Hier, j’avais raté ce film proposé par la chaîne Arte. Et je râlais, du fait que j’aime bien Tony Curtis, Cary Grant et le cinéma de Blake Edwards en règle générale. Mais c’est à croire que les responsables chargés de la programmation de la chaîne m’ont entendu, proposant aussitôt une rediffusion immédiate en cet après-midi du 28 avril 2020, ce qui m’obligea à revoir mon emploi du temps de cette demi-journée. Merci au confinement. Bon eh bien je me fais confirmer à mon insu que rien n’arrive par hasard. Que n’arrive que ce qui doit arriver. Si je l'avais raté, ben je l'aurai raté. Cela m’aurait évité d’être déçu. Parce que qu’est-ce que j’ai été déçu ! Ça partait pourtant bien… La musique du générique donne le ton : la farce made in Blake Edwards est prête à appareiller, et ce avant même que les acteurs ne viennent occuper l’écran. Qu’on se le dise et autant le savoir d’entrée, "Opération jupons" n’est ni plus ni moins qu’une comédie de guerre, et même carrément un pastiche des films de guerre. Tout du moins durant tout le temps du flashback, lequel constitue plus de 90% du long métrage. Et je dois admettre que ça part fort. Très fort. Après une entrée en scène remarquée, Tony Curtis nous régale de sa roublardise, tant vocale que par les faits. Avouez que prendre les chemins détournés pour obtenir ce qu’on n’arrive pas à avoir en utilisant la voie hiérarchique normale est une sacrée bonne idée ! Venu illustrer une citation de Churchill, le coup du volant m’a fait éclater de rire, le conducteur de la jeep jouant super bien le coup. Les siphons, c’est pas mal aussi, mais c’est un copié collé du volant, donc moins surprenant. Et puis peu à peu, le film s’étiole, allant même jusqu’à perdre une partie de son âme malgré un scénario totalement loufoque clairement assumé. Le rythme perd de sa vitalité, les gags se poursuivent mais perdent en conviction et deviennent même pour certains répétitifs. En plus, le synopsis ment plus ou moins sur la marchandise, laissant augurer que l’intrigue va se tisser autour de ces femmes. En fait, c’est totalement faux, puisqu’elles ne font leur apparition qu’à grosso modo la moitié du film pour apporter de la matière à un scénario qui semblait déjà avoir fait le tour. Même si ces filles, charmantes au demeurant (surtout Joan O’Brian avec les pans de la chemise perpétuellement noués autour de la taille, mettant en valeur une poitrine à faire tourner en rond tous les marins du monde dans les coursives), permettent au scénario de garder le cap de la farce pour rallonger la boucle d’une heure de plus, elles ne viendront jamais occuper le devant de la scène largement occupé par un Tony Curtis qui certes se démène beaucoup mais qui peine à se renouveler malgré son sens inné de l’urgence et un Gary Cooper pas au mieux de sa forme. Pire, ce dernier semble avoir contaminé beaucoup de personnes autour de lui sur le plateau de tournage : tout devient paresseux. L’idée d’incorporer des femmes dans un sous-marin est louable. L’idée générale est bonne. Et même si je sais regarder les vieux films avec le regard de l’époque, je n’y ai pas trouvé mon compte, sombrant peu à peu dans l’ennui tout en mesurant l’ampleur de ma désillusion qui vint peu à peu me submerger. A cela je rajoute que même le nom donné au submersible tombe à plat, si ce n’est toujours le même pauvre bruit de tuyauterie qui l’accompagne. Seulement on a le sentiment d’être embarqué sur une embarcation bancale qui prend l’eau (là je parle du film). A la fin, on a le sentiment que la baïonnette a été plantée dans l’eau. Dommage, l’idée était pleine de potentiel et donc très prometteuse. Au final, c’est un beau gâchis. Un naufrage complet, au point qu’il faudrait presque le démanteler, un peu comme les navires arrivés en fin de vie.