Et si, finalement, le dernier QT n’était pas tout ce que l’on a écrit dessus : une relecture de l’histoire, une stigmatisation de la fin de la liberté et d’une époque de cinéma, le retour en enfance de l’auteur ? Pour moi, s’il est un peu tout cela, ce film résumera et symbolisera surtout les carrières de ses deux acteurs principaux : Léonardo DI CAPRIO et Brad PITT. Etonnant, non ? Pas tant que ça quand on y réfléchit bien.
Nous nous trouvons face à celui qui est peut-être le plus bel acteur de la planète cinéma. Certes, ses performances physiques sont moins impressionnantes que l’autre star-producteur du même âge, Tom CRUISE, mais le producteur qu’il est n’hésite pas à prendre des risques pour la postérité cinématographique. Ce que le brave Tom ne fait plus depuis longtemps car il œuvre avant tout pour sa propre postérité.
Avec Plan B, Brad a produit tous les films de Malick depuis Tree of life (personnellement, je n’aime pas, mais c’est un cinéaste qui compte), The big short et 12 years a slave (là, c’est déjà beaucoup plus intéressant et engagé) ou encore Moonlight, soutient Andew DOMINIK (excellent avec Cogan) ou James GRAY (là aussi, je dois avouer que j’ai du mal). S’il n’est l’auteur d’aucun des scénarios qu’il produit, ni ne réalise jamais de film, on peut considérer qu’il fait partie intégrante d’une certaine idée de cinéma, le producteur qui développe le projet avec l’auteur et le réalisateur, comme le fut en son temps un certain Robert REDFORD. Peu importe le succès de « ses » films, il laisse le temps au temps, certain de son fait et de ses choix.
En tant qu’acteur, chacun de ses rôles, ou presque, constitue une performance en soi et marque les mémoires. Depuis Entretien avec un vampire, Seven, L’armée des 12 singes et Fight club, il n’a que rarement à rougir des films dans lesquels il a joué. Quand bien même, les films s’avèrent moyens (Le mexicain, RDV raté avec Julia ROBERTS, Mr. Et Mrs Smith, rendez-vous pas si raté que ça (pour lui en tous cas) avec Angelina JOLIE, Cartel, rendez-vous raté avec Ridley SCOTT, Vue sur mer, aïe, divorce avec Angelina, War machine, rendez-vous raté avec Netflix), ses prestations personnelles sont irréprochables. Et il aura participé à quelques excellents films : L’étrange histoire de Benjamin Button, Inglorious basterds, Deadpool 2.
Qui peut en dire autant, que ce soit en termes d’exigence ou de talent ? Léo, évidemment ! Et d’ailleurs, ils sont les deux faces d’un même personnage dans OUATIH. Léo est l’acteur un peu ringard ayant connu la gloire très jeune, qui vieillit un peu mal en prenant du poids et peine quelque peu à trouver un second souffle à sa carrière, (le vrai ne voulant tourner qu’avec des génies). Brad, lui, est la doublure du premier, un second rôle, dont la beauté ne se flétrit pas (cf. la scène sur le toit… c’est tout ce que ma femme a retenu du film), qui s’accommode du succès comme des échecs, en privilégiant l’histoire et le rôle sur le film ou le cinéaste.
A l’instar d’un Tom CRUISE, on est en droit de se demander si Léo ne travaille pas plus pour lui-même que pour le cinéma (sauf quand il s’agit de faire un film avec Martin SCORCESE… mais c’est un génie). Alors que Brad privilégie l’aventure, le récit, qu’il soit simple producteur et/ou acteur, se mettant plus souvent au service du film, du réalisateur et, SURTOUT, des autres acteurs.
Alors, la vraie question du film du QT n’est pas de savoir si on a le droit de cramer Charles MANSON dans une piscine pour éviter le meurtre de Sharon TATE, mais bien si Brad PITT n’est pas un demi-dieu descendu humblement sur terre pour la gloire et la grandeur du cinéma. Ce genre de mec qui énerve tout le monde parce que non seulement il est beau et intelligent, mais qu’en plus il est bon dans ce qu’il fait. Alors que Léo, malgré un immense talent et de réels sacrifices pour certains films marquera peut-être moins l’histoire de son empreinte.