Louis XIV meurt le 1er septembre 1715 à l’âge exceptionnel pour l’époque de 77 ans…De ses 6 enfants légitimes, tous sont morts, de fluxion de poitrine, de tuberculose, de constitution fragile…Louis de France le Grand Dauphin est le seul à avoir atteint l’âge adulte, mais il meurt en 1711. De ces trois enfants, l’ainé, Louis devient Dauphin mais meurt en 1712, Philippe deviendra roi d’Espagne sous le nom de Philippe V, Charles, Duc de Berry le troisième fils meurt en 1714…Le Dauphin laisse trois fils, dont seul le dernier survivra, et deviendra à la mort de Louis XIV, Louis XV…comme il n’a que cinq ans, et est lui-même de santé fragile, la régence est confiée à Philippe d’Orléans, fils de Philippe d’Orléans et de sa seconde épouse Elisabeth Charlotte de Bavière, dite la Palatine… la majorité pour devenir Roi étant de 13 ans, la régence s’achève en 1723…année qui voit aussi la mort du Régent… le règne de Louis XV commence donc à la suite d’une série de deuils, l’or des châteaux n’arrête pas les virus, les bacilles et les miasmes…et la consanguinité n’arrange rien…Deux années avant de mourir le Régent avait eu l’idée, afin de garantir une paix durable avec l’Espagne, de marier le futur Roi à l’infante d’Espagne Marie Victoire à peine âgée de 4 ans…et de proposer sa propre fille, Melle de Montpensier, Louise Elisabeth, âgée de 12 ans, à l’infant Louis, âgé de 13ans, troisième fils du roi Philippe V, mais issu de son second mariage avec l’ambitieuse Princesse de Parme Elisabeth Farnèse….C’est cet épisode historique que raconte Chantal Thomas dans son livre « L’Echange des princesses » qui sert de trame au film du même nom réalisé par Marc Dugain….L’entrée précipitée de ces jeunes princesses dans la cour des grands auront raison de leur insouciance…des enfances sacrifiées sur l’autel du réalisme politique, des corps d’enfants échangés pour leur fonction reproductive.…un jeune roi qui essaye de se couler dans la défroque de son arrière grand père, le Roi Soleil…et qui regarde d’un œil distrait sa jeune épouse, femme en miniature, qui est encore à l’âge de la poupée… un jeune infant paumé, écrasé par sa charge et un père maniaco-dépressif, bigot, épouvanté par son passé sanguinaire…qui attend que sa jeune épouse daigne se plier au devoir conjugal….une adolescente un peu trop moderne loin du portrait laissé par l’histoire de la vraie Louise Elisabeth plutôt boulimique et immature… Ce balai de personnages se déroule dans des hauts décors sombres et asphyxiants…somptueusement rendus par la photographie de Gilles Porte, réglé par des rituels implacables, sous l’œil de courtisans excentriques et serviles…La France alors première nation mondiale est dirigée par un jeune roi de treize ans, et un premier ministre , le duc de Condé, de 21 ans complètement dégénéré….Le film est porté par un quatuor de jeunes acteurs formidables Igor Van Dessel , en Louis XV séduisant et décidé…Anamaria Vartolomei , énergique et spontanée mais sans doute éloignée de la vraie Louise Elisabeth.. Kacey Mottet-Klein, en infant immature écrasé par son père…Juliane Lepoureau, adorable petite madame miniaturée…On citera aussi Catherine Mouchet en madame de Ventadour, seule trace d’humanité dans cet univers agonisant…humanité que partage la princesse palatine interprétée par Andréa Ferréol qui accueille avec beaucoup de gentillesse la jeune infante…Lambert Wilson en roi maniaco-dépressif en fait parfois un peu trop….Olivier Gourmet est parfait en régent machiavélique….on regrettera certaines invraisemblances….on voit mal des princesses de haut rang traverser le royaume dans un équipage aussi réduit…peut être un manque de moyens ou d’audace….C’est un beau film, une belle page d’histoire sur papier glacé, un peu lisse cependant et qui me donne envie de lire l’ouvrage de Chantal Thomas…après m’être penché sur la descendance du Roi Soleil, pour mieux comprendre les liens entre tous ces personnages…