Morgan Spurlock, son nom ne nous disait rien au début des années 2000. Arrivé de nulle part, ce dernier avait déclenché un séisme (mondial !) avec son documentaire choc Super Size Me (2004), en révélant aux yeux du monde, à quel point les fast-foods étaient néfastes pour notre santé (aussi bien physique que mental).
15ans plus tard, il est de retour, avec les mêmes convictions, le même combat, la même hargne, celle de faire éclater au grand jour, les vices de l’industrie agroalimentaire.
Avec Super Size Me 2 : Holy Chicken ! (2019), Morgan Spurlock reprend les codes qu’il avait utilisé avec Super Ca$h me (2011), avec cette fois-ci, dans l’idée d’ouvrir un fast-food afin de tester la crédulité des consommateurs américains, de dévoiler à quel point l’industrie à la main mise sur les éleveurs (avec des paysans pris à la gorge financièrement) et de montrer par la même occasion, de quelle manière l'industrie de la restauration a radicalement changée au milieu des années 2000 (tout juste après la sortie de Super Size Me).
Et le réalisateur démarre fort, en nous montrant à quel point l’USDA (le département de l'Agriculture des États-Unis) n’a aucun pouvoir pour obliger les industriels à mettre en place des mesures ou des normes (environnementales ou liés au bien-être animal). L’USDA délivre des permis à qui en veut, sans le moindre contrôle, c’est effarant.
On découvre aussi le monopole des industriels de l’agroalimentaire (contrairement à l’Europe, où une "Autorité de la concurrence" empêcherait une telle mainmise et notamment, sur le poulet, puisqu’il est question de cela dans le film). Résultat, les éleveurs se retrouvent pieds et poings liés, submergés de dettes.
Bien évidemment, on n’échappe pas à ces images de poussins élevés en batterie, nourris porc (!) et qui grandissent bien plus vite que ce qu’avait prévue Dame Nature. Résultat, les poulets meurent de crises cardiaques ou ont des problèmes de croissances (prenant du poids bien trop vite, leurs os ne peuvent pas suivre, ils finissent donc par rompre ou se tordre).
Sans oublier le fameux "greenwashing", dont l’industrie de la restauration rapide s’est empressée de mettre en place à marche forcée, après la tornade qu’a représentée Super Size Me. Souvenez-vous, au milieu des années 2000, lorsque McDonald’s a subitement changé de code couleur, changeant son logo (en gardant ses arches jaunes) passant d’un logo à fond rouge, à… vert ! Ce n’était absolument pas anodin. Idem pour le relooking de ses restaurants, aussi bien extérieurs qu’intérieurs (et tous ses concurrents ont fait de même). Et cela, Spurlock le montre très bien, en allant dans chacun des fast-foods qui pullulent aux States (Chick-fil-A, Wendy's, Burger King, Subway, Chipotle, Carl’s Jr, …).
Le réalisateur ne nous épargne rien et nous montre les rouages d’un système qui abuse de la confiance des consommateurs, en se disant plus sain, plus vertueux, plus vert et respectueux de l’environnement (il n’y a qu’à voir les campagnes marketings de McDonald’s France de ces dernières années pour s’en convaincre).
En mettant au point son propre fast-food, il nous dévoile les coulisses peu reluisantes de l’industrie agroalimentaire fourbes & malhonnêtes et les combines de l’industrie de la restauration rapide pour mettre au point un "greenwashing" savamment et sournoisement redoutable et qui est entré dans les habitudes des consommateurs.
C’est effarant de ce dire que finalement, rien n’a changé 15ans après qu’ils les aient tous cloué au pilori.
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