A l'attention de ceux qui souhaiteraient voir le film, cette critique contient des spoilers
Si Pierre Niney fait partie de ces acteurs que certains trouvent �surestimés� je fais quant à moi partie de ceux qui lui trouvent plutôt du talent.
Cela étant dit, ce n’est pas pour autant que j’applaudis à tous les films dans lesquels il a un rôle, principal ou pas.
"Sauver ou Périr" fait partie de ceux où il est en tête du générique mais qui ne m’ont pas séduite pour autant.
J’ai eu le tort de voir le reportage sur Erick Vauthier (Franck Pasquier/Pierre Niney dans le film) avant de voir l’adaptation cinématographique de son histoire (du moins à 80 % de son histoire) et ça a pénalisé je crois beaucoup l’ensemble.
Pierre Niney interprète de façon assez convaincante son personnage meurtri, il remplit, comme l’on dit, son contrat.
Je ne vais pas écrire, comme certains, qu’en �crevette semi-bodybuildée� il n’est pas crédible, mais sans vouloir jouer les blasés (ou passer pour ceux qui auraient un coeur de pierre) le film n’apporte quand même pas grand chose d’exaltant.
C’est uniquement sur le film que je m’exprime. Je critique la forme et non le fond.
Il est évident que nous ne pouvons qu’être admiratifs et cette �ode aux pompiers� (surtout pour la première partie du film) est aussi louable qu’amplement méritée.
Mais, pour en revenir au film en lui même, qui est quand même un �drame sentimental� (en plus d’être estampillé �histoire vraie�) je ne suis pas parvenue à le trouver �vibrant� et à m’attacher aux personnages (au pluriel).
J'ai trouvé la réalisation divisée distinctement en trois parties.
La première partie du film semble être bien plus un reportage qu’un film (un peu propagantiste sur les bords...) sur le quotidien des Pompiers, une sorte de long �clip� mettant en exergue leur bravoure, leur abnégation, leur énergie, leur "force d'âme", leur ardeur, leur héroïsme, etc. etc.
La deuxième partie du film semble être un documentaire au sein d’un service de grands brûlés.
La troisième, et dernière partie, se concentre sur le retour à la vie en dehors du milieu médical ou comment �survivre� malgré des cicatrices difficiles à oublier (au propre comme au figuré).
Franck est très centré sur lui même. Il est le spleen personnifié. Il n’a qu’un ressenti négatif, ses rêves se sont envolés et il n’a, surtout, plus d’espérance. D'ailleurs, quant son collègue-ami vient lui rendre visite , aucun sujet de discussion semble possible et il lui dit qu’il ne veut plus qu’il vienne.
Franck est persuadé qu’il ne viendra que l’affaire de quelques semaines, peut être de quelques mois, plus ou moins longs, et ne viendra surtout que pour s’acheter une conscience.�Je suis foutu maintenant , donc il faut que tu me laisses�.
Une scène nous montre Franck lorsqu'il défait ses bandages, voit pour la première fois son visage �sans masque� (il n’est pas devenu une gravure de mode, certes, mais il est quand même loin d’être défiguré... passons...) ses cicatrices lui sont visuellement insupportables et sa détresse, incontrôlable, �explose�.
Bref, nous avons droit à un personnage qui donne l'impression qu'il ne peut plus s'accrocher à rien car il ne pouvait pas lui arriver "pire" que ce à quoi il a droit. Il dit lui même "la vie m'a oublié".
Son épouse Cécile (interprétée par Anaïs Dmoustier que je n’avais vue dans aucun film jusqu’à présent), de son côté, n’a eu pour moi rien (ou pas grand chose) de bien attachant.
Ce qu’elle doit vivre n’a rien, certes, de paradisiaque. Elle n’était pas prête à affronter (et pas surtout à même de pouvoir gérer) ce que l’accident de son mari lui fait connaître, mais j’ai trouvé que ce couple ne personnifiait pas l’Amour avec un grand A (pour le meilleur et pour le pire).
Elle le dit d’ailleurs franchement �j’ai peur de ne plus être capable de l’aider�. �On a tout perdu avec cet accident�. �Nos rêves se sont envolés� (la maison qu’ils construiraient..). �Je ne suis plus sûre d’être amoureuse de lui comme avant.�.
J’ai trouvé ça honnête d’un côté, certes, mais, de l’autre, effroyable quelque part aussi.
Heureusement que Franck finira par s’accrocher afin que leur couple puisse renaître sinon il est vraisemblable qu'ils allaient droit vers un divorce.
Je précise, ceci explique certainement en grande partie ma déception, que j’avais vu il y a quelques temps le reportage sur Jason Schechterle, policier très gravement brûlé (et lui complètement défiguré), et j’avais été particulièrement touchée par l’amour inconditionnel que lui portait son épouse.
Ce film est loin d’être une �calamité� (sinon je n’aurais même pas pris la peine de le noter) mais il semble avoir été réalisé pour que tout y soit afin de nous apitoyer au maximum pour bien faire fonctionner surtout nos glandes lacrymales. Les miennes étaient peut être parties en vacances, je ne sais pas, mais ça n’a pas fonctionné, en tous les cas, autant que ce que le réalisateur je pense l'aurait souhaité.