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    Human Flow
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Human Flow" et de son tournage !

    Les raisons de "Human Flow"

    Ai Weiwei a voulu parler du Human Flow sous différents angles. Le metteur en scène a tout d'abord cherché à évoquer son parcours personnel puisque peu de temps après sa naissance, son père a été condamné à l’exil pour anticommunisme. Il confie : "Du coup, ma famille a été envoyée dans une région très reculée. On a dû tout abandonner et, bien entendu, mon père a été violenté parce qu’il était considéré comme ennemi de l’État. Pendant toute ma jeunesse, j’ai été témoin des pires traitements, des pires discriminations et des pires exactions infligées à un être humain."

    Ensuite, lorsque Ai Weiwei est venu vivre en Europe, il a eu envie de connaître la situation des réfugiés dans toute sa réalité et s'est ainsi rendu à Lesbos pour découvrir l’île où les migrants arrivent. "C’était une expérience très intime que de voir débarquer des bateaux enfants, femmes et personnes âgées. Je voyais dans leur regard un vrai désarroi. Ils étaient terrorisés et ne savaient pas du tout à quoi s’attendre dans ce pays. C’est ce qui, plus encore, m’a poussé à en savoir davantage sur qui sont ces gens et pourquoi ils risquent leur vie en venant dans un pays dont ils ne connaissent pas les codes et où personne ne les comprend. J’avais énormément d’interrogations. C’est cette curiosité qui m’a incité à mettre en place une importante équipe de chercheurs pour étudier l’histoire des réfugiés et leur situation actuelle. En dehors de la guerre en Syrie, l’existence des migrants est née des guerres en Irak et en Afghanistan, du conflit israélo-palestinien, des différents conflits africains, de la persécution des groupes minoritaires au Myanmar et de la violence en Amérique centrale."

    Le réalisateur a cherché à se rendre sur tous les lieux dans le monde où arrivent des réfugiés, d’abord pour sa propre compréhension du phénomène, mais aussi pour enregistrer ses découvertes dans le film.

    Conditions de tournage

    Au départ, Ai Weiwei n’arrivait pas à imaginer qu'il allait travailler avec plus de 200 techniciens postés dans tant d’endroits différents. La plupart du temps, le cinéaste était à leurs côtés et parfois on lui interdisait de se rendre sur place. Il se souvient :

    "Les conditions de tournage étaient parfois très rudes et dangereuses mais c’était surtout sur un plan émotionnel que c’était très difficile à accepter. Chaque jour, on entendait toujours plus d’histoires. Mais ce qui m’a le plus impressionné, c’était la détermination des réfugiés. Ils ne se plaignent presque jamais, alors que personne ne se soucie de leur sort, que leur avenir est incertain, qu’ils n’ont aucune idée de ce qui les attend. À mes yeux, le traitement qu’on leur réserve est parfaitement inhumain. Dans les camps, il est possible d’avoir un sandwich mais pour cela il faut faire la queue pendant deux heures. La plupart du temps, il n’y a pas d’électricité si bien qu’on se retrouve très tôt dans l’obscurité la plus complète et le froid ; ou encore, sous la pluie, dans la boue, et sans égouts. La vie est très difficile mais les gens sont résolus à s’enfuir et ils gardent la conviction profonde que l’Occident peut leur apporter un moment de répit, ainsi qu’une éducation et un avenir meilleur pour leurs enfants."

    Comment tout a commencé

    La trajectoire tentaculaire empruntée par Human Flow a pris forme de manière spontanée, sans aucune feuille de route. En 2015, la ville de Lesbos en Grèce devient le principal point d’entrée des réfugiés en route vers l’Europe. Ai Weiwei s’y rend alors surtout pour découvrir par lui-même ce qui s’y passe, pour s’imprégner de l’atmosphère et pour aider ses frères. Sa première réaction est artistique : il monte un petit atelier d’artiste sur l’île, et entre autres projets, il commence à filmer avec une équipe modeste. Un film commence à voir le jour, une réaction sur le vif à ce qui se passe autour de lui. C’est le studio berlinois qui a pris en main le projet au départ, et a servi de QG pour centraliser le travail des différents départements. Diane Weyermann a eu un aperçu du dispositif en visitant le studio de près de 3000 m2 aux allures de caverne situé dans une ancienne brasserie de Berlin Est. La productrice Diane Weyermann explique :

    "Ai Weiwei dispose d’une équipe de chercheurs dévoués, solides et intelligents qui a bien préparé le terrain à Berlin au sein de cet espace extraordinaire aux allures de monastère qu’il y a créé, confie-t-elle. Je me souviens de mon arrivée à Berlin peu de temps après le début de la phase de production : le studio était équipé de toute une salle de commandes dont les murs étaient entièrement tapissés de photos, de cartes, de graphiques résumant à la fois l’histoire et la situation sur place dans chaque pays. Si l’envergure du film avait quelque chose d’intimidant, Ai Weiwei nous guidait très simplement grâce à sa passion. C’est un visionnaire autour de qui les gens aiment graviter ; tout le monde veut participer à ses projets."

    Rendre hommage aux réfugiés

    Le plus grand soin a été accordé à chaque instant à rendre hommage aux réfugiés, à laisser leurs points de vue prendre le dessus, même dans le plus grand silence. Le scénariste et producteur Chinchin Yap raconte : "Beaucoup d’entre eux étaient contents qu’on leur prête attention, mais certains étaient plus indifférents, bien conscients que l’attention des médias n’avait pas jusqu’ici contribué à améliorer leur situation. Il a été difficile d’aller dans certains camps que les autorités locales estimaient dangereux, mais on a fini par réussir à s’y rendre. Il fallait montrer aux gens les véritables conditions d’insécurité dans lesquelles vivent un grand nombre de réfugiés."

    Dérusher plus de mille heures d’images...

    Alors que le tournage battait son plein, la quantité astronomique d’images est devenue un problème de taille. Diane Weyermann et Heino Deckert ont alors suggéré à Ai Weiwei de s’entourer du monteur scandinave renommé Niels Pagh Andersen : "Il a beaucoup d’expérience mais sait aussi trouver un fil conducteur émotionnel à des histoires très complexes, explique Heino Deckert. Niels était prêt à tester beaucoup de choses afin de trouver le bon équilibre entre les différents éléments du film : les images documentaires, les interviews et le texte. Il a travaillé à la manière d’un sculpteur, qui taille progressivement dans la matière première jusqu’à aboutir à son essence." Il s’agira en effet au total de dérusher plus de mille heures d’images...

    Anderson s’est donc installé à Berlin dans le studio d’Ai Weiwei et s’est mis à travailler avec une équipe composée de deux monteurs aguerris et de quatre monteurs débutants : ensemble, ils se sont mis à parcourir les innombrables images qui leur parvenaient – des tâches quotidiennes dans un camp de réfugiés aux décombres irréels de Mossoul. "On travaillait avec différents types de contenus, explique Andersen. Il y a les images des camps et les interviews, et on se posait aussi la question de savoir si l’on devait voir Ai Weiwei à l’image, et à quel moment. C’est une histoire qu’on pourrait raconter en dix minutes, mais dans la vie des réfugiés, c’est une situation qui s’étend sur des mois et des années, si bien qu’on se demandait toujours comment faire en sorte que ce ne soit jamais répétitif."

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