Initialement, le zombie possédait une force et une signification forte, un côté dénonciateur qui faisait de l'horreur d'une telle situation, un reflet de bien des choses dans notre société et dans nos personnalités.
L'image de ce mort-vivant dans lequel toute individualité a été anéanti au profit d'une insatiable envie de chaire humaine peut dire bien des choses sur notre faculté à suivre le mouvement et à accepter notre condition sans rechigner, sur ce que nous sommes en tant qu'individu dans un groupe mais aussi sur notre réaction face au danger.
De Zombie à The Walking Dead, ce monstre décérébré, reflet de nos peurs, possède cette fascination qui pousse à la réflexion et qui a amené son lot de versions, qu'il s'agisse d'un virus, d'un retour à la vie, qu'il coure poussé par sa soif d'hémoglobine ou marche comme un être errant sans but.
Avec le temps, comme il est de coutume, le genre a trouvé des façons de se réinventer et parfois avec brio, en adaptant le message (28 jours plus tard) ou le style (L'armée des morts) mais bien souvent en lorgnant du côté de la comédie depuis un certain Shaun of the Dead.
Et quand ce parti-pris de faire rire ne se refuse aucune contrainte au sein de la morbidité carnassière ambiante, cela peut faire des étincelles. Malheureusement, pour ce Little Monsters, c'était sans compter sur l'imbécile qui venait d'uriner sur la mèche.
Si bien évidemment, le titre fait référence à nos petits chérubins qu'il nous prend parfois l'envie de qualifier de monstres lorsque nos limites ont été franchies, il n'est ici question que de gamins plutôt bien éduqués qui se font voler la vedette, surtout dans les premières minutes, par un adulescent à la sortie d'une relation. Sa présentation reste le point fort du film. Le démarrage regroupe finalement les moments les plus drôles lorsqu'il débarque chez sa sœur et son filleul avec toute son irresponsabilité. Séduit par l'institutrice du gamin, l'inquiétante Lupita Nyong'o de Us, ici rayonnante, il s'embarque dans un petit voyage de classe un peu perturbé par une invasion de zombies.
Malgré cette sympathique idée de tout transformer en jeu pour que ses élèves soient épargnés par tant de brutalité, l'ensemble ne réussi pas à tenir bon. Quelques bonnes idées jalonnent un parcours aux embûches très relatives et les enjeux, au delà de ne subir aucune perte dans les rangs, restent mineurs. L'idée de cette petite classe verte était bonne mais le programme nous laisse avec un sentiment de facilité dans le déroulé des événements, sans tension particulière pour les gamins dont on sait déjà qu'ils en ressortiront sains et saufs, et sans véritables parties de franche rigolade.
Little Monsters est une comédie horrifique qui n'exploite ses deux styles qu'à moitié. Dommage car le côté pédagogique mêlé à cette petite virée champêtre sanguinolente dans un parc ingénieusement construit à quelques kilomètres d'une base militaire douteuse aurait pu donner quelque chose de réjouissant.