7 Minuti : les secrets du tournage

Michele Placido est l’un des acteurs et réalisateurs italiens les plus reconnus de sa génération. En 1979, il reçoit l’Ours d’argent du meilleur acteur à la Berlinale pour Ernesto. En 2006, il apparaît dans Le Caïman de Nanni Moretti et sort en parallèle la fresque mafieuse Romanzo Criminale, en compétition pour l’Ours d’or à Berlin. En 2009, il présente en compétition à Venise Le rêve italien et signe par la suite le drame historique L’ange du mal, avec Kim Rossi Stuart et Filippo Timi ainsi que le thriller Le Guetteur, interprété par Daniel Auteuil et Mathieu Kassovitz.

7 Minuti s’inspire d’une histoire vraie qui s’est déroulée en France en 2012. À Yssingeaux, onze ouvrières de nationalités différentes se mettent à la table des négociations dans une usine de textile, rachetée par une multinationale. Ce sujet est d’une brûlante actualité, en France, en Italie, en Europe et même au-delà, surtout depuis le Brexit. Onze déléguées du personnel, prises en étau par la circulaire des nouveaux employeurs, se retrouvent à décider en un temps restreint du sort de trois cents de leurs collègues qui attendent leur verdict avec impatience hors des murs. Cette matière sociale nourrit le film et lui donne un rythme très soutenu.

"J’ai ainsi pu utiliser un certain sens du suspense au cours de l’écriture du scénario, en compagnie de Stefano Massini, l’auteur de la pièce de théâtre du même titre dont le film est tiré. In fine, le véritable protagoniste du film devient le temps lui-même. En quelques heures, pour 7 minutes de travail supplémentaires par jour, nos onze héroïnes doivent faire un choix existentiel, pour elles comme pour tous les autres ouvriers", déclare Michele Placido.

L'histoire de 7 Minuti prend tout son sens dans une société où le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand et où la discussion entre syndicats et patronat n’a plus cours. De ce chaos émergent l’individualisme, la colère, le ressentiment et le désespoir. "Lorsque j’écrivais ce film, je me suis remémoré le dispositif dramaturgique si particulier de Douze hommes en colère, écrit par Reginald Rose et réalisé par Sidney Lumet. Le doute d’un membre du jury y bousculait la certitude de tous les autres, prêts à condamner une personne sans doute innocente. Dans notre histoire, seul un individu cherche à éviter le piège tendu par la nouvelle direction et s’oppose aux autres, prêts à défendre obstinément sept minutes « insignifiantes » dans l’emploi du temps de chacun. L’engrenage devient implacable. Par ailleurs, ceux qui croient qu’il fut difficile pour un homme seul, comme moi, de travailler chaque jour en compagnie de onze actrices se trompent. Ce fut une expérience merveilleuse qui reste unique dans ma carrière", confie le metteur en scène Michele Placido.