Il peut paraître odieux d'affirmer que l'épidémie de COVID-19 a eu quelques effets positifs, mais après avoir regardé "WW84", on peut le remercier d'avoir empêché la sortie en salles d'un tel nanar. Jusqu'à quand DC va continuer à se ridiculiser ainsi ? Devant des promesses de grand spectacle, avec de bonnes têtes d'affiche en guise de super-héros emblématiques, et des effets spéciaux suffisamment réalistes à l'appui, nous nous efforçons d'y croire, se disant naïvement que cette fois sera la bonne après de multiples déceptions. Quelle désillusion quand on se rend compte qu'il n'y a toujours aucun pas vers avant. Pire c'est en régression constante ! "WW84" doit être en effet le film de super-héros le plus débile qu'il m'ait été donné la (mal)chance de voir, et je pèse mes mots, car je ne dis pas mauvais, qui n'en est qu'une corollaire, je dis précise bien : débile. Pendant 1h à rester dubitatif devant une introduction longue et lente, attendant que ça se déclenche enfin, on nous sert un enchaînement hallucinant de scènes insupportables tellement ça foisonne de bêtise. C'est là où l'on comprend avec consternation qu'on a affaire à une nouvelle daube des DCs. Difficile en effet de supporter ce
moment où Steve, rappelons-le pilote d'avions des années 20 réincarné, va pouvoir en un coup d'œil rapide prendre ses repères dans le cockpit moderne et informatisé d'un avion furtif des années 80, avant de décoller sans encombres puis le maîtriser à la perfection du premier coup ! Donnons une moto GT de dernier cri à quelqu'un qui n'a conduit que des cyclomoteurs et laissons-le accélérer dans un circuit de course pour voir. Diana va dans la foulée rendre l'énorme engin, tout un avion, invisible sachant que sa meilleure performance en une cinquantaine d'années, c'était péniblement sur une tasse vide ! Soyons indulgents, on laisse passer l'arnaque, car juste après c'est la grosse claque : l'avion disparaît des radars ! Là, je n'ai pas pu m'empêcher d'esclaffer de rire. Donc puisqu'il est invisible il est aussi indétectable au radar ? Parmi toute l'équipe de réalisation, personne n'a tilté ? C'est dire le niveau de QI de tous ceux qui nous pondent cet affreux film ! Alors que l'avion de chasse ne l'a pas impressionné une seconde, notre cher Steve va cette fois rester bouche grande ouverte, à en baver presque, totalement émerveillé les yeux grands ouverts devant une invention tout droit sortie de la science-fiction : des feux d'artifices ! Louis XIV se retourne dans sa tombe. Cancres en physique, cancres en histoire, et après ça veut réaliser des films, ben dis-donc… Quoi de mieux pour conclure ce grotesque temps fort, que de se livrer à une petite balade en avion de chasse au beau milieu de dizaines de feux d'artifices qui fusent autour et explosent, avec des plans sur un Steve dont la bouche béante et le regard perdu lui donne vraiment une apparence de trisomique heureux ? La réponse existe, oui, tout à fait ! Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Dès la scène qui suit, avec son dialogue surréaliste où Diana, intriguée, l'interroge sur ce don extraordinaire et complètement incompréhensible qu'il a de pouvoir voler, ce à quoi le pilote va répliquer en expliquant d'un air très sérieux que c'est grâce au vent et à l'air. Wow ! Quelle révélation ! Il ne fallait pas dévoiler l'astuce, des secrets aussi impensables faut les préserver, voyons ! 3 minutes avec un concentré de sottises, que je reprends exprès pour démontrer le
type d'aberrations qui vont revenir très souvent, à partir desquelles le film part en vrille totale. On aura droit par exemple à un genre très particulier de scènes d'actions où c'est le héros lui-même qui, en tenant de sauver des innocents d'un danger potentiel, va les exposer à des dangers encore plus graves. Johnny English sort de ce corps ! Sérieusement, avez-vous déjà
