Vous vous réjouissiez rien qu'à imaginer Olivier Gourmet incarnant le plus cabotin des avocats médiatiques, Eric Dupond-Moretti, (à qui d'ailleurs il ressemble un peu)? Déchantez.... Certes, lorsqu'il est à l'image, il est impérial -en particulier dans son magnifique plaidoyer final! mais ce n'est pas lui le personnage principal. Alors, est-ce Jacques Viguier lui même? Que nenni, mâchoires serrées, expression unique, Laurent Lucas ne prononce pas trois phrases dans le film. On aurait mis une photo de Laurent Lucas, mâchoires serrées, oeil noir, ça aurait fait la rue. Mieux! il aurait suffi de prendre un figurant ça aurait coûté moins cher.
Non, la vedette, c'est un personnage fictif, Nora (Marina Foïs), la folle de service, une sorte d'Erin Brockovich de super-marché discount (expression unique, mâchoires serrées, oeil de chien truffier sur la piste) qui s'est prise de passion pour la cause de Viguier. Elle néglige son fils de dix ans qu'elle élève seule (on comprend que face à cette furie, le géniteur ait calté....), abandonne son job de cuisinière (avant d'être renvoyée: elle ne vient plus prendre son poste, elle est aux assises!!), et Dupont-Moretti lui confie toutes ses archives audiovisuelles à écouter et décrypter. Ben voyons! Comme c'est plausible! L'idée de Dupont-Moretti prenant une folle sans diplôme pour ce qui va décider de l'issue d'un procès très médiatisé est grotesque.
Mais tout est grotesque dans ce film: voyez les témoins de l'accusation: à la première question de l'avocat, les voilà qui se décomposent, bavent, font beu-eu-euh; le pire étant Olivier Durandet (Philippe Uchan), l'amant de Suzie, la femme disparue de Viguier, celui qui avait orienté l'enquête vers le mari, à qui on a généreusement prêté une tête de patate germée. Si Suzie l'avait préféré à Laurent Lucas, alors non seulement elle était nymphomane, mais en plus, aveugle.
Mais où va le cinéma français pour qu'il en soit réduit à nous montrer ça? La Favorite, la Mule, Green Book, Asaki, et tant d'autres, le cinéma est une fête en ce moment. Et pas un film français...
Tout ce qu'on souhaite c'est qu'Antoine Raimbault, après ce tour de piste, aille vite passer un CAP de boucher/charcutier. La profession recrute.