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    Des bobines et des hommes
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Des bobines et des hommes" et de son tournage !

    2ème long métrage pour Charlotte Pouch

    Diplômée de journalisme, Charlotte Pouch a travaillé notamment comme rédactrice et reporter pour France Télévisions et Canal Plus. Elle a réalisé la série politique Première campagne avec des adolescents et Dans le dos de Michel Gondry, son premier documentaire, qui suit le réalisateur pendant le tournage de L’Écume des jours. Des Bobines et des hommes est son deuxième long métrage.

    Naissance du projet

    Des bobines et des hommes est né par la voie du cinéma de fiction. Olivier Loustau, à l’été 2014, réalisait son film, La Fille du patron, dont l’histoire se déroule dans une usine textile en difficulté, à Roanne, dans le département de la Loire. Charlotte Pouch raconte :

    "Brusquement, le réel a rattrapé cette fiction, puisqu’au moment du tournage, cette usine Bel Maille s’est trouvée confrontée à un redressement judiciaire. Deux histoires se rencontraient dans un miroir... Je suis donc arrivée en cours de tournage avec ma caméra dans l’urgence de raconter ce qui se passait. L’usine Bel Maille était donc devenue un décor de cinéma, où de vrais ouvriers, figurants pour la première fois, étaient aussi acteurs d’un conflit réel. J’étais la témoin de cela."

    S'intégrer dans l'usine

    Le patron de l’usine Bel Maille, Stéphane Ziegler, a donné préalablement une double autorisation : pour le film d’Olivier Loustau et pour celui de Charlotte Pouch. Cette dernière explique : "Le tournage de fiction m’a permis de m’intégrer dans cette usine sans obstacle. J’ai eu l’entière liberté de tourner, dans l’usine, avec les ouvriers, avec le patron, lors des réunions entre les deux, aussi longtemps que je le voulais. J’y suis restée six mois, le temps d’un été et d’un automne. J’ai accompagné au fil des jours les salariés de Bel Maille du redressement judiciaire à la liquidation de leur usine. J’ai filmé et enregistré le son seule, avec un dispositif extrêmement léger, propice à recueillir les scènes du quotidien."

    Immersion

    Au moment de sa conception, Des bobines et des hommes nourrissait le combat des ouvriers de Bel Maille et la caméra faisait partie de leur quotodien. Pendant six mois, Charlotte Pouch a fait partie de leur vie comme eux sont entrés dans la sienne. La réalisatrice se souvient :

    "Je les regardais travailler, je les écoutais, et après un certain temps, dans le feu de l’action ou au contraire dans la latence de l’attente, la caméra est devenue pour eux une complice, un œil et une oreille de confiance. Je me suis inscrite dans un rapport, notamment au temps, qui leur permettait de s’exprimer face à ma caméra, à la différence d’un travail journalistique très contraint par le temps."

    Pas un film militant

    Le patron de Bel Maille, Stéphane Ziegler, est quelqu'un d'ambigu : "Il était ouvert, il a rendu tout possible en accueillant les deux tournages, il m’a laissé une entière liberté de filmer dans l’usine, ce qui est rare. Il a répondu à toutes mes questions avec disponibilité. Mais on découvre au fur et à mesure du film que la « mauvaise gestion » et l’« incompétence », c’est lui...", note Charlotte Pouch, qui admet ne pas avoir voulu faire un film militant dénonçant au vitriol des pratiques patronales. La cinéaste a davantage cherché à montrer que tout évolue et qu'il existe une progression dramatique. "J’ai tenté de comprendre son rôle ses ambitions jusqu’au moment où « il quitte le navire », sidérant tous les employés sur son passage", confie-t-elle.

    Pas n'importe quelle usine

    Bel Maille n’est pas n’importe quelle usine : l’entreprise était leader européen de la création et de la fabrication de tissus en maille pour l’habillement, la lingerie, le maillot de bain et les tissus techniques. Nadine Rog, la secrétaire de l’usine, avait dit à Charlotte Pouch : "On l’appelle la perle de l’Europe, Bel Maille". La réalisatrice explique :

    "Elle fabriquait des tissus innovants, techniques, du moyen et haut de gamme. Les Bel Maille tricotaient pour la lingerie-corsetterie, le maillot de bain, l’enfant, la protection des personnes. Et les ouvriers en étaient fiers : pour eux, l’usine étaient presque une seconde maison. José Antunes, l’un des doyens de l’usine me répétait : « On n’est pas 60 salariés Bel Maille, mais 60 familles. » Certains en ont même construit les murs, les ont peints, d’autres en ont fait toute l’électricité. Avec leur machine, ils formaient de véritables duos de travail. La plupart étaient entrés à l’usine adolescents. Avec ma caméra, je suis devenue pour eux comme une collègue de travail, et j’ai filmé l’usine comme une maison commune."

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