vu des enfants continuer à jouer au ballon au milieu du désert sans se rendre compte qu'arrivent plusieurs camions militaires au loin pour se mettre de côté? Comment ces scénaristes ont-ils fait pour avoir
imaginé de manière tangible des militaires lourdement armés tirer longtemps à bout portant, c'est à dire à environ 3 mètres de distance max, partout autour de leur cible sans jamais réussir à l'atteindre ? Pendant que de l'autre côté un ennemi sans aucun superpouvoir est lui en train de malmener, à coups de pieds, un blindé en mouvement ? Voilà à peu près à quoi ressemblent les scènes d'action tout le long du film. Sinon au menu, nous avons également un ensemble de clichés servis en amuse-gueule: les soviétiques qui encouragent le mal, les américains rangés du côté du bien, les égyptiens qui vivent dans le désert, les arabes sont évidemment des terroristes, tous les étrangers du monde attentivement à l'écoute d'un discours en anglais...ah non pardon...ce n'est pas tout à fait un cliché ça, juste encore une nouvelle idiotie digne de ce nom. Qu'y-a-t-il d'autre de ridicule ? L'humour ? Oui, mais ça on a l'habitude maintenant avec les DCs. La musique qui en rajoute des tonnes ? Effectivement, c'était marrant les retentissements à suspense pour des faits banals, genre WonderWoman marche vers un bureau vide, mais attention n'importe quel salarié aurait pu la repérer, donc musique au tempo accéléré pour cette mission à haut risque. Le scénario enfantin ? Même pas envie d'en parler. Les personnages schizophrènes ? Ah, là je ne peux pas me taire sur ça. D'abord le vilain, le fameux Max Lord. D'un commercial au bord du gouffre qui tente tout pour échapper à la ruine, il devient un perfide manipulateur avide de pouvoir. Une transition dont on a du mal à cerner les motivations. Qu'est ce qui le pousse à faire tout ce qu'il entreprends ? À quoi il joue déjà, c'est quoi son plan ? Quels sont ses objectifs, quel est son but final ? Rien, on n'en saura jamais rien. Il va juste sombrer dans la déraison sans aucune explication, semer la zizanie en nous ressortant inlassablement la même phrase encore et toujours
, "vas-y fais-moi un vœu !",
, à en donner le mal au crâne. Tout n'est que lourdeur, à force de se répéter, à force aussi de s'éloigner autant du véritable personnage de l'univers DC. On peut se poser les mêmes questions sur Cheetah. Son émérgence n'a aucun sens
. Barbara souhaite être jolie, elle commence à bien s'habiller grâce à la pierre, quel miracle ! Elle était introvertie et timide, peut-être passait-elle souvent inaperçue mais elle n'avait pas du tout l'air de mal le vivre. Même quand le clochard va l'attaquer, elle ne semblait pas bousculée par la mésaventure, ni jalouse du fait que Diana la sauve. Au moins Electro dans Spiderman par exemple était tourmenté de se voir aussi négligé, mais ici c'est complètement incohérent
du fait qu'à aucun moment il n'y a eu d'évènements à même de justifier sa rébellion. Aucune souffrance, aucun traumatisme, aucun côté sombre ne préméditait une telle transformation. Cheetah va à un moment nous en exprimer les motifs oralement, mais ces paroles sonnent faux du moment qu'elles se réfèrent à un sentiment dont on n'avait jamais vu la manifestation. Arrêtons nous là, les défaillances sont innombrables mais il n'en faut pas plus pour justifier la déchéance de "WW84". Une petite bouffée d'oxygène vers la fin nous libérera brièvement de cet étouffant tableau, avec un discours édifiant de Wonder Woman sorti de nulle part, pour tout le reste on pourra toujours se consoler d'avoir été une nouvelle charmé par la beauté de Gal Gadot. Faisant partie de la génération 80, je suis bien trop vieux pour ce film pour enfants. Pour ce qui est de l'univers DC j'avais toujours souhaité une fois au moins assister à un spectacle à la hauteur, désormais j'y renonce, je me rends à l'évidence que ça restera toujours aussi médiocre à moins d'un coup de fouet inespéré.