Un homme (Mads Mikkelsen) tente de survivre seul dans la carlingue de l'avion qui s'est écrasé au nord du cercle arctique. Un hélicoptère venu le secourir connaît le même sort funeste. Son pilote perd la vie dans l'accident ; mais sa co-pilote, grièvement blessée, en réchappe. Pour la sauver d'une mort inéluctable, une seule option : gagner immédiatement une station saisonnière à plusieurs journées de marche au nord.
"Arctic" est un "survival movie" sans concession. Comme Robert Redford, qui luttait dans "All is Lost" (2013) sur un voilier menacé de naufrage, aucun flashback, aucun dialogue ne vient éclairer la psychologie du héros. Il est tout entier dans les gestes quotidiens qu'il répète : pêcher des ombles dans un trou d'eau, dessiner un SOS sur l'inlandsis dans l'espoir qu'un aéronef puisse le voir, émettre à intervalles réguliers sur le poste de radio... À la différence de Tom Hanks dans l'insupportable "Seul au monde" ("Cast away"), il n'y a pas d'avant, pas d'après.
Comme dans "La Montagne entre nous" (2017) avec Kate Winslet et Idris Elba, les survivants sont bientôt deux. Mais, ici, il n'est pas question d'histoire d'amour. La co-pilote thaïe qui tombe du ciel est inanimée, mourante. C'est un corps inerte qui pose au survivant un dilemme : la laisser mourir ou tenter de la sauver au péril de sa propre vie.
C'est bien sûr la seconde option qu'il choisit, entreprenant un périple épique à travers les montagnes qu'on imagine celles du nord du Groenland. Rien ne lui est épargné : les montagnes infranchissables, le froid polaire, les ours affamés... On ne dira rien de l'issue de sa longue marche qui, jusqu'au tout dernier plan, reste en suspens. Ce suspens est d'ailleurs assez efficace ; car les deux options (ils meurent / ils survivent) sont l'une comme l'autre concevables. Comme "All is Lost", "Arctic" est un film suffisamment confidentiel pour se payer le luxe d'une fin malheureuse.
La peau tannée, les muscles secs, Mads Mikkelsen est de tous les plans. Du Danemark, son pays natal, à Hollywood, l'acteur tisse une carrière étonnante, alternant blockbusters ("Casino royale", "Rogue One", "Hannibal") et les films d'auteur ("Royal Affair", "Le Guerrier silencieux", "Michael Kohlhaas"). Le film repose sur ses épaules. Ça tombe bien : elles sont sacrément robustes.