Autant 'Wonder woman', par la grâce du film de 2017, avait été une des rares figures de l'écurie DC Comics à bénéficier d'un traitement brillant, autant sa suite se vautre lamentablement et, retombant dans les pires travers et l'absence d'orientation nette qui avaient déjà affligé d'autres tentatives DC de sinistre mémoire, condamne une fois de plus les tentatives de portage cinéma de la célèbre maison d'édition à ne même pas être une épine dans l’orteil de Marvel. Pas aussi déluré et bariolé que les franchises principales du concurrent, pas aussi sombre et nihiliste que les 'Batman' de Chris Nolan, 'Wonder woman' assumait pourtant avec brio une personnalité qui lui était propre, jouant à la fois sur le potentiel iconique de Diana Prince et sur des ambitions féministes assumées: la réalisatrice y croyait, le scénariste y croyait, l'actrice y croyait et le résultat, arc-bouté sur une approche totalement premier degré qui aurait pu virer au désastre, faisait preuve d'un équilibre inattendu, exempt de toute dérision post-moderne, des qualités qui ont tristement déserté le second volet. Le scénario ? Confus et embrouillé. Les effets spéciaux ? Mal exploités, aucune parmi les nombreuses scènes à gros budget du film ne restera en mémoire et on peut même estimer que certains effets numériques sont particulièrement disgracieux et indignes d'une production de cette ampleur. La romance ? De raisonnablement tragique, elle est devenue factice et vaguement gênante. Même ce qui partait d'une bonne intention, comme cet antagoniste mégalo qui semble résulter de la fusion de Donald Trump et de Gordon Gecko, finit par être exploité avec un je-m'en-foutisme navrant. C'est triste à dire mais 'Wonder woman 1984' laisse l'impression d'un de ces projets cent fois ré-écrits, cent fois remontés et finalement distribués en salle après qu'un stagiaire ait mélangé les rapports des projections-test...ce qu'il n'est évidemment pas, d'autant plus qu'on ne peut pas tout mettre sur le dos du chaos généré par la pandémie. Reste le '1984' du titre : si le fan-service pour vieux quarantenaires nostalgiques ne donne lieu qu'à une seule séquence d'exposition (et franchement, ce n'est pas plus mal, tant quelque chose comme 'Stranger things' et ses appels du pied insistants avait fini par devenir imbuvable), cette date n'essaye-t-elle pas de nous dire que nous devons voir absolument ce film avec les yeux de l'enfant naïf que nous étions alors, sans nous préoccuper des incohérences, des ruptures de ton mal gérés, des baisses de rythmes, des effets spéciaux qui piquent les yeux, et admettre que le vrai héroïsme, comme le vrai amour, se passe d'explications savantes ? Il s'agirait vraiment de l'ultime bouée de secours de cet échec cinglant mais franchement, je ne peux pas me résoudre à l'invoquer...