Tout le monde debout est le premier long-métrage mis en scène par l'humoriste Franck Dubosc : "J’ai toujours et jamais eu envie de réaliser. Je dis toujours parce que mes premiers pas dans l’univers du cinéma, je les ai faits derrière une caméra Super 8. J’avais 14 ans, j’écrivais des petits scénarios de mon âge que je tournais. J’ajoute jamais, parce que je me suis vite rendu compte que pour être réalisateur, il fallait devenir chef ce dont je n’avais pas envie. En devenant acteur, au fil des années, j’ai rencontré de plus en plus de gens qui me disaient : « tu écris tes spectacles, tu les mets en scène, tu scénarises certains films, alors réalise aussi. » J’ai systématiquement répondu qu’il s’agissait d’un métier à part entière et que je l’aborderais à la seule condition d’avoir un sujet qui le justifie. Aujourd’hui, après avoir franchi le pas, je ne me considère pas encore comme un réalisateur mais comme celui de Tout le monde debout. Il faut rester humble. Ceci-dit, rien de ce que j’avais fait auparavant ne m’avait autant excité, enthousiasmé, comblé", confie le cinéaste.
La motivation pour faire ce film a été double et doublement personnelle pour Franck Dubosc. "Un jour, à cause de l’âge et parce qu’elle ne pouvait plus beaucoup se déplacer, ma mère s’est retrouvée dans un fauteuil roulant. Le fauteuil, symbole du handicap, est devenu une solution parce que, enfin, elle allait pouvoir de nouveau bouger, sortir. Mais elle a objecté : « je ne pourrai pas aller au marché de Noël car il faut monter des marches ». Ça a fait tilt. Ce qui semblait une opportunité devenait donc un obstacle. Et j’ai pensé à tous ceux qui, handicapés, sont confrontés à cela. D’autre part, j’ai toujours eu envie de raconter une histoire d’amour qui soit fondée sur la différence non pas culturelle ou sociale mais physique. Il y a une question que je me suis souvent posée, qui m’interpelle : et si tu tombais amoureux de quelqu’un d’handicapé ? C’est une vision du futur un peu compliquée, certes. Est-ce que l’amour serait plus fort que la raison ? Je pense que oui et c’est pour cela que j’ai voulu faire ce film", révèle le metteur en scène.
Le titre, Tout le monde debout, est inspiré d’une bourde du chanteur François Feldman à la télévision durant le 10e téléthon : "Le titre de travail était « Lève-toi et marche » mais je ne le trouvais pas très gracieux. J’ai effectivement repris ce qu’avait dit François qui est un ami. Tout le monde s’est beaucoup moqué de cette bourde commise devant des gens qui ne pouvaient pas se lever mais je la trouve finalement très positive. Parce que debout c’est dans la tête. D’ailleurs mon personnage le dit en parlant de Florence qui est handicapée : « elle réfléchit plus vite, elle va plus vite, elle vit plus que nous. » Il veut dire : bien plus que moi", analyse Franck Dubosc.
Franck Dubosc a utilisé son expérience personnelle pour construire le personnage de Jocelyn. Il explique : "Son frère lui dit : « tu ne t’aimes pas, c’est pour ça que tu te caches. » Il ne voit pas les autres parce qu’il ne veut pas se regarder. Il est bourré de failles et on devine que ce qu’il dissimule est plus intéressant que ce qu’il nous montre. C’est sûrement la part autobiographique la plus importante du film. Je ne m’aime pas beaucoup même si avec le temps j’ai appris à m’apprécier. Je me suis souvent menti à moi-même. Je ne supportais pas de me regarder dans une glace. Pour séduire, je n’étais jamais moi. Être un autre était plus satisfaisant. Enfin, ce que je voulais, c’est que Jocelyn soit plus beau dans son mensonge que dans la réalité où il est, humainement, plutôt moche. Oui, il est définitivement plus beau dans un fauteuil roulant que dans sa Porsche rouge tape-à-l’oeil."
Alexandra Lamy revient sur son travail de préparation concernant le rôle de Florence, atteinte de handicap : "Dans un premier temps, je me suis habituée à rester en fauteuil chez moi où rien n’est fait pour cela, à tenter de me déplacer, à prendre des automatismes aussi. Puis je me suis entraînée dans le sud de la France avec un professeur de tennis. Deux heures par jour pendant un mois. Une ancienne championne qui vit dans la région m’avait gentiment prêté son fauteuil et donné quelques conseils. Ensuite j’ai poursuivi l’entraînement avec Emmanuelle Morch qui fait partie de l’équipe de France et qui a participé aux Jeux Olympiques de Rio. Cela a été, outre ce qu’elle m’a appris, une rencontre formidable. Je me suis beaucoup inspirée d’elle, de sa vitalité, de son sourire solaire. Et malgré les difficultés, j’ai pris énormément de plaisir à me préparer de cette façon."
À noter que la comédienne a également appris le violon pour le rôle : "J’ai réussi à assimiler à peu près ce qu’il fallait concernant la main droite, placer l’archet au bon endroit par exemple, bien le centrer. Pour la main gauche, c’est vite devenu impossible, irréalisable. Il m’aurait fallu trop de temps. J’ai donc été doublée", confesse Lamy.
Mettre en scène et jouer n'a pas été chose aisée pour Franck Dubosc : "Réalisateur-acteur, il ne faut avoir confiance pratiquement qu’en soi, être capable de se juger. C’est-à-dire regarder toutes les prises au combo, chose que je ne fais jamais quand je me contente de jouer, j’ai horreur de ça. Au début du tournage, j’ai eu tendance à me négliger par rapport aux autres acteurs, à ne pas m’autoriser d’autres prises pour ne pas perdre de temps. Pour moi qui suis un éternel insatisfait c’était vraiment compliqué et limite schizophrénique. Et puis je me suis détendu, j’étais tellement bien entouré", relate le réalisateur.
Franck Dubosc explique pourquoi il a choisi Alexandra Lamy pour camper le premier rôle féminin de son film : "Je cherchais une actrice d’une quarantaine d’années, belle, fraîche, lumineuse, pleine de vie, très bonne comédienne, qui nous fasse oublier le handicap, et puis qui appartienne à ma famille d’acteurs. J’ai pensé immédiatement à Alexandra, elle correspondait à tous les critères. Le réalisateur Eric Lavaine m’avait répété cent fois à quel point il est simple de travailler avec elle. Alexandra est une bosseuse incroyable qui ne se plaint jamais. Elle s’est entrainée au tennis en fauteuil, elle a travaillé le violon. J’admire son enthousiasme pour tout, comme si tout était un cadeau, et le goût qu’elle a pour la performance. C’est très agréable."
Franck Dubosc revient sur sa découverte de Caroline Anglade, l'actrice qui incarne Julie, la soeur d'Alexandra Lamy dans Tout le monde debout : "Je cherchais une jolie jeune femme pour justifier le mensonge de départ. Il fallait que ce soit crédible. Nous avons fait passer un casting pour ce rôle. Elle m’est apparue immédiatement comme correspondant parfaitement au personnage. Caroline a la fraîcheur, la beauté, la jeunesse mais aussi une forme de maturité qui me semblait essentielle."