Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Walter Mouse
511 abonnés
425 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 21 août 2017
Par pure curiosité et sans aprioris, j'ai eu envie de voir à quoi ressemblait le premier film d'animation de l'Histoire portant sur une relation homosexuelle, le court-métrage ayant fait sensation sur le Net. Le bilan est que la façon dont Esteban Bravo et Beth David traitent de ce coup de foudre est à la fois l'avantage et l'inconvénient de In a Heartbeat. L'avantage car les écoliers tombent amoureux de la même manière que deux personnes d'un sexe différent, nous rappelant souvent comment d'autres dessins animés ont raconté une rencontre identique entre un homme et une femme (Paperman est une bonne référence) mais aussi l'inconvénient puisqu'on a le sentiment d'avoir déjà vu ça avant. L'hésitation du héros à s'approcher de son bien-aimé qui crée des gags loufoques, le premier toucher qui dérange les personnages puis l'assumption de cet amour. Ça sent le réchauffé, la seule différence est le remplacement d'une fille par un garçon. Pas de quoi sauter au plafond mais quelques idées sympathiques (le coeur qui guide les actions même en-dehors du corps) et rien qui ne soit foncièrement mal pensé.
Au-delà du sujet traité puisque cela fait énormément débat vu le jeune âge des personnages, "In a Heartbeat" est un très joli court-métrage. Les personnages qui sont timides et maladroits sont attachants, l'histoire est bonne voire même originale avec ce cœur qui une fois à l'extérieur va permettre aux personnages d'extérioriser ce qu'ils avaient à l'intérieur, l'animation est soignée même s'il n'y a rien d'extraordinaire et la musique au piano qui accompagne les scènes colle bien à l'ambiance en plus d'être agréable à écouter.
Il n'y a pas d'âge pour commencer l'ouverture d'esprit, surtout si la forme du court-métrage est poétique, tendre, enfantine comme l'est celle de In a Heartbeat. On ne s'abaissera pas à (ne serait-ce que) songer aux arguments aberrants qu'a provoqué la sortie de ce court-métrage sur la tolérance (à les en croire, tous les enfants devraient en avoir pour dix ans de psychanalyse ou devenir homosexuels dès la fin du visionnage de ce court... Désolant ? Risible ? On hésite.). Concentrons-nous alors sur la "colombe plutôt que sur le crachat" : on se tournera alors vers l'inventivité, le graphisme soigné, l'humour simple et efficace, et bien sûr la tendresse de ce petit film d'animation de 4 minutes. L'association au personnage principal d'un petit cœur animé et excentrique permet de montrer facilement les émotions de ce premier, de créer des gags amusants (lorsque le cœur caresse les cheveux de l'élu...), mais aussi de placer l'intérêt du court ailleurs qu'en un unique discours engagé LGBT+. Certes, le grand atout est bien là, dans son engagement pour la visibilité des couples homosexuels dans l'animation tout public, mais In a Heartbeat ne s'en contente pas, il se permet de mélanger sa fantaisie "mignonne" à un pré-final touchant (soulignant le malêtre du jeune homme amoureux), un programme formel copieux qui compense alors le fonds qui (à part son engagement) manque parfois de tenue : le happy-end est un peu facile. Le design du bellâtre est assez réducteur (il est beau et musclé, quoi) mais celui du personnage principal fait carton-plein avec ses grandes mains, ses jambes et bras en allumettes, ses oreilles décollées et ses frisottis roux le rendent instantanément sympathique, attachant. Une bonne idée, qui change des courts romantiques vus et revus, d'abord par son couple homosexuel, mais aussi par l'originalité de son binôme principal "cœur trublion et maladroit attachant". On aimerait bien voir la version long-métrage (si Disney Pixar, ou autre, nous écoute...).
Une idée osée. Traiter dans un court-métrage d'animation au style très disneyen (que le public a pris l'habitude de voir comme quelque chose pour enfants) une histoire d'amour entre deux garçons, fallait le faire. In a Heartbeat a le mérite de faire quelque chose sans lui-même se laisser piéger par les préjugés. Ce qui ironiquement représente aussi un peu sa faiblesse ainsi que l'animation perfectible (tous les élèves se ressemblent ou c'est moi ?). Ce court-métrage serait passé inaperçu si il n'avait pas centré sa base sur un sujet sensible. Tout ce que Esteban Bravo et Beth David ont eu à faire c'est de raconter cette histoire d'amour comme n'importe quel autre court-métrage romantique mais en changeant le sexe d'un de ses protagonistes. C'est très révélateur sur certaines choses et sur la vision de l'homosexualité dans le monde. Sensible et mignon, In a Heartbeat enfonce une porte, son succès est très positif. A voir au moins une fois.
Je n'ai que seize ans, et pourtant... Qu'est-ce que ça fait du biiiiiien de regarder un court-métrage centré sur les problèmes engendrés par notre société (qui n'accepte pas l'homosexualité comme elle le devrait) : — le regard des autres — la peur de la réaction des autres (alors qu'on devrait s'en ficher littéralement de l'orientation sexuelle d'une personne ; ça ne nous regarde pas et ne changera en aucun cas nos vies !
Et aussi, on voit bien qu'importe qui nous sommes, notre cœur, lui, n'a aucun respect et fonce la tête la première ! Qui peut aller à l'encontre de ses propres sentiments ? Surtout des aussi puissants !
Pour en revenir à "Je n'ai que seize ans", c'est pour montrer un point : Je trouve qu'en seize ans, justement, presque rien n'a changé. Eh oh ! On est en 2018, ou bien ?! Je rappelle que même les gens vivant dans l'Antiquité étaient moins coincés du cul que nous ! (pour ceux qui ne le savaient pas, Google est votre ami
Conclusion de cette critique : un court-métrage de quatre minutes qui en permet d'en apprendre beaucoup pour ceux/celles un peu réticents/tes à l'idée que d'autres n'aient pas la même orientation sexuelle qu'eux/qu'elles — pourtant, la différence et l'individualité existent depuis la nuit des Temps, j'crois, non ? —, de belle qualité (que ce soit visuelle ou sonore — la musique est PARFAITE et l'image NICKEL), les personnages touchants (enfin, surtout Sherwin) et l'histoire très touchante.
De plus, les animations qui ne sont pas doublées — effectivement, les personnages ne parlent pas, ce qui n'est pas gênant, puisque nous sommes entrainés par la musique de ce fait —, mais qui permettent de transmettre autant de messages et d'émotions importants ont au moins le mérite d'être considérées comme "du pur génie".
Ouais, vu comme ça, je vous peins un véritable petit chef-d’œuvre. Eh bien, pour ma part, c'est le cas : c'en est un. Pour petits et grands, bien entendu.
Hâte de revoir une création de Beth David et d'Esteban Bravo de sitôt !