J'ai visionné plusieurs fois ce téléfilm avec intérêt car je connais très bien les lieux de tournage, mais je trouve que cette histoire manque vraiment de cohérence.
Bâtir un récit cinématographique en mêlant deux époques est possible, mais Charrier use et abuse de ce procédé : il y a au total 16 aller retour dans ce film !
Si on remet ces séquences dans un ordre chronologique, voici cette histoire :
A Toulon à la rentrée scolaire 1997, un adolescent Jonas tombe sous le charme d'un nouvel élève, beau et audacieux, Nathan. Leur attirance réciproque est remarquée par leurs camarades ce qui entraîne des insultes homophobes, mais Nathan se venge habilement du garçon qui les harcèle.
Jonas est reçu par la mère de Nathan dans sa villa avec piscine, elle est enceinte et attend un petit Leonard, le père, pris par son travail, est absent.
Elle les accompagne en voiture et les dépose près du cinéma, mais elle laisse ensuite un message à son fils pour lui dire qu'elle doit se rendre à la clinique car elle va accoucher et lui demande de rentrer en taxi.
Mais Nathan veut emmener Jonas dans la boîte gay de Toulon, le Boy's. Comme ils sont mineurs, l'entrée leur est évidemment refusée. Ils sont alors abordés par un homme qui leur propose de les emmener dans une autre boîte ( fictive) où ils pourraient entrer.
Jonas est méfiant, mais Nathan accepte. Toutefois il se rend compte que cet individu roule et sort de Toulon. Il lui demande de s'arrêter, mais celui-ci le frappe violemment. Jonas, terrorisé, réussit à ouvrir la portière et à s'échapper, mais Nathan, blessé, reste dans la voiture de son agresseur qui s'enfuit.
Dans un état de traumatisme intense, il est interrogé par la Police. On peut ensuite situer la scène d'incipit du film, où il est victime d'une hallucination dans la station essence de la rue David...
18 ans après, en 2015, Jonas se bat avec un garçon au Boy's, son compagnon qu'il trompe trop souvent lui dit qu'il ne veut plus le voir, il travaille comme brancardier dans un hôpital. Il espionne le frère cadet de Nathan, Léonard et prend une chambre dans l'hôtel de luxe où il travaille, il boit et parle avec lui, puis ils vont ensemble dans un bar et, comme Jonas avait trop bu, Léonard l'a ramené chez lui, donc dans la villa des parents de Nathan : même villa, même piscine...La mère reconnaît Jonas qui leur raconte ce qui s'est passé le soir de l'agression...
Ensuite Jonas dit à Léonard qu'il aimerait rester en contact avec lui et lui demande de l'emmener au parc d'attractions Magic World à Hyeres, ce qu'il aurait aimé faire avec Nathan. Fin du film...
On ne comprend pas, ou du moins personnellement je ne comprends pas pourquoi Nathan et son agresseur n'ont pas été retrouvés, alors que Jonas pouvait le décrire ainsi que la voiture.
Je ne comprends pas non plus pourquoi il attend 18 ans pour reparler à la famille de Nathan, alors qu'il était témoin de l'enlèvement de Nathan !
Et pourquoi dit-on que ce serait un film sur "la culpabilité " ? De quoi Jonas aurait-il été coupable ?
Traumatisé, oui, mais coupable ?
A force de mêler ces deux époques, Charrier nous empêche de nous intéresser à cette histoire : s'agit-il d'un film policier sur un enlèvement et une enquête pour retrouver le coupable ? Non.
S'agit-il d'un film sur l'amour entre deux adolescents comme le superbe "Été 85" ? Non plus, cela est à peine esquissé.
On voit trop souvent Jonas adulte et perturbé, sans vraiment comprendre.
La confusion n'est pas un signe de talent et un récit cinématographique se doit d'être construit.