Le Monde selon Garp est clairement un film qui divisera son public, compte tenu de son sujet, de son approche, et c’est un film qui appartient quand même clairement à la partie « déprimante » de la filmographie de Robin Williams !
Le casting est tout de même plutôt attrayant, et on peut presque dire qu’il a révélé Robin Williams après le faiblard Popeye, et Glenn Close, qui était alors en début de carrière. Si Glenn Close est très convaincante dans son rôle, Robin Williams reste un peu tiédasse, notamment face aux malheurs de la vie et qui le frappe. Pas super expressif, autant il est à l’aise dès qu’il s’agit de s’amuser ou de faire rire (la scène des chevaliers), autant dès qu’il faut jouer la tristesse ici il se contente de prendre des airs renfrognés. Autour de ce duo on retiendra un excellent John Lithgow, tout en finesse et en drôlerie, et une délicate Mary Beth Hurt dont je n’ai malheureusement pas vraiment saisis tous les méandres du personnage (il a un côté versatile et tortueux peu définissable !).
De bons acteurs au service de ce qui est l’épopée d’une vie en fait, puisqu’on suit les aventures de Garp de sa naissance à sa mort. Plutôt orienté comédie au début, le film est néanmoins traversé de drames divers et nombreux et la dernière partie se veut beaucoup plus tragique. Le mélange des tonalités fonctionnent plutôt bien jusqu’à cette dernière partie fort décevante je dois le dire ! C’est un peu comme si le réalisateur lui-même se retrouver embêté ! Il faut boucher les trous pour imaginer ce qui s’est passé, et je suis désolé mais je n’ai pas cru une seule seconde à cette reconstruction à cause d’ellipses monumentales dans cette partie ! On dirait presque qu’on a voulu expédier les 30 dernières minutes alors qu’il y avait pas mal de scènes dispensables dans la première partie du film, beaucoup moins riche en rebondissements ! C’est très dommage car du coup j’ai peiné à ressentir des émotions, alors même que ça aurait dû être l’argument majeur du film. En fait c’est du drame dévitalisé comme si le film n’avait pas assumé sa dureté ! En revanche il matraque son discours féministe, parfois avec lourdeur, arrière-plan qui semble avoir beaucoup intéressé le scénariste, mais qui se fait au détriment de la profondeur des personnages et de leurs échanges, à l’exception de celui de Close.
Formellement le cinéma de Roy Hill c’est ce qu’on peut appeler du cinéma carré. Pas très imaginatif, c’est néanmoins toujours du travail propre, bien emballé, avec une mise en scène peu critiquable. Le film dégage une belle ambiance, avec une photographie colorée et poétique, des décors bien vus, le tout emmené par une jolie bande son, délicate. Le Monde selon Garp présente bien, même s’il manque une petite étincelle de génie, ce petit plus qui vient surligner les émotions justement, et qui aurait pu parfois rattraper le manque de vigueur du film.
En conclusion je dirai que ce métrage ne m’a pas déplu, mais j’attendais beaucoup plus d’un film de 2 heures 15. Plus d’émotion, de vie, de profondeur, de subtilité aussi, et si je salue l’originalité de certaines idées, l’approche parfois culottée du féminisme, mon opinion reste mitigée, ayant découvert un spectacle un peu vain et superficiel, pas vraiment aidé par un Williams en-dedans. 3.