Le réalisateur australien Abe Forsythe ne fait pas dans la fine bouche, afin de parler de zombies au milieu d’écoliers encore trop jeunes pour les impuretés. Pourtant c’est bien le contraste entre l’innocence et le trash que le fil tente de nous séduire. En vain, bien évidemment. Le jeu, emprunté au plus gros succès de Roberto Benigni, a ses limites, il est très compliqué d’articuler le récit à travers des enfants qui sont plus spectateurs qu’acteurs. C’est à se demander dans quel genre nous avons à faire. La réponse est quelque part entre celui du zombie et de la comédie romantique. Mais ce ne sont que des sujets mineurs, car le développement passe à travers des leçons de morale, telles des comptines que l’on trouve touchantes au premier abord, mais qui finissent par nous faire oublier pourquoi nous avons démarré le visionnage.
Tout n’est pas à jeter, car l’introduction maladroite de Dave (Alexander England), éternel loser en couple, dans sa carrière et sa famille, avait de quoi amorcer une romance, forte en comédie. Nous pourrions croire que les rires sont un remède et une grande qualité, mais cela dénature le ton horrifique du sujet, beaucoup trop, même pour imposer une cohabitation avec le jeune âge. Le personnage ne propose donc pas grand-chose, si ce n’est le bavardage et les jurons à tout-va, défiant tout de même le cliché, à défaut d’être raccord avec le thème. Ce n’est qu’à l’arrivée de Felix (Diesel La Torraca) qu’il incarne son père de substitution, chose trop explicite, notamment avec la présence d’un certain Dark Vador. Et malheureusement, ce sujet n’est traité que par fragment, ne couvrant qu’une infime partie de l’intrigue, car c’est bien Miss Caroline (Lupita Nyong'o) qui suscite tout l’intérêt d’une sortie scolaire qui ne vire pas réellement au drame, ironiquement.
Surprenante dans l’acting et les moments d’humanisation, elle constitue le guide maternel idéal pour des enfants encore innocents. Elle relativise le comportement de Dave et surtout d’un Teddy McGiggle (Josh Gad), animateur d’une émission pour enfant. Il aura beau chercher le ton burlesque, cela fonctionne rarement, faute d’une nouvelle collision de genres. Et même si les enfants sont à l’exact opposé de ce genre d’adulte, ils n’apportent plus rien, passé un certain acte. Nous aurions pu attendre plus côté mise en scène et en utilisation du décor. On finit par ressentir le côté niais de la chose, sans que la violence ou la haine viennent titiller l’esprit des jeunes.
« Little Monsters » passe donc à côté de son sujet, car le « jeu » s’essouffle aussi vite qu’il nous est présenté. Le point de vue de l’enfant est souvent mis de côté ou tourne en rond, ce qui brise un rythme qu’on aurait aimé préserver depuis une introduction captivante. La survie tutoie presque le non-sens, malgré les efforts d’Alexander England et de Lupita Nyong'o. Le ton est gentiment niais et ne cherche pas plus à se démarquer, si ce n’est dans la morale chantée.