premières vacances par la musique. Le cinéaste précise : "La première qu’on entend est très importante, car elle donne son tempo au film. J’ai travaillé avec le groupe Low et je leur ai demandé de penser à un métronome pour cette première musique. Je voulais évoquer le fait que tout va très vite entre Marion et Ben au début : leur rencontre, puis leur départ en vacances. Je suis aussi très sensible au rock et j’avais envie de rock instrumental pour exprimer le voyage. Vers la fin, pour exprimer la solitude de Marion à son retour à Paris, j’ai choisi le groupe La Femme. Il y a aussi beaucoup de musiques bulgares dans le film, que je trouve très belles, mélodiques et nostalgiques."