Julia C. Kaiser avait pour idée de départ de raconter un couple qui adore manger, et qui exprime son amour à travers cela : la nourriture comme métaphore de l’amour. La réalisatrice explique : "Et puis peu à peu, il s’est passé quelque chose qui m’a étonnée moi-même : l’histoire me montrait très précisément où elle voulait aller, et qui elle était. De plus en plus, il est devenu clair qu’elle était très exigeante. J’ai dû comprendre, pas à pas, où elle menait."
Hans et Anna sont en parfait contraste avec Kim et Nico, que ce soit au niveau du physique comme du caractère. Un choix voulu par Julia C. Kaiser qui souhaitait montrer deux personnes comme les Hannas, avec une solidité intérieure et une grande sérénité qui leur permettent d’offrir à d’autres de l’affection et un port d’attache. Elle poursuit :
"Ce genre de personnes me fascine. Pour mettre au jour la façon dont ils fonctionnent, le plus simple était de les mettre à l’épreuve. C’est là que les soeurs Kim et Nico entrent en scène. Car la qualité des Hannas, ce que j’admire tant chez eux, c’est leur très grande dignité, la force et la stabilité émotionnelle qu’ils dégagent. Mais en même temps, ils manquent de souplesse – au propre comme au figuré. Et voilà que débarquent dans leur vie deux personnes qui débordent d’instabilité et d’activité : Kim et Nico. Toutes deux sont impressionnantes de mobilité, d’activité et de souplesse, mais il leur manque pour ainsi dire un port d’attache intérieur, où elles puissent se poser."
Avec Les Hannas, Julia C. Kaiser a refait un film tragi-comique. Un genre qu'elle n'a pas choisi consciemment. Pour la cinéaste, qui explique toujours revenir à parler de la vie sur un ton comique, la comédie est ce qui se rapproche le plus de notre vie. Elle développe :
"C’est dans la nature humaine : les moments particulièrement tragiques sont précisément ceux où émergent les plus grands moments d’humour. C’est très lié au fait que nous sommes des êtres pleins d’espoir, que nous nous efforçons d’atteindre le meilleur, mais par des moyens et des chemins qui ont parfois exactement l’effet contraire. C’est cela, pour moi, le comique tragique : nous essayons d’améliorer notre monde, de le mettre en ordre, et ce faisant, nous provoquons un chaos incroyable."
Julia C. Kaiser aime travailler avec des personnes qu'elle connait bien. Ainsi, Les Hannas est sa troisième collaboration avec le directeur de la photographie Dominik Berg. Johannes Kunz, le sound designer, était quant à lui déjà là pour son premier film Das Floß!, tout comme Tobias Rüther, ingénieur du son pour les deux films. Dans Das Floß! et son court métrage Amoklove, la cinéaste avait aussi déjà travaillé avec les comédiens Anna König, Till Butterbach, Julia Becker, Christian Natter, Jakob Renger et Anne von Keller.
Julia C. Kaiser a tourné Les Hannas à Wedding à Berlin, un quartier encore très peu raconté qui éveille sa curiosité, parce qu’on peut y trouver des images nouvelles, des angles nouveaux, qui n’ont pas encore été vus au cinéma. La réalisatrice s'est ainsi demandée : "Où cette histoire pourrait-elle se passer ? Où ces deux mondes pourraient-ils exister et où peuvent-ils se rencontrer ? Les habitants de Wedding ont des revenus très divers, et des communautés très différentes y vivent tout près les unes des autres, dans l’échange. Un coin calme comme le petit quartier de Sprengelkiez y jouxte la place Nettelbeck, où nous avons construit le "Rest". Wedding est un endroit où les mondes si différents des Hannas et de Nico et Kim peuvent se croiser."