C'est certainement le film le plus drôle que j'ai vu depuis longtemps. C'est une exquise comédie noire de mœurs sur les rapports conflictuels entre les voisins, signée par le réalisateur islandais Hafsteinn Gunnar Sigurdsson. Et il est fort dommage que ce film hilarant et loufoque n'est pas la place qu'il mérite car on est dans du grand cinéma. Quand on voit (qu'on essaye de voir plutôt) toutes ces prétendues comédies qui ne sont pas drôles qui pullulent sur nos écrans et à la télévision, Under the tree, est vraiment un excellent film qui va de la farce, et nous mène presque imperceptiblement à la tragédie. Hafsteinn Gunnar Sigurdsson transcrit progressivement les tensions entre les voisins. Le film est universel. Il pourrait se passer dans une ville moyenne en France ou aux États-Unis, car les gens ont les mêmes comportements. S'inspire-t-il du film américain "Nos pires Voisins" ? Certes il y a une similitude au départ. Mais les codes du film avec Seth Rogen, Rose Byrne et Zac Efron, restent dans la pure comédie, dans le clownesque. On dénonce mais avec une happy end. Rien n'est bien méchant. On est plus dans la caricature ridicule. Dans le film de Hafsteinn Gunnar Sigurdsson, les situations sont moins burlesques, mais elles apparaissent très fortes et véridiques. Dans "Nos pires voisins", on se dit qu'ils exagèrent, mais dans "Under the tree, les situations vont crescendo et nous dirigent vers le drame. La dérive des rapports humains n'est pas inaccoutumée. Cela ne semble pas si inimaginable, tant les rapports entre les gens sont de plus en plus compliqués. Rien n'est étonnant donc. Dans certaines scènes du film on reste dans la comédie pure, notamment dans la scène "bucolique" du pique-nique sur le parking d'IKEA où le père est tellement bien qu'il s'endort. Bon c'est sûr dans la vraie vie on fait ça dans un parc. Un autre point développé et qui a dû faire grincer les dents, et sur la relation conflictuelle d'un couple. Le film est plutôt critique sur la tyrannie et le chantage affectif sur l'enfant du couple par la femme d'Atli. Ce qui est très cocasse et si vrai, est que les personnages (instituteur, animateur social, policier) donnent tous le mauvais rôle au père alors que celui n'a rien fait de vraiment répréhensible, mais ils sont tous contre lui sans trop réfléchir. La société montre le père du doigt. Cette pique aux institutions n'est pas politiquement correcte et a certainement contribué à des mauvaises critiques du film, non justifiées. Aveugles jusqu'au bout ! Atli harcèle-t-il sa femme dangereusement ? Non, pourtant tous les autres protagonistes sans trop se poser de questions voient Atli comme le coupable. Là aussi on ne peut être qu'admiratif sur l'étude méthodique sans concession de Hafsteinn Gunnar Sigurdsson.
Pourtant le point de départ de la sex tape avec une ancienne copine, semble si anecdotique, et toutes les histoires démesurées qu'en fait l'épouse "bafouée", si véridiques et cruelles (on est bien dans de l'humour noir). Agnès utilise de ces images à des fins personnelles. Hafsteinn Gunnar Sigurdsson nous parle sans détour, de l'univers de la pornographie dans le couple. Certains ferment les yeux, d'autres comme Agnès s'en servent pour attaquer et détruire socialement son conjoint. C'est particulièrement bien vu. Quant à la guerre entre les voisins. On s'aperçoit en regardant les pelouses bien entretenues et les pavillons coquets, que rien ne laisse suggérer le drame à venir dans cet univers bien propret de la classe moyenne. Peut-être que la perte d'un fils d'une mère et l'attente d'un enfant pour un couple de quadragénaires, est-elle l'explication ? Les portraits de la mère et du père d'Atli sont savoureux. Les rapports cocasses et le conflit loufoque entre les voisins est bien décrit. La caricature est plaisante et drolatique. La parodie des rapports humains est irrésistible. Hafsteinn Gunnar Sigurdsson ose même les scènes avec le chien. Là aussi on ne peut être qu'admiratif devant ce maître de l'humour noir